Hitler m'a dit
signifie qu’il cherche en vain la substance, le fond, le couronnement, la clé de voûte du système. Je vais vous dire une chose. Dans ce domaine là, il ne faut jamais rien forcerai ne faut jamais construire. Comprenez-vous ? Ces choses-la doivent se développer toutes seules et de bas en haut. Si vous construisez de haut en bas, suivant un schéma, vous n’avez plus qu’un échafaudage de papier : l’artifice et non la vie. Ne savez-vous pas comment travaille un artiste ? Eh bien ! l’homme d’État doit laisser mûrir, comme l’artiste, ses propres pensées, et plus encore les forces créatrices de la nation.
Il peut çà et là, donner un coup de pouce, il peut diriger les forces et les régler. Mais il peut aussi faire machine arrière, quand il voit que les forces véritables ne sont pas encore là. Il ne peut pas créer la vie par contrainte. Rien n’est plus faux que de vouloir répandre d’en haut, sur une nation qui n’est pas encore mûre, une sorte de vernis artificiel, fût-il le plus brillant du monde. On ne peut faire qu’une seule chose. Il faut maintenir éveillée et vivante cette inquiétude créatrice qui tient toujours en haleine le véritable artiste. Voilà la seule chose qu’il ne faut pas laisser dépérir. »
— « Alors l’organisation par métiers ou l'État corporatif, quel que soit le nom qu’on lui donne, n’est pas encore chose assez mûre pour être réalisée actuellement ? » demandai-je. « Mais le chaos total qui règne en ce moment ne peut pas continuer. »
— « Il ne sert à rien de se creuser la tête », poursuivi Hitler. Vous aurez beau vous décarcasser, quand une idée n’est pas mûre, vous ne pourrez pas la faire vivre. Moi qui suis un artiste, je le sais bien. Je le sais aussi comme homme d’État. Il n’y a qu’une seule chose à faire : prendre patience, revenir en arrière, recommencer, et revenir encore en arrière. Le travail se fait alors dans le subconscient. La chose mûrit et quelquefois aussi, elle meurt complètement. Si je n’ai pas cette certitude intérieure et absolue que la solution est là, qu’elle doit être comme cela, je m’abstiens. Même si le parti entier me corne aux oreilles : « Agis » je ne fais rien, j’attends. Sinon, Dieu sait où je me laisserais aller. Mais si la voix me parle, alors je sais que je touche au but et qu’il est temps d’agir. Il en est de même avec les camarades du parti ou avec le peuple. S’ils ne comprennent pas une nouveauté, il faut revenir en arrière. On essayera de nouveau une autre fois, et s’il le faut, une fois encore. L’heure favorable finit toujours par sonner. Alors nos gens s’emparent de l’idée nouvelle, ils lui donnent un corps, comme s’ils n’avaient jamais pensé à autre chose. Bien sûr, j’ai dû permettre au parti d’étudier la question de l’État corporatif. J’avais besoin d’établir expérimentalement jusqu’à quel point tout cela était mûr et si ce système est capable de nous faire avancer. Je n’appliquerai jamais aveuglément une recette. Il est tout à fait naturel qu’avant d’introduire une nouveauté, je me convainque d’abord que la chose est possible. Et il me faut aussi des hommes pour l’exécuter. J’ai chargé des camarades du parti d’une certaine besogne. S’ils en viennent bout, c’est qu’ils sont à leur place, sinon, qu’ils passent la main. Mais si je ne trouve personne qui réussisse, c’est le signe infaillible que l’idée n’était pas mûre. Il existe un rapport mathématique entre les problèmes et les hommes chargés de les résoudre. Si les hommes ne sont pas là, c’est que les problèmes ne sont pas débrouillés, que le temps n’est pas encore venu, et rien ne sert d’appeler à grands cris l’ « homme fort » qui déblayera l’obstacle. Mais si les temps sont venus, les hommes sont là, eux aussi. Or, dans ces derniers mois, je n’ai pas pu me convaincre que j’avais sous la main les hommes capables de mettre sur pied l’État corporatif. Eh bien ! soit, nous ajournerons le problème pour le reprendre plus tard. »
Je suggérai qu’il était peut-être temps de chercher une synthèse entre l’économie libérale et l’autarcie à la manière moscovite.
— « Une telle synthèse est-elle possible ? demanda Hitler. Ne vous laissez pas séduire par des constructions factices. En ce qui me concerne, j’en sais moins aujourd’hui sur ces questions que je ne
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