Hitler m'a dit
manqueraient aux réserves de l’armée régulière, et cette dualité conduirait au pire désordre. Non, les représentations de mes S.A. ne m’ont pas convaincu. J’ai décidé de m’en tenir aux arrangements que j’ai faits et aux engagements que j’ai pris avec Hindenburg et la Reichswehr.
» L'époque des nations armées, poursuivit Hitler n’est pas révolue. L’Allemagne doit revenir au service militaire obligatoire et instruire aussi vite que possible les classes qui n’ont pas servi de façon à en former les réserves. Bien entendu, avec l’importance croissante des troupes techniques, il faudra envisager un recrutement également croissant de soldats de métier contractant des engagements de longue durée. Mais la sélection de ces troupes de métier ne peut pas être basée sur l’idéologie révolutionnaire ou sur l’affiliation au parti. Elle ne peut se faire que d’après les aptitudes professionnelles. Puis-je sérieusement croire que les hommes des S.A., qui n’ont même pas passé devant les conseils de révision peuvent me fournir le matériel d’une élite militaire ? Même si je voulais faire un choix dans le choix et couper les S A. en deux tronçons, milice active et milice de réserve ? »
Je compris parfaitement que ces propos d’Hitler n’étaient que l’écho d’une leçon que lui avaient faite les chefs de la Reichswehr, qui cherchaient à se défendre contre les conceptions de Roehm.
— « L’esprit révolutionnaire, poursuivit Hitler, dont parlent continuellement certains membres du parti comme s’ils en détenaient le monopole, est effectivement un facteur décisif dont je ne méconnaîtrai jamais l’importance. On ne peut reprendre purement et simplement les traditions d’avant-guerre. Du point de vue idéologique, il faut faire quelque chose d’absolument nouveau, et si le haut commandement persiste à s’écarter artificiellement de l’esprit national-socialiste, je ne le supporterai pas et j’interviendrai en temps voulu. Mais il est nécessaire avant toute autre chose, de résoudre le problème technique. On n’a pas le droit de le compliquer. »
Hitler ne pensait plus que je l’écoutais ; il se parlait à lui-même : « Il ne faut pas qu’ils soient impatients. En vérité, c’est moi qui devrais l’être. Mais je refoule mon sentiment, je sais contenir mes nerfs. » Il s’extasia devant la grandeur de sa tâche. Il ne fallait pas seulement constituer une armée gigantesque et produire le matériel nécessaire. En vérité, le facteur décisif était l’esprit, l’esprit d’unité qui doit animer le commandement comme la troupe. L’édifice resterait inachevé et s’effondrerait bientôt si l’on ne parvenait pas à insuffler à la nouvelle Wehrmacht l’esprit révolutionnaire. Il ne renoncerait donc jamais à modeler la Wehrmacht a l’image du parti lui-même. L’esprit de l’armée devait être la quintessence de l’esprit de la nation. Sur ce point essentiel pas de discussion possible. Il accepterait plutôt une armée techniquement imparfaite qu’une armée techniquement complète, mais privée d’âme et d’élan.
— « Soyez tranquille », continua-t-il, « ce que je considère comme indispensable, je l’obtiendrai lentement, sûrement, par mon obstination et ma patience. Nous verrons qui sera le plus têtu, de moi ou des généraux. Mon véritable programme consiste en ceci : un solide noyau de soldats de métier, sélectionnés et spécialement entraînés, constituent l’armée de choc qui sera composée de vieux militants du parti. Ces troupes de choc incorporeront conformément à notre doctrine l’élite du national-socialisme dans la masse de la Wehrmacht. Cette masse elle-même sera de plus en plus réduite au rôle d’une réserve parfaitement instruite et équipée, mais dont la tâche sera surtout défensive. Je sais que pour en arriver là, j’ai à parcourir un chemin difficile et rempli d’obstacles. Ce chemin, je le suivrai jusqu’au bout, parce que j’ai à créer encore bien d’autres choses à part la Wehrmacht. Mais je ne renoncerai jamais à incorporer l’armée dans l’État national-socialiste, comme son plus fort appui à côté du parti. ».
Ce jugement d’Hitler, était en somme, celui d’un chef clairvoyant, modéré, patient et supérieur à sa tâche. Mais Hitler n’a jamais eu la moindre suite dans les idées. Trois mois plus tard, on me rapportait des propos
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