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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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signal, une cascade d’éclats de rire
sonores se succédèrent autour de nous tandis que des mains de fer m’enlevaient
Jonas tout en me maintenant fermement. La flamme d’une torche passa devant
nous, allumant d’autres torches que tenait cette armée de spectres. Des moines
habillés de noir avec le Tau bleu sur leur cape étaient appuyés contre les murs
de la pièce où nous nous trouvions. Nous étions tombés dans un guêpier.
    — Bienvenue Galcerán de Born, s’exclama
gaiement une voix depuis la balustrade de la galerie supérieure. Vous vous
souvenez de moi ?
    Je levai les yeux et distinguai parmi les
ténèbres la silhouette de l’homme qui s’adressait ainsi à moi.
    — Vous devez être Manrique de Mendoza,
répondis-je.
    — Toujours aussi malin, Galcerán ! Je
présume que votre compagnon est le bâtard de ma soeur Isabel. Je suis ravi de te
connaître, Garcia. On m’a beaucoup parlé de toi.
    Jonas ne prononça pas une seule parole. Il se
contenta de dévisager avec mépris son oncle. Manrique éclata d’un rire sonore.
    — Rodrigo Jiménez m’avait déjà dit que tu
avais hérité de l’orgueil de ton père. Oh ! mais j’oublie, tu ne sais pas
qui est Rodrigo Jiménez, n’est-ce pas ? Tu le connais pourtant, mais sous
un autre nom, un nom bien étrange que lui a donné ton père : Personne. Il
serait très heureux de te revoir, Garcia. Il sera bientôt de retour je pense,
il est parti avec ses hommes chercher Sara, la magicienne. À ce sujet, Galcerán,
comment avez-vous osé l’impliquer dans cette affaire ?
    — Vous la croyez donc assez idiote pour ne
pas avoir tout deviné ? répondis-je.
    Je ne le voyais pas vraiment bien de là où je me
trouvais. La lumière des torches me permettait juste de deviner sa silhouette
dans les hauteurs.
    — Vous avez pourtant cru bon de tout lui
expliquer en détail cette nuit, se moqua-t-il. Mais tout cela n’a plus aucune
importance. Votre futur à tous les trois est déjà écrit, et je crains qu’il ne
soit pas à votre goût.
    — Inutile de vous réjouir, répondis-je. Mon
fils et moi sommes prêts à affronter le sort que vous nous réservez, bien que
je comprenne difficilement que vous vous en preniez à un enfant. Mais laissez
Sara en dehors de tout cela, elle vous a toujours été fidèle à vous et à votre
ordre. Puisque vous avez écouté notre conversation cette nuit, vous savez que
jamais elle n’a pensé trahir ceux à qui elle doit tant.
    — Mais elle a accepté de vous aider, et
c’est déjà trop.
    Il se tut car de nouveau on entendit un grand
fracas de pas dans les couloirs. Sara apparut liée et bâillonnée, escortée de
cinq chevaliers Templiers qui portaient avec orgueil leurs manteaux désormais
interdits. Un homme à l’allure hautaine marchait en tête du groupe ; je
reconnus Personne rajeuni d’au moins dix ans et transformé comme par magie en
un fier chevalier. Sa capacité de dissimulation m’émerveilla.
    — Mais quelle joie de vous retrouver, don Galcerán,
et vous aussi, jeune Garcia ! s’exclama-t-il d’une voix que j’eus du mal à
reconnaître. Je suis ravi de vous voir en bonne santé.
    — Vous comprendrez, lui répondis-je
froidement, que nous ne puissions en dire autant.
    — Naturellement, dit-il tout en poussant
Sara vers nous d’un geste brusque.
    Jonas parvint à la retenir et l’empêcher de
tomber.
    — Inutile d’employer la force, frère
Rodrigo ! le gronda Manrique. Ils sont en notre pouvoir maintenant, nous
pouvons considérer cette désagréable histoire comme terminée.
    Sara se retourna d’un geste vif vers la voix
qu’elle venait d’entendre et ses yeux reflétèrent une douleur dont je n’avais
pas mesuré l’ampleur jusqu’à maintenant... Maudit soit Mendoza ! Maudits
soient tous les Mendoza !
    — Vous vous trompez, monsieur, dis-je en
contenant ma fureur et en utilisant exprès la formule séculière pour marquer
les distances entre nous. Cette histoire n’est nullement terminée. Le pape
n’aura de cesse de trouver toutes vos richesses. Son ambition est si démesurée
que, même si je disparaissais, il enverrait quelqu’un d’autre jusqu’à ce qu’il
obtienne ce qu’il désire.
    — Vous me voyez contraint de faire votre
éloge, frère, je ne vois personne qui vous arrive à la cheville.
    — Vous vous trompez encore. Le pape est un
homme méfiant et dangereux, je suis surveillé depuis le début par l’un de ses
meilleurs soldats,

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