Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
Vom Netzwerk:
soupçons, et je me demandai si le Führer ne préméditait pas tout simplement de détruire la puissance économique de certains milieux sociaux. Le refus catégorique qu’il opposait aux moindres essais de dévaluation officielle se trouvait en flagrante contradiction avec sa complaisance à tolérer et même à encourager l’inflation occulte. Hitler considérait-il la politique de dépenses à profusion et l’inflation occulte comme un excellent moyen de déplacer les fortunes et, par conséquent, de bouleverser la hiérarchie sociale ? Peut-être, ne saisissait-il pas très bien lui-même le mécanisme de ce processus, mais grâce à son instinct et à une sorte de ruse paysanne, il avait apparemment flairé une vérité.
    Hitler se méfie des gens qui veulent l’initier aux principes de l’économie politique. Il croit qu’on veut ainsi le duper pour le dominer, et il ne dissimule pas son mépris pour cette science. Il a l’intuition, sans pouvoir n'en donner aucune raison scientifique, qu’on complique des choses très simples en faisant intervenir l’économie politique. Il a la conviction que l’argent, le travail et le capital ne doivent avoir de commun que les rapports établis par l’expérience, et qu’on dispose ainsi après élimination des spéculateurs et des Juifs, d’une sorte de perpetuum mobile économique, de circuit fermé dont le mouvement ne s’arrête jamais. Le seul moteur dont ait besoin cette mécanique, c’est la confiance, la foi aveugle du public. Il suffit donc de créer et d’entretenir cette confiance en recourant soit à la suggestion, soit à la force, soit à l’une et à l’autre.
    « Pour l’amour de Dieu, n’allez pas lui proposer la dévaluation ou quelque système trop compliqué du contrôle de la main-d’œuvre ! » me conseilla certain directeur ministériel, comme j’allais entrer dans le bureau d’Hitler. Je trouvai le Führer impatient, l’air hostile. Il était renseigné sur l’objet de ma démarche. Déjà à cette époque, il n’aimait à entendre que des opinions corroborant les siennes.
    « Encore des affaires économiques ! Je vous ai pourtant envoyé Köhler à Dantzig. Ne lui avez-vous donc pas parlé ? » Köhler était un soi-disant économiste distingué.
    — « Je lui ai parlé, en effet », répondis-je, « mais nous ne nous sommes pas compris. »
    — « Comment cela ? »
    J’essayai d’expliquer à Hitler que ce soi-disant économiste, durant tout notre entretien, n’avait pas compris qu’à Dantzig il n’était pas dans une ville du Reich, mais dans une ville étrangère dont la monnaie était autonome. Je n’avais pas pu lui faire entendre que, pour nous, le reichsmark allemand n’était qu’une devise étrangère et que notre propre monnaie était liée par certaines règles de couverture. Je lui fis remarquer que nous avions déjà créé une Banque d’État spécialement chargée de financer le crédit, ce qui à proprement parler équivalait à une mesure d’inflation.
    Le visage d’Hitler s’assombrit. « Inflation ! qu’est-ce que cela veut dire, inflation ? Ne me parlez pas d’inflation. Il s’agit avant tout de conserver la confiance du peuple. Tout le reste n’est que non-sens. »
    Je tentai de lui expliquer comment s’établissait la balance des paiements de l’État de Dantzig, mais il m’interrompit brusquement : « Les détails ne m’intéressent pas. Ne créez donc pas de difficultés stupides à Forster. S’il veut construire, il y aura toujours suffisamment d’argent. Il faudra qu’il y en ait. Comprenez-vous ? »
    — « Forster sait ce qu’il fait, ajouta-t-il, d’une voix plus calme. C’est une nécessité pour nous de faire disparaître les chômeurs des rues. Plus vite nous y parviendrons, meilleur sera l’effet produit. Nous ne pouvons nous payer le luxe d’attendre longtemps. Tout repose sur les épaules de Forster. Le parti est obligé de faire quelque chose. Ne créez donc pas de difficultés à Forster et facilitez-lui la tâche. »
    Je protestai que je faisais déjà tout ce qui était en mon pouvoir, mais nous étions obligés de donner régulièrement les preuves que la couverture monétaire était intacte, d’autant plus qu’un siège au Conseil d’administration de notre banque était occupé par un Polonais.
    — « Quand devez-vous rendre vos comptes ? »
    Je lui indiquai la date.
    — « Et vous ne savez pas vous en

Weitere Kostenlose Bücher