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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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que je voulais dire.
J’aurais pu rester là à la contempler jusqu’à la fin du monde et bien au-delà.
J’étais convaincu à cette époque que je pouvais sentir et penser tout ce que je
voulais tant que je ne commettais aucun acte contraire à ma Règle. Celle-ci,
comme celle des Templiers et des chevaliers Teutoniques, nous interdisait
absolument tout contact avec les femmes ; nous devions même en théorie
éviter de les regarder. Cette interdiction touchait nos soeurs et mères que nous
ne pouvions pas plus embrasser qu’aucune autre « femme, veuve ou
demoiselle ». Aimer Sara en silence et sans espoir était une condamnation
que j’acceptais de bon gré, enthousiasmé par mes propres sentiments et
convaincu que je ne pouvais aspirer à plus.
    — Bien, repris-je sortant avec effort de ma
rêverie puisque mon silence ne pouvait se prolonger ainsi, cette nuit, Jonas et
moi irons faire un tour au couvent pendant que vous, Sara, resterez ici à nous
attendre.
    — Nous allons où ? demanda Jonas
effrayé.
    — Au monastère, pour découvrir le lien
entre les moines du Tau et les trésors des Templiers.
    — Vous ne parlez pas sérieusement ?
s’écria-t-il en me regardant comme si j’étais devenu fou. Il n’en est pas
question ! Ne comptez pas sur moi pour vous accompagner !
    Je retrouvais enfin mon idiot de fils, ce qui me
remplit d’une joie certaine.
    — Si tu ne veux plus continuer à m’aider,
tu peux retourner à Ponç de Riba. Les moines seront ravis de retrouver leur
jeune novice Garcia !
    — Ce n’est pas juste ! clama Jonas
d’un ton indigné dans la nuit.
    — Allez, dépêche-toi, il se fait tard. Et
marche devant !
    Il reprit à contrecoeur le chemin du couvent.
Vidé de tout passant, plongé dans le noir, l’édifice apparaissait comme une
ombre maléfique.
    Nous marchions en silence pour ne pas trahir
notre présence sans pouvoir néanmoins éviter de réveiller, malgré nous, les
milliers d’oiseaux qui nichaient dans les arbres voisins et les interstices des
contreforts. Je découvris un portillon dans la partie postérieure et fis
facilement sauter ses gonds avec ma dague. Un hibou ulula dans notre dos, nous
faisant sursauter, mais le silence revint et plus rien ne bougea. Je soulevai
le portillon, et après l’avoir posé sur un côté, pénétrai dans un petit couloir
humide. Impossible d’éclairer, la lumière nous aurait trahis, il nous fallut
donc attendre que nos yeux s’habituent à l’obscurité pour poursuivre notre
exploration. Après les cuisines où les énormes chaudrons de fer semblaient des
bouches prêtes à nous avaler, et le garde-manger bien pourvu, d’autres couloirs
longs et sinueux nous attendaient. Je remarquai très vite l’absence de tout
signe religieux. On se serait cru à l’intérieur d’un château ou d’une
forteresse. Des tapisseries luxueuses couvraient les murs, des tentures de
velours bleu séparaient les pièces, des ferrures et chaînes décoraient les
parois libres, et il était impossible de décrire tous les objets qui ornaient
les manteaux des cheminées ainsi que le splendide mobilier.
    Je cherchais la chapelle du monastère puisque
pour l’instant toutes mes découvertes s’étaient faites dans des lieux
similaires, mais on eût dit qu’il était plus difficile de trouver ici un lieu
de prière qu’une aiguille dans une meule de foin. Il fallut me rendre à
l’évidence : il n’y avait pas de chapelle. Ni d’église ni d’oratoire, rien
qui rappelle que cet endroit était un lieu de retraite spirituelle et
d’oraison.
    J’entendais depuis un certain temps un léger
bruit sur ma droite et, derrière moi, comme un froissement de tissus. Au début
je n’y avais pas prêté attention, c’était trop imperceptible, mais comme cela
durait, je commençai à m’inquiéter.
    — Jonas, murmurai-je en prenant mon fils
par le poignet, tu n’entends pas quelque chose ?
    — Si, cela fait même un certain temps que
j’entends des bruits étranges.
    — Arrêtons-nous un instant.
    Tout était silencieux autour de nous. Il n’y a
rien à craindre, me dis-je pour me tranquilliser, quand j’entendis soudain un
petit rire dans un coin. Le sang se glaça dans mes veines et ma peau se hérissa
comme si on m’avait caressé la nuque avec une plume d’oie. La main de Jonas se
ferma sur mon bras comme une serre.
    Nous entendîmes encore une fois le même petit
ricanement et comme s’il s’était agi d’un

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