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Hitler m'a dit

Hitler m'a dit

Titel: Hitler m'a dit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Hermann Rauschning
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écartait les obstacles et les objections. Était-il vraiment convaincu ? C’est une autre affaire.
    La décision qu’on attendait pour cette année 1934 était d’importance : il fallait choisir entre la continuation de la révolution ou la restauration d’un ordre durable. Chacun se recueillait. De quoi s’agissait-il à proprement parler ? Jusqu’à présent, chacun avait voulu interpréter la révolution allemande selon ses propres aspirations politiques. Brusquement, il apparaissait, du moins aux esprits réfléchis, que cette révolution allemande était bel et bien une révolution. Mais où menait-elle ? Visiblement à une inimaginable destruction de tout ce qui, auparavant, représentait la base solide de l’ordre politique et social. Pouvait-on continuer ainsi ? Le moment n’était-il pas venu d’en finir, et, même au prix d’un second coup d’État, de chasser les hordes brunes du temple ?
    La difficulté était de savoir si l’entreprise réussirait sans guerre civile. L’Allemagne, dans l’état où elle se trouvait, pouvait-elle supporter une guerre civile ? Tandis que les esprits modérés des milieux conservateurs et libéraux et de la bourgeoisie éclairée commençaient à comprendre ce qu’ils avaient fait en appelant Hitler au pouvoir, les ouvriers à peine sortis des organisations marxistes, la masse de la petite classe moyenne, des employés et gagne-petit de toutes sortes étaient, au contraire, totalement acquis au national-socialisme. C’est peut-être en cette année 1934 que le national-socialisme a atteint l’apogée de son prestige auprès des foules. Était-il possible, au moment où le national-socialisme semblait cristalliser les espoirs populaires, d’entreprendre un coup d’État pour écarter avec la personne d’Hitler des périls que les masses étaient incapables de comprendre ? Je rapporte ici les scrupules qui tourmentaient, en même temps que moi, un grand nombre de patriotes inquiets, provenant de tous les camps politiques. Depuis les premiers jours de 1934, on voyait croître le nombre des gens dont le vœu secret était de rompre, coûte que coûte, cette sorte de charme et d’ensorcellement qui entraînait l’Allemagne à l’abîme. Mais personne ne découvrait le point de départ, le tremplin d’où faire le saut. C’est alors que la personnalité de Roehm passa brusquement au premier plan. Mais je dois reprendre d’un peu plus loin l’origine de cette tragédie.
    La Reichswehr voyait le danger que lui faisait courir le nouveau nihilisme révolutionnaire. Elle découvrait depuis quelque temps, malheureusement de son point vue un peu étroit, l’imminence d’un effondrement de la discipline militaire et l’arrêt possible du réarmement qui avait commencé dans des conditions particulièrement dangereuses. Peut-être, à ce moment, la Reichswehr était-elle prête à tout bousculer.
    Je ne connaissais Roehm qu’assez vaguement. Au printemps de 1933, peu de temps après la prise du pouvoir, Forster m’avait abouché avec lui. Nous avions été lui rendre visite à l’hôtel Fasanenhof, à Charlottenbourg, où Roehm avait l’habitude de descendre lorsqu’il venait à Berlin. Nous le trouvâmes avec son aide de camp. Leurs chambres communiquaient. Roehm était mécontent : il n’avait pas réussi à obtenir un poste de ministre. Il voyait toute la révolution nationale-socialiste détournée de son véritable sens. « Nous faisons les rabatteurs pour les généraux », grogna-t-il. Il demanda si Forster ne pourrait intervenir pour lui auprès du Führer. Au train dont allaient les choses, toute la révolution nationale-socialiste allait être frustrée de son butin, si les S.A. n’étaient pas mis au premier plan, soit qu’ils fussent constitués en milice privilégiée, soit qu’ils fussent organisés pour fournir obligatoirement les cadres de la nouvelle armée. Quant à lui, il n’avait pas envie de se laisser manœuvrer comme un pantin.
    J’avais eu un peu plus tard l’occasion de parler plus longuement avec lui de ce problème de la nouvelle armée dans le nouvel État. Je l’avais rencontré au restaurant Kempinski, dans la Leipzigerstrasse, où il avait coutume de déjeuner. Qui devait commander la force militaire du Reich ? Qui devait même la créer ? Les généraux de la Reichswehr ? ou bien lui, Roehm, l’homme qui avait à son actif la création même du parti ?
    Sa dépravation mise à part, Roehm avait

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