Histoire du Japon
courage de ses défenseurs et des daimyô responsables de sa protection. Ce n’est qu’à la suite de cet incident que les défenses du port furent renforcées et améliorées.
Le Diana et le Phaeton ne furent pas, et de loin, les seuls navires étrangers (autres que chinois et hollandais) à se rendre dans un port japonais après les édits d’isolement. Un navire marchand américain, l’ Eliza, était arrivé à Nagasaki en 1797, et il y retourna une fois par an jusqu’en 1803, d’abord pour y amener des marchandises pour le compte des Hollandais, les Pays-Bas n’ayant pas alors de bateaux disponibles.
A l’époque, les États maritimes européens encourageaient les voyages d’exploration dans tous les océans. L’Amirauté britannique envoyait notamment des bateaux de guerre accomplir des missions pacifiques dans le cadre d’études cartographiques. Les expéditions de Broughton dans le Pacifique Nord étaient de cette nature, et dénuées de toute intention hostile ; mais les Japonais l’ignoraient, et ils s’inquiétèrent à tel point des rapports concernant ses visites en divers points de Sakhaline à partir de 1795 et durant une année ou plus, que le bakufu envoya des officiers pour le persuader de s’en aller.
D’autres infractions à la politique d’isolement furent faites par des navires anglais en 1817 et 1818 à Uraga, en 1824 à Otsugahama, dans le Hitachi, et, la même année, dans l’île de Takarajima, où un affrontement eut lieu entre les marins et les indigènes. Cet incident détermina la publication, en 1825, d’un nouvel édit, l’ordre d’expulsion dit « ninen naku » ou « sans discussion ». Jusque-là, on n’avait pas utilisé la force pour empêcher les bateaux étrangers de venir occasionnellement s’approvisionner en eau ou en combustible, mais les autorités locales reçurent alors l’ordre de détruire tout navire s’approchant trop des côtes, et d’arrêter ou de tuer ceux de leurs membres d’équipage qui venaient à terre. Ces soudains changements d’attitude trahissent le manque de décision du bakufu. En fait, ils sont la preuve de la déperdition de son esprit d’initiative. La politique qui fut la sienne ces années-là était dictée par la facilité. Il alla même jusqu’à abandonner le gouvernement direct d’Ezo et à en rendre la responsabilité au daimyô de Matsumae.
LES LOIS SOMPTUAIRES
A presque toutes les époques de l’histoire du Japon, on trouve des exemples de lois somptuaires destinées à promouvoir l’économie et échouant invariablement à produire les effets escomptés. Le gouvernement de Sadanobu promulgua quelques-unes parmi les plus ridicules lois du genre. Il n’est pas certain que Sadanobu en ait été le responsable direct, mais étant donné son sérieux et son peu d’imagination, il est fort probable qu’il les ait approuvées. Il était certainement porté à s’immiscer dans la vie quotidienne du peuple, et au moment où il se retira, il avait perdu tout ce qu’il avait pu avoir comme popularité.
Ses efforts pour réglementer et réduire les dépenses étaient continuels, et revêtaient la forme habituelle. Il interdit le recours aux barbiers et aux coiffeurs. Il ordonna l’arrestation de toutes les prostituées de la ville et les fit envoyer au Yoshiwara, grand quartier des bordels d’Edo. Il ordonna de séparer les hommes des femmes dans les bains publics de la ville, privant ainsi les citadins de leurs lieux de rencontre favoris. Il interdit les paris et le jeu, enlevant ainsi aux joueurs leur moyen d’existence, et les amenant (disait-on) à voler pour vivre.
Non contentes de porter atteinte aux plaisirs des gens, les autorités avaient recours à un système d’espionnage pour assurer l’obéissance aux règles. Les espions se mêlaient aux particuliers et les dénonçaient pour quelque remarque imprudente, ou se laissaient acheter et rendaient ainsi nécessaires de nouveaux espions pour les surveiller. En fait, il y avait des espions dans tous les secteurs d’Edo, et également à Osaka, et l’on employait comme indicateurs les domestiques mâles travaillant dans les bordels de la ville. Dans les bains publics, les espions, plongés dans l’eau chaude, attendaient pour le faire arrêter qu’un client émette une critique à l’égard du gouvernement.
La censure des livres était plus sévère qu’à l’époque de Yoshimune, comme en témoignent le cas de Hayashi Shihei, arrêté
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