Histoire du Japon
Khvostov et Davydov, qui, en 1807, attaquèrent les colonies de Sakhaline et d’Ezo, puis, chargés de butin, firent route sur Okhotsk. Ils laissèrent une lettre dans laquelle ils disaient qu’ils allaient revenir à l’attaque à moins que le Japon et la Russie n’arrivent à un accommodement. Ils n’étaient évidemment pas autorisés à faire une telle déclaration, le gouvernement de Saint-Pétersbourg ignorant tout de leurs agissements.
Leurs attaques étaient si flagrantes que le bakufu ne pouvait pas ne pas exercer de représailles. Il y avait diverses opinions quant à la politique à suivre, et, ignorant que les deux officiers avaient agi sans ordre officiel, les Japonais décidèrent de préparer une attaque contre la Russie. Ils envoyèrent des troupes dans divers endroits stratégiques d’Ezo, des renforts à Etorofu, et de quoi étayer les défenses des rives nord de l’île principale. Comme les deux officiers russes avaient annoncé qu’ils reviendraient à Sakhaline et à Etorujima chercher une réponse, on leur fit savoir que le Japon ne céderait pas à la menace et se battrait si les Russes persistaient à envoyer des navires attaquer ses territoires.
Hormis ces escarmouches verbales, la situation resta essentiellement la même jusqu’en été 1811, où un croiseur russe, le Diana, s’approcha du rivage d’Etorujima pour en déterminer la position. Le capitaine, Vasilii Golovnine, n’avait aucunement l’intention d’entrer en conflit avec les Japonais. Il envoya un enseigne à terre dans le but de s’informer, et lorsqu’il s’y rendit lui-même, il trouva celui-ci en conversation avec des soldats japonais. Pour innocente qu’elle fût, sa visite éveilla pourtant les soupçons des officiers japonais qui n’avaient pas tardé à apparaître, et avaient posé des questions à propos de Khvostov et de Davydov. Peu après, Golovnine alla s’ancrer au large de Kunajiri, près d’une forteresse pourvue d’une nombreuse garnison. Il se rendit à terre en compagnie de plusieurs officiers et ils se mirent à discuter avec des Japonais qui se trouvaient sur la plage. Mais toute politesse fut brusquement abandonnée, et l’on s’empara de Golovnine et de ses hommes pour les emmener dans une autre partie de l’île. On les traita de façon cruelle, et on finit par les emprisonner à Hakodate. Ils s’y trouvaient depuis deux ans quand le Diana fit son apparition et fut autorisé à les emmener. Ce changement d’attitude était la conséquence d’une déclaration des autorités russes selon laquelle Khvostov et Davydov avaient agi contre leurs ordres. Les Russes avaient alors proposé un échange de prisonniers.
Golovnine avait gagné l’estime et l’affection de ceux qui l’avaient fait prisonnier, et lorsqu’il partit, une fête fut organisée, à laquelle Russes et Japonais prirent part dans la plus parfaite harmonie. Les Japonais couvrirent de cadeaux leurs anciens prisonniers, et quand le moment vint de se quitter, certains d’entre eux étaient au bord des larmes. Un tel comportement était typique des relations entre Japonais et Russes, où la crainte s’alliait à l’attirance. La tentative de Golovnine fut le dernier effort sérieux pour établir de bons rapports avec les Japonais des Kuriles. Cet échange, avec ses querelles et ses embrassades dignes d’une histoire d’amour, joua un rôle important en révélant aux Japonais leur propre faiblesse et en ouvrant une brèche dans la politique d’isolement.
En 1808, un an après que le Diana eut quitté Kronstadt, une frégate anglaise arriva à Nagasaki en quête de butin hollandais, la Hollande, gouvernée par un roi français, étant alors ennemie de la Grande-Bretagne. Il s’agissait du H. M. S. Phaeton, qui avait déjà rendu de précieux services dans le cadre des guerres napoléoniennes. Voyant qu’il n’y avait pas de navires hollandais à prendre, son capitaine décida de repartir, mais exigea d’abord qu’on l’approvisionne, menaçant de bombarder le port en cas de refus. Le gouverneur de Nagasaki était prêt à résister, mais il s’avérait que les défenses étaient faibles et que, pour la plupart, les défenseurs étaient soit absents soit incompétents. Des vivres furent donc fournis. L’intrus mit alors les voiles par un vent favorable, et le gouverneur se suicida le soir même.
Cet épisode montre clairement, en même temps que l’insuffisance des défenses de Nagasaki, le peu de
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