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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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S’il avait agi autrement, il n’aurait pas seulement perdu sa situation : il aurait été promptement assassiné. Il me conseilla, en toute amitié, et très vivement, de me procurer des documents chargeant mes adversaires et entre autres, le Gauleiter Forster. Il ajouta que dès que j’aurais de telles preuves entre les mains, je pourrais considérer ma position comme assurée, mais que, sans cette documentation, j’étais condamné à rester éternellement un petit fonctionnaire subalterne. Des preuves écrites et des fonds à l’étranger, voilà la seule chose qui rendait les gens inattaquables. Il avait donc pris, lui aussi, ses précautions et il avait l’intention de faire partir à l’étranger sa femme, qui, de là, pourrait veiller sur ses intérêts. Les événements lui ont donné raison. Contre toute attente, il a réussi pendant de longues années à déjouer les convoitises et à se maintenir en place.

XVII
 
APOLOGIE DU CYNISME
    Ce qu’il y a de plus surprenant dans ce que j’appellerai l’exhibitionnisme hitlérien des premières années, c’est peut-être le cynisme avec lequel on s’entretenait de toutes les tares du régime dans les milieux nazis. J’en donnerai comme exemple des propos tenus à table par Hitler au début de l’été de 1933. La conversation s’engagea sur une remarque que fit Goebbels, à propos de la feuille humoristique du parti «  Die Brennessel  », « l’Ortie ». Goebbels avait montré quelques caricatures ridiculisant certain décret grotesque, édicté sous le gouvernement du Chancelier von Papen, et portant réglementation des costumes de bain pour préserver la pudeur publique. Goebbels fit quelques réflexions venimeuses sur la morale antédiluvienne des « réactionnaires », sur la pudibonderie prétendue teutonne, sur les campagnes ridicules contre les cheveux coupés des femmes et le maquillage. Il était temps de bousculer ces puritains qui confondaient le national-socialisme avec la prudhommerie et l’esprit combatif avec des mômeries de vieilles nonnes : « J’entends d’ici les éclats de rire de nos S.A. si on voulait leur expliquer qu’ils se sont battus pour que les jeunes filles allemandes ne portent plus que de longues tresses et n’aient plus le droit de fumer. »
    Hitler, qui jusqu’alors avait écouté d’un air renfrogné, s’échauffa brusquement : « Je hais cette pruderie et cette tartuferie. Qu’est-ce que cela a à voir avec notre combat ? Ce sont des conceptions périmées de réactionnaires comme Hugenberg, qui ne peuvent concevoir une rénovation nationale que sous le signe de la vertu et de l’austérité. Notre révolution n’a rien de commun avec les vertus bourgeoises. Notre triomphe est celui des éléments virils de notre nation. Il affiche l’explosion de sa force. Pourquoi pas de la force de ses reins ? Ce n’est pas moi qui vais gâter le plaisir de mes gens. Si je leur demande le maximum, il faut aussi que je leur donne la liberté de se distraire comme bon leur semble et sans se lier a la morale des cagots. Mes hommes ne sont pas des anges : il ne manquerait plus que ça ! Ce sont des lansquenets, qu’ils vivent donc comme des lansquenets. Je ne veux pas qu’on me les apprivoise. Je n’ai que faire de cafards et de Pères la Pudeur. Je ne me mêle pas de leur vie privée, de même que je ne tolère pas qu’on fourre son nez dans ma propre vie. Le parti n'a rien à faire avec les conférences de chanoines sur l’esprit moral du germanisme et la suprématie des forces spirituelles dans l’histoire de notre nation. Il s’agit bien de ces sottises ! Je voudrais voir cette vieille bête de Hugenberg se produire devant les S.A. et leur prêcher son moralisme. J’ai besoin d’hommes à poigne, et qui ne méditent pas sur les principes avant d’assommer quelqu’un. Et s’ils chapardent à l’occasion montres et Bijoux, je m’en fiche comme d’une crotte. »
    J’ai entendu plus tard, bien souvent, l’exposé de cette belle doctrine dans la bouche des plus modestes fonctionnaires du parti. L’enseignement d’Hitler a promptement produit son effet. Nous avons dû tolérer, à Dantzig, mille exactions des S.A. qui n’étaient d’ailleurs que péchés véniels à côté de ce qui se passait journellement dans le Reich. Le chemin qui menait le régime à sa ruine était, dès cette époque, pavé des pires intentions. Il s’étalait, dans les milieux nazis, un cynisme qui,

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