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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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n’entendez rien ?
    — Non.
    — Mais c’est de plus en plus fort, comme si
nous nous en approchions.
    — Ça y est, je l’entends ! s’écria
Jonas avec joie.
    — Ce n’est pas trop tôt !
    — C’est un chant, expliqua le garçon. Une
psalmodie. Vous n’entendez toujours pas ?
    — Non, marmonnai-je.
    Mais tandis que nous poursuivions notre marche,
j’entendis enfin le bruit. C’était en effet un chant monocorde, un De
Profundis entonné par un formidable choeur de voix masculines.
Voilà pourquoi nous n’avions rencontré aucun Templier depuis notre
évasion : ils se trouvaient tous réunis au bout du passage que nous
venions d’emprunter pour célébrer un office religieux. Jamais dans toute ma
longue vie je n’avais eu l’occasion d’entendre un tel choeur d’hommes. Cela
éveilla en moi un sentiment de profonde exaltation. Le chant se faisait de plus
en plus fort, et au tournant d’une galerie apparut un éclat brillant. Jonas se
boucha les oreilles car l’acoustique des voûtes amplifiait la résonance du
chant, mais les voix se turent soudain. Un léger écho demeura dans l’air humide
et chaud.
    D’un geste impérieux de la main, j’ordonnai le
silence et la prudence à mes compagnons. Je venais d’apercevoir un léger
mouvement au fond du couloir. Sara et Jonas se collèrent dos au mur avec des
visages épouvantés. Il y avait quelqu’un devant nous. Je leur indiquai par des
signes muets qu’ils demeurent immobiles et m’avançai à pas feutrés en retenant
mon souffle. Le couloir se rétrécissait comme un entonnoir. Au bout, stationné
devant une petite balustrade qui donnait dans le vide, un Templier, la tête
couverte d’un heaume, me tournait le dos. Il semblait monter la garde et
demeurait très attentif à ce qui se passait au-dessous de lui. Essayant de ne
pas me faire découvrir, je rebroussai chemin à reculons sans le perdre de vue
quand un maudit caillou se ficha entre les courroies de ma sandale, pénétrant
dans ma chair et me faisant perdre l’équilibre. Je vacillai et posai
brutalement ma main sur la pierre. Le Templier se retourna à ce bruit. Surpris
de me voir, il écarquilla les yeux et me sembla pâlir. Sans lui laisser le
temps de réagir, je lançai mon burin de fortune qui alla se ficher dans sa
gorge, sous la pomme d’Adam, l’empêchant d’émettre un son. Le regard vitreux,
d’un geste absurde, il baissa la tête pour regarder la pointe de l’arme plantée
dans sa gorge. Un flot de sang jaillit de sa blessure. Le garde vacilla. Il
serait tombé au sol avec fracas si je ne l’avais retenu par la ceinture.
    Après avoir vérifié que l’homme était bien mort,
je lui enlevai rapidement sa cape et la posai sur mes épaules, puis me couvrit
la tête du heaume, et pris place sur la balustrade.
    Je ne dus de retenir un cri qu’à mon instinct de
survie. À mes pieds, une nef immense rutilante de lumière brillait au milieu de
mille reflets. Tout était fait d’or pur, et d’intenses effluves d’encens se
répandaient à l’intérieur. Les dimensions de cette grande nef octogonale
creusée dans la roche étaient supérieures à celles de Notre-Dame de Paris, et
aucune des plus fastueuses mosquées d’Orient, pas même celle de Damas, ne lui
arrivait à la hauteur en matière d’ornements et d’opulence. Marbre, velours, mosaïques,
fresques, torchères de bronze, candélabres d’or et d’argent abondaient. Au
centre, sur une estrade recouverte d’un tapis, un autel somptueux était
surmonté d’un petit temple près duquel un prêtre faisait un sermon. Tout
autour, des centaines de Templiers habillés de leurs manteaux blancs, la tête
nue et baissée en signe de respect, étaient agenouillés, totalement subjugués
par les paroles du prêtre qui évoquait les qualités nécessaires pour affronter
ces temps difficiles, et les forces spirituelles qui devaient nourrir l’Ordre
afin qu’il puisse accomplir sa mission éternelle.
    De mon poste d’observation dans cet étroit
passage converti en balcon de surveillance, la vision qui m’était offerte était
celle d’un espace magique chargé de mystères. Je me sentais si confus que je
mis un certain temps à découvrir que l’autel situé au centre était un élégant
couvercle qui cachait quelque chose de plus important. Les Templiers
entonnèrent un nouveau chant. Sara et Jonas en profitèrent pour me rejoindre.
Je compris soudain que l’objet qui inspirait tant de

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