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Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte

Titel: Histoire d'un paysan - 1794 à 1795 - Le Citoyen Bonaparte Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Erckmann-Chatrian
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trahison, ils
ont fatigué les plus courageux citoyens ; c’était la
conspiration permanente des fainéants avec les despotes étrangers,
pour remettre le peuple sous le joug et le faire travailler à leur
profit.

Chapitre 10
     
    Durant les mois de mars et d’avril 1797, Chauvel ne manqua pas
une seule assemblée primaire ou communale. Ces assemblées seules
n’agitaient pas le pays, mais encore les grands préparatifs de
Moreau pour repasser le Rhin, le remplacement de Beurnonville par
Hoche au commandement de l’armée de Sambre-et-Meuse, et la
proclamation de Bonaparte, affichée aux portes des clubs et des
mairies, au moment de se remettre en campagne.
    Bonaparte, général en chef de l’armée d’Italie, aux soldats
de l’armée d’Italie.
    « Au quartier général de Bassano, le 20 pluviôse an V (10
mars 1797).
    » La prise de Mantoue vient de finir une campagne qui vous
a donné des titres éternels à la reconnaissance de la patrie. Vous
avez remporté la victoire dans quatorze batailles rangées et
soixante-dix combats. Vous avez fait plus de cent mille
prisonniers, pris à l’ennemi cinq cents pièces de campagne, deux
mille de gros calibre, quatre équipages de pont. Les contributions
mises sur les pays que vous avez conquis ont nourri, entretenu,
soldé l’armée pendant toute la campagne ; vous avez en outre
envoyé trente millions au ministre des finances, pour le
soulagement du trésor public. Vous avez enrichi le Muséum de Paris
de plus de trois cents objets, chefs-d’œuvre de l’ancienne et
nouvelle Italie, et qu’il a fallu trente siècles pour produire.
    » Vous avez conquis à la république les plus belles
contrées de l’Europe ; les républiques Lombarde et Cispadane
vous doivent leur liberté ; les couleurs françaises flottent
pour la première fois sur les bords de l’Adriatique, en face et à
vingt-quatre heures environ de l’ancienne Macédoine ; les rois
de Sardaigne, de Naples, le pape, le duc de Parme, se sont détachés
de la coalition des ennemis, ils ont brigué notre amitié. Vous avez
chassé les Anglais de Livourne, de Gênes, de la Corse ; mais
vous n’avez pas encore tout achevé. Une grande destinée vous est
réservée ; c’est en vous que la patrie met ses plus chères
espérances ; vous continuerez à en être dignes. De tant
d’ennemis qui se coalisèrent pour étouffer la république à sa
naissance, l’empereur seul reste devant nous ; se dégradant
lui-même du rang de grande puissance, ce prince s’est mis à la
solde des marchands de Londres ; il n’a plus de politique, de
volonté que celle de ces insulaires perfides qui, étrangers aux
malheurs de la guerre, sourient avec plaisir aux maux du
continent. »
    Il continuait de la sorte et finissait par déclarer que cette
campagne détruirait la maison d’Autriche, qui perdait à chaque
guerre, depuis trois cents ans, une partie de sa puissance ;
qui mécontentait ses peuples en les dépouillant de leurs droits, et
se trouverait bientôt réduite à se mettre aux gages des
Anglais.
    Tout le monde voyait bien, d’après cela, que la guerre allait
encore une fois s’étendre depuis les Pays-Bas jusqu’en Italie, et
que plus on irait, plus il faudrait se battre. Notre position était
pourtant meilleure, puisqu’au lieu d’avoir l’ennemi chez nous,
comme en 92 et 93, nous allions l’attaquer chez lui par les
montagnes du Tyrol ; l’archiduc Charles, le meilleur général
autrichien, était déjà là-bas pour s’opposer à la marche de
Bonaparte. Les nouvelles recrues traversaient la ville par
détachements et comblaient le vide des divisions Delmas et
Bernadotte, envoyées à l’armée d’Italie.
    Ces grands mouvements de troupes entretenaient le commerce de
toute la frontière ; nous avions de la peine à servir cette
foule, toujours en route comme une rivière qui ne finit pas.
Chauvel, lui, ne s’inquiétait que des affaires publiques ; il
courait à toutes les réunions préparatoires ; les royalistes
le regardaient comme leur plus dangereux ennemi, ils le guettaient
sur tous les chemins. Marguerite vivait dans l’épouvante ;
elle ne m’en disait rien, mais je le voyais ; je l’entendais à
sa voix, lorsque sur les huit ou neuf heures du soir, son père
arrivait, et qu’elle criait au bruit de la sonnette :
    – C’est lui !… Le voilà !…
    Elle courait lui présenter l’enfant ; il l’embrassait, puis
il venait prendre un verre de vin,

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