Histoire Romaine
gentes Valeria et Fabia, il n’a aucun
rapport avec ceux qui précèdent.
[471] C’est chose fort difficile que de constater les
règles du cens primitif, à Rome. Dans les temps postérieurs, on le sait, le
cens minimum de la première classe était fixé à 100. 000 as (2. 900 thaler = 10.
875 fr.). Entre celle-ci, et les quatre autres classes, le rapport, au moins
approximatif, peut s’exprimer par les chiffres qui suivent : ¾, ½, ¼, 1 / 9 .
A entendre Polybe et les écrivains après lui, il ne s’agissait ici que de l’ as
léger (= 1 / 10 du denier) ; et l’on devrait s’en
tenir à cette estimation, alors même qu’en ce qui touche la loi Voconia ( * ), et son application, il faudrait regarder que les
100. 000 as à propos desquels elle statue, seraient des as lourds ( as
grave = ¼ du denier). – V. mon hist. du système monétaire des Rom . (p.
302.) – Mais on oublie qu’Appius Claudius, qui, en l’an 442 [-312], a le premier
exprimé le cens en argent et non plus en terres, n’a pas pu établir ses calculs
sur l’as réduit, lequel n’est entré en usage qu’en 485 [-269]. Donc de deux
choses l’une, ou c’est en as graves que furent fixés alors les taux censitaires,
sauf à leur faire subir la conversion proportionnelle en as légers, quand s’opéra
la refonte du système monétaire : ou bien les chiffres, une fois établis, ont
été maintenus plus tard et nonobstant cette réforme. Au dernier cas toutefois, il
convient de remarquer que l’allégement de l’as aurait eu pour conséquence d’abaisser
de plus de moitié les taux censitaires des classes. Contre l’une et l’autre
hypothèse, des objections graves s’élèvent, je le reconnais : je me sens
néanmoins porté davantage à accepter la première. La seconde, en effet, exprimerait
un bénéfice exorbitant conquis par la démocratie ; et je ne puis
facilement y croire dans ces conditions, à la fin du Ve siècle, et en tant que
mise à exécution d’une simple mesure administrative. Et puis, comment supposer
que le souvenir d’un fait aussi considérable se serait totalement perdu ? 100.
000 as légers, ou 40. 000 sesterces (2. 900 thaler ou 10. 875 fr.), d’ailleurs
semblent former à peu près l’équivalent du domaine normal de 20 Jugères ; en
sorte qu’il se peut faire, qu’ayant varié dans l’expression, les taux n’aient
point changé quant à la valeur exprimée.
( * ) Loi de l’an 169 [585
av. J.-C.], votée sur la motion du tribun Q. Voconius Saxa : elle
défendait à tout censitaire de 100. 000 as seulement. ( centum millia œris )
d’instituer une femme ( virginem seu mulierem ) son héritière, fut-elle
même la fille unique du testateur. – Elle défendait ainsi à tout censitaire les
legs excédant la quotité advenant à l’héritier. – Cette loi a été remplacée en
710 [-44], par la loi Falcidia, qui, attribuait à l’héritier la réserve du
quart. La Falcidia est connue de tous les jurisconsultes.
[472] Le fait de la fixation des taux censitaires des cinq
classes, à 100. 000 as, 75. 000 as, 50. 000 as, 25. 000 et 11. 000 as (= 2. 900,
2. 175, 1. 450, 725 et 300 thaler ou 10. 875 fr., 8. 155 fr. 45 c., 5. 477 fr. 50,
2. 720 fr. 75, et 1. 125 fr.), joint à cet autre fait que chaque classe avait
le même nombre de voix, nous aide à comprendre comment il se pouvait faire que
le chiffre total des censitaires d’une classe supérieure, de la première par
exemple, l’emportât sur celui des citoyens appelés à voter dans la classe
suivante. De là de graves inconvénients sans doute, mais il y était paré par
les censeurs, qui, investis d’un pouvoir arbitraire, étrange, selon nos idées
modernes, tranchaient et rognaient en matière de catégories de votants. Très
probablement, le cas échéant, ils n’hésitaient pas à faire passer dans la
classe inférieure les derniers censitaires de celle supérieure, jusqu’à
parfaite égalité numérique ; et c’est aussi pour cela sans doute, que le
cens de la première classe est porté tantôt à 100. 000, tantôt à 110. 000, et
même à 125. 000 as. Toutes ces mesures tendaient certainement à assurer l’égalité
de valeur aux votes de l’électorat, surtout dans les trois premières classes.
[473] [Nous traduisons par le mot Philistin , synonyme
en Allemagne du mot trivial, chez nous, de bourgeois, épicier, l’expression spiessbürgerlich ( gens portant la pique dans la garde bourgeoise ) dont se sert
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