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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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découverte miraculeuse dans le désert. À leur
retour, les reliques furent conservées dans le sanctuaire de la
Motte-Saint-Didier, et les neuf chevaliers créèrent l’ordre Antonin mis sous le
patronage du saint ermite et de la sainte anachorète Marie l’Égyptienne qui
vécut cachée dans le désert pendant quarante-six ans avant d’être découverte
par le moine Zosime.
    — Sainte Marie l’Égyptienne ? s’étonna
Sara. Les chrétiens ont donc canonisé une sorcière ?
    Jonas, abandonnant son rôle et crevant de
curiosité, ne put se retenir plus longtemps :
    — Quelle sorcière ? demanda-t-il.
    — Eh bien, Marie l’Égyptienne, dit Sara.
    Je souris en mon for intérieur.
    — Pourquoi ? voulut-il savoir.
    — Parce que cette femme, lui expliquai-je
reprenant la parole, était en réalité la belle prostituée alexandrine Hipacia,
célèbre pour son intelligence brillante et fondatrice d’une école renommée dans
laquelle on enseignait, entre autres, les mathématiques, la géométrie,
l’astrologie, la médecine, la philosophie...
    — Mais aussi la nécromancie, l’alchimie, la
thaumaturgie, la magie et la sorcellerie, ajouta Sara.
    — Oui, tout cela aussi, c’est juste.
    — Et pourquoi l’a-t-on sanctifiée ?
demanda Jonas.
    On apercevait au loin un grand éclat de lumière
parmi les ombres. La promenade était agréable, la lune brillait, et la descente
rendait notre pas léger et rapide.
    — En réalité, ils ne l’ont pas canonisée,
elle. Ce qui est certain, c’est qu’Hipacia s’est fait un ennemi terrible de
saint Cyrille dont les homélies pleines de colère prédisposèrent la foule
contre elle. Tout cela se déroulait au IV e siècle. On ne sait pas très bien ce qui s’est passé, mais on dit qu’Hipacia dut
fuir dans le désert pour éviter la mort et qu’elle fut trouvée quarante-six ans
plus tard, selon la légende, par le bienheureux Zosime. L’Église de Rome,
désireuse d’expliquer le prodige de cette survie insolite et des étranges
pouvoirs que cette femme possédait, la rebaptisa Marie et la consacra sur les autels,
créant ainsi un personnage nouveau.
    — De quels pouvoirs voulez-vous
parler ?
    — Elle pouvait lire dans les pensées,
demeurer immobile pendant plusieurs semaines sans se nourrir et sans que l’on
détecte son haleine, déplacer des objets sans les toucher et réaliser de
prodigieuses guérisons.
    — Les magiciennes, déclara Sara, refusant
de perdre sa patronne, utilisent encore beaucoup de ses formules et...
    Elle s’interrompit soudain, rendue muette par le
spectacle qui s’offrait à nous. Un édifice aux formes saisissantes, si élevé
qu’il se perdait dans l’obscurité de la nuit, chargé de flèches, plus fait pour
effrayer les âmes que pour apaiser l’esprit, surgit devant nous, illuminé par
les flammes de centaines de torches que portaient les affligés du Feu de San
Anton. La plupart marchaient avec de plus ou moins grandes difficultés appuyés
sur un bourdon, mais d’autres devaient être portés sur les épaules ou en
brancard. Ce que nous avions aperçu de loin était cet interminable fleuve
rougeoyant qui tournait lentement autour du monastère impulsé par une force
mystérieuse. Mais le plus curieux était qu’à travers les hautes et étroites
fenêtres filtrait une étrange lumière bleue produite certainement par le
cristal des vitraux. Toutes ces illuminations étaient extraordinaires.
    Le chemin envahi par les malades sur sa majeure
partie passait sous une arche qui unissait la porte du monastère avec un
bâtiment situé en face. En haut des marches, des moines distribuaient à la
foule de petites médailles arborant le symbole du Tau. L’homme qui paraissait
être l’abbé touchait légèrement de son bâton en forme de T ceux qui passaient
sous l’arche, tandis que d’autres soulevaient entre leurs mains d’autres Taus
plus petits avec lesquels ils accordaient leur bénédiction.
    — Nous ne devons pas nous mêler aux
lépreux, dit Sara avec un geste d’appréhension.
    — Ce sont des bêtises ! J’ai souvent
travaillé avec des malades, et je n’ai jamais été contaminé.
    — Peut-être, mais je ne veux pas passer par
là.
    — Moi non plus, dit Jonas, on ne sait
jamais.
    — D’accord, si cela peut vous rassurer je
vous propose de nous arrêter après ce tournant et de passer la nuit à la belle
étoile.
    — Nous allons mourir de froid !
    — C’est un léger

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