Histoire du Japon
du Japon où la maison régnante s’est installée au ve siècle. Certains auteurs estiment que ces deux Yamato ne font qu’un, mais des recherches récentes semblent appuyer la thèse selon laquelle le Pays de la Reine se trouvait à l’ouest, et couvrait avec ses alliés l’essentiel de la moitié nord du Kyüshü (les futures provinces de Buzen, Bungo, Chikuzen, Chikugo, Hizen et Higo), une partie du Hyüga, et probablement aussi l’extrémité occidentale de l’île principale, face au détroit de Shimonoseki, qui correspondrait partiellement aux provinces de Suwo et de Nagato.
Une lecture attentive des textes Wei paraît indiquer que, vers le milieu du me siècle, bon nombre des tribus ou clans de Kyüshü avaient beaucoup avancé sur la voie de l’unification sous une conduite unique. On ignore quelles circonstances ont favorisé ce mouvement, mais il est très probable que les relations avec la Corée, qu’ils semblaient partager, leur aient servi de lien et conféré une certaine unité en les distinguant des autres tribus et en augmentant leur pouvoir de défense et d’attaque.
Après l’extinction de la dynastie Wei, en 265, le pouvoir chinois en Corée ne tarda pas à s’effondrer. Par la suite, les chroniques chinoises ne font plus mention du Japon pendant plus d’un siècle, mais nous savons que les dirigeants japonais continuèrent leurs relations avec la Corée, et, leur puissance s’affirmant, commencèrent à prendre part aux luttes qui mettaient aux prises les royaumes coréens. Il n’y a pas lieu d’entrer ici dans le détail de ces campagnes. Il suffit de savoir qu’en 369, des armées japonaises luttaient avec succès pour la domination de la Corée du Sud, et qu’elles avaient fondé à Mimana, près de l’actuelle Pusan, une petite colonie ou base militaire permanente.
Une telle aventure ne pouvait avoir été entreprise par des tribus à peine liées entre elles ; il est donc clair que le processus d’unification commencé par le Pays de la Reine s’était poursuivi à une grande échelle et avait abouti à un résultat durable une génération ou plus avant l’invasion de la Corée de 369. En réalité, il est très vraisemblable qu’il ait été hâté par la crainte du royaume de Koguryö, dans le nord de la Corée, qui, aussitôt après que le pouvoir chinois eut disparu de la péninsule, commença de menacer ses voisins du sud et suscita ainsi l’inquiétude du Japon. C’est à partir de sa base militaire de Mimana qu’en 391 une puissante armée japonaise marcha en direction du nord et s’avança jusqu’à Pyongyang dans une attaque contre le royaume de Koguryö.
Mais si, vers 350, l’unification du Japon, ou plus exactement d’une grande partie du Japon, sous l’autorité d’une dynastie reconnue était devenue une réalité, comment s’était-elle faite et qui en était l’instrument ? C’est là l’un des problèmes non résolus de l’histoire japonaise. Ce problème est lié à celui de la localisation du Yamato des chroniques Wei. Il fait l’objet de maintes discussions érudites dans lesquelles il n’est pas nécessaire d’entrer, mais dont il est bon de connaître les grands points litigieux.
Il ne fait pas de doute qu’en 400, une famille régnante exerçait depuis quelque temps du moins une souveraineté générale sur plusieurs clans puissants habitant alors le Japon central, non loin d’Osaka et de Nara, dans la province de Yamato. La question est de savoir quelle est l’origine de cette dynastie. Il paraît probable qu’elle venait du Kyüshü, et qu’elle devait sa position à la force supérieure et au prestige que s’étaient assurés ses fondateurs en adoptant certaines techniques chinoises et en entretenant des relations avec les fonctionnaires et les dirigeants de la Chine. Des liens de parenté, ou en tout cas d’étroits rapports, avec d’importants chefs de clan de la Corée méridionale peuvent également contribuer à expliquer leur influence. Que les souverains qui, du Japon central, gouvernaient le pays dit de Yamato fussent les descendants ou les successeurs des dirigeants du Pays de la Reine ne peut être prouvé ; mais il n’est pas déraisonnable d’imaginer que c’est effectivement la maison régnante matrilinéaire par laquelle, en 250 ou environ, les voyageurs Wei avaient été impressionnés qui développa plus tard son autorité au point de disposer d’importants effectifs militaires capables
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