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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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importante qu’un bon lit et un
repas. Je me consolais en pensant qu’au moins Sara et Jonas avaient mis fin à
leurs épreuves et que je les retrouverais bientôt. Mais pour combien de
temps ? me demandai-je, affligé. Ma mission terminée, ne devais-je pas me
séparer de la magicienne et de mon fils... ?
    Don Pero Nunes m’attendait au fond d’une grande
salle, appuyé sur le manteau d’une imposante cheminée qui éclairait et
chauffait l’immense salon. Il leva la tête et me lança un regard scrutateur. Il
portait une chemise de nuit – on avait dû le tirer de son lit – sur laquelle il
avait jeté une large étole de laine épaisse. Je décelai dans ses yeux une
certaine agitation mêlée d’anxiété.
    — Frère Galcerán de Born !
s’exclama-t-il en s’avançant vers moi, les bras tendus.
    Il avait une voix grave et puissante qui
s’accordait mal à son corps maigre. Elle paraissait bien plus propre à crier
des ordres à bord d’un navire qu’à diriger les prières dans un prieuré
hospitalier. Je ne pus dire si le parfum que je sentais provenait des toiles et
tapisseries de la salle ou de la chemise de mon hôte.
    — Frère Galcerán de Born !
répéta-t-il, ému. Nous avons été prévenus de votre possible arrivée. Tous les
monastères et forteresses situés entre les Pyrénées et Compostelle ont reçu les
instructions les plus strictes à ce sujet. Mais, enfin, qu’avez-vous donc de si
particulier pour soulever une pareille agitation ?
    — On ne vous a donc rien dit ?
Dites-moi ce que vous savez, ce sera plus simple.
    — Chevalier de Born, dit-il d’un ton
impératif, ici c’est moi qui pose les questions ! Mais asseyez-vous, je
vous prie, pardonnez mon manque de courtoisie. Vous devez avoir faim, n’est-ce
pas ? Vous me raconterez ce qui se passe pendant que l’on vous servira.
    — En toute autre circonstance,
m’excusai-je, je n’aurais pas hésité un instant à satisfaire votre curiosité,
car je vous dois obéissance, mais dans ce cas précis, je vous prie, avec tout
le respect que je vous dois, de m’expliquer d’abord ce que l’on vous a dit, et
quels ordres vous avez reçus me concernant.
    Don Pero grommela un peu en me jetant un regard
furieux, mais la nature de l’affaire dut lui conseiller prudence et modération.
    — Je sais seulement que je dois informer
mes supérieurs de votre arrivée et envoyer au plus vite deux émissaires à Léon.
On attend impatiemment d’avoir de vos nouvelles là-bas. En attendant, je dois
vous prêter assistance en tout ce que vous demanderez, soupira-t-il. Maintenant
à vous.
    — Si nos supérieurs ne vous ont rien raconté,
pardonnez à un pauvre chevalier épuisé de garder le silence. Je ne puis rien
vous dire de plus.
    — Ah ! comme je le regrette,
protesta-t-il en se levant, cachant sa colère. La maison est à votre
disposition, frère. Vous participerez aux offices et occuperez la fonction que
vous choisirez.
    — Je suis médecin à Rhodes.
    — Oh ! Rhodes... Bien, alors je vous
donne la charge de notre petit hôpital jusqu’à ce que les émissaires reviennent
de Léon. Vous désirez quelque chose en particulier ?
    — En ce qui concerne mes compagnons, mon
écuyer et la femme...
    — Elle est juive, n’est-ce pas ?
dit-il d’un ton hautain.
    — En effet, frère. Elle court autant de
dangers que moi.
    — Je m’en doutais, se moqua-t-il.
    — Notre présence en ce lieu ne doit être
révélée sous aucun prétexte.
    — Bien, dans ce cas nous vous donnerons
pour logement le moulin d’une grange qui se trouve près d’ici. Personne ne s’y
rend jamais et il est très bien protégé par cette forteresse. Vous êtes
d’accord ?
    — Cela me paraît très bien.
    — Ainsi soit-il. À bientôt, frère Galcerán.
    Il me congédia avec un geste de mauvaise humeur,
m’ôtant de sa vue comme une vulgaire mouche, sans m’offrir le petit déjeuner
promis.
     
    Après avoir fait une sieste cet après-midi-là,
j’allai retrouver Sara qui inspectait notre refuge tandis que Jonas continuait
à dormir profondément. Le matin, avant de nous écrouler sur nos couches, je lui
avais donné un peu d’opium pour qu’il bénéficie d’un véritable repos après tant
de jours d’une douleur insupportable. Il avait ainsi retrouvé une respiration
calme et un pouls normal.
    La tour du moulin se trouvait au milieu d’un pré
vide. Son état délabré indiquait de longues années d’abandon.

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