Hitler m'a dit
aux Allemands de toutes classes et non seulement aux masses, prises chaque fois juste au moment psychologique qu’Hitler avait le don de reconnaître infailliblement, qu’il fallait expliquer la longue suite de ses succès en politique intérieure et extérieure. Mais, c’est un lait qu’au moment même où l’on incline à reconnaître au Führer une indiscutable supériorité de jugement, le flot de ses paroles plonge ses interlocuteurs dans le doute quant à son équilibre mental.
Combien de visiteurs l’avaient aborde dans les meilleures dispositions, prêts à ne voir de lui que les qualités positives et s’étaient vus bientôt contraints de renoncer à leur préjugé favorable, de se retirer, suivant les cas, indignés, abattus ou hochant la tête !
Hitler s’enivrait de ses propres déclamations ; oubliant l’heure et le lieu, s’abandonnant à la volupté de pérorer comme à une débauche physique.
— « Le temps des démocraties est passé. C’est un fait que rien ne pourra changer. Nous sommes entrâmes dans un mouvement irrésistible, que nous le voulions ou non. Qui ne saura pas se défendre, sera broyé. Qui s’isolera en mourra. Notre choix est de vaincre ou de disparaître. La démocratie n’est plus un système politique qui puisse convenir aux grands règlements de comptes des années à venir. La grande chance de l’Allemagne, c’est qu’elle ait su abandonner à temps ce régime suranné. Cette délivrance nous donne déjà à elle seule la supériorité sur les peuples occidentaux. Nous avons devant nous des adversaires qui détruisent leur avenir par les toxines de leurs corps pourris. Ce sera mon mérite historique de l’avoir compris. Le risque de ma politique n’est qu’apparent. Du seul fait que j’ai démasqué la fausse puissance de la démocratie, du libéralisme et du marxisme, je me suis assuré le succès. La logique implacable des faits nous donnera la victoire à l’extérieur comme à l’intérieur. Et j’atteindrai mon but sans combat, de la même façon que j’ai conquis légalement le pouvoir, tout simplement parce que mon succès était voulu par la logique même des événements et parce qu’il n’existait pas en Allemagne d’autre puissance capable de nous préserver du chaos.
» Tout ce qui s’oppose à nous est d’une misérable impuissance. Nos adversaires sont incapables d’agir parce qu’ils ont oublié toutes les lois spécifiques de l’action. Le secret du succès des nationaux-socialistes, c’est d’avoir discerné que la bourgeoisie et ses idées politiques étaient irrévocablement condamnées. La démocratie est un poison qui détruit n’importe quelle entité nationale. Plus un peuple est fort et sain, plus sûrement il y succombe. Avec le temps, les vieilles démocraties sont parvenues à s’immuniser dans une certaine mesure et peut-être pourront-elles végéter encore pendant quelques décades. Quant à l’Allemagne, dont le peuple est jeune et moralement intact, le poison agit sur elle de la manière la plus virulente. On peut aisément le comparer à la syphilis. Quand cette maladie fut, pour la première fois, importée d’Amérique en Europe, elle eut presque toujours des suites mortelles ; mais, quand de nombreuses générations l’eurent assimilée, elle perdit une grande partie de sa nocivité. Le corps s’immunise, la maladie n’est plus dangereuse. »
Hitler se lança dans un discours interminable sur l’histoire de la syphilis en Europe. Il semblait avoir oublié le sujet réel de notre conversation. Nous étions debout, près de la fenêtre de son cabinet de travail. Il discourait, et j’avais l’impression que ce lieu commun des toxines démocratiques » lui était particulièrement familier et avait longuement occupé ses pensées.
— « Le peuple allemand, poursuivit-il, avait dû être soustrait à la pestilence démocratique, qui le conduisait à sa perte. Aujourd’hui même en vérité nous ne savons pas encore où nous allons. Nous sommes pris dans une perturbation gigantesque, dont nous ne voyons que le début. Mais nous savons ce que nous voulons. Nous voulons la révolution universelle. Nous ne reculerons plus. J’ai rompu les ponts délibérément, en ce qui concerne la politique extérieure. Je veux forcer le peuple allemand, qui hésite encore devant son destin, à s’engager dans la voie de la grandeur. Ce n’est que par la révolution mondiale que j’atteindrai mon
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