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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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C’était une
construction de bois toute simple édifiée autour d’un tronc épais qui dépassait
du toit. À l’étage supérieur se trouvaient nos lits et, en bas, le vieux
mécanisme d’entraînement, abîmé et dépourvu de pierre à meuler. De grandes
toiles d’araignée pendaient du toit. Sara eut une moue de satisfaction en
découvrant ces laborieux et bénéfiques insectes.
    — Vous savez que les araignées portent
bonheur et que si l’on en voit une dans l’après-midi ou le soir cela signifie
que votre voeu s’accomplira ? dit-elle en me prenant par la main pour
m’entraîner dehors.
    Un pâle soleil brillait et l’air était pur. Je
m’assis par terre, le dos appuyé contre un mur pour savourer le plaisir de la
trêve et la quiétude de ce lieu. Nous n’avions plus à fuir, à nous cacher, à
cheminer de nuit pour échapper aux Templiers. Nous pouvions demeurer là
tranquillement assis, jouissant de notre liberté.
    — Ainsi donc, vous voilà arrivé chez
vous..., dit Sara sur un ton de reproche.
    — Vous saviez parfaitement que j’étais un
moine de l’Hôpital, n’est-ce pas ?
    — Vous avez commencé par prétendre que vous
étiez un Montesino !
    — J’avais reçu des ordres, Sara, je ne
devais en aucun cas me présenter comme un chevalier hospitalier.
    Son visage se contracta dans une moue de mépris.
    — En fin de compte, qu’est-ce que ça
change ? Vous êtes un moine soldat, un chevalier de l’ordre le plus
puissant qui existe actuellement, et en plus vous êtes honnête, loyal, fidèle à
vos voeux et à la tâche que l’on vous a confiée. Vous devez être aussi un grand
médecin.
    — Je suis malheureusement plus connu pour
mes capacités à mener une enquête. Tout le monde me surnomme le Perquisitore.
    — C’est bien dommage, Perquisitore, dit-elle avec un accent de tristesse, que vous ne
soyez pas un simple chevalier ou un simple chirurgien barbier.
    Nous demeurâmes silencieux tous les deux un
instant, attristés soudain par cet avenir qui m’était fermé, par ce que je ne
pourrais jamais être, par ce que nous ne pourrions jamais être tous les deux.
Les regrets qu’exprimait Sara me blessaient comme autant de coups de poignard,
mais je ne pouvais lui répondre, je ne pouvais prendre aucun engagement
vis-à-vis d’elle. Et pourtant, je l’aimais.
    — Vous êtes un lâche, Perquisitore, murmura-t-elle, vous me laissez faire tout le
travail.
    L’idée que bientôt je serais séparé d’elle pour
toujours me serra le coeur.
    — Je ne peux vous aider, Sara. Je vous jure
que s’il existait une porte me permettant de m’échapper pour vous retrouver, je
la franchirais sans hésiter une seule seconde.
    — Mais cette porte existe !
protesta-t-elle.
    Je mourais d’envie de la prendre dans mes bras,
j’avais soudain du mal à respirer. Je la sentais si proche que les battements
de mon coeur s’accélérèrent.
    — Cette porte existe..., répéta-t-elle en
approchant ses lèvres des miennes.
    Et là, sous le soleil couchant, je pus sentir la
saveur de sa bouche et la douceur de son haleine. Ses baisers, d’abord timides,
se firent plus avides, m’entraînant dans un univers oublié. Je l’aimais, je
l’aimais plus que ma vie, je la désirais au point d’en avoir mal, et je ne
pouvais supporter l’idée de la perdre au nom de voeux absurdes. Désespéré, je la
serrai anxieusement entre mes bras, et nous roulâmes par terre.
    Pendant des heures, je n’existais que dans le
corps de Sara. La nuit tomba et le froid avec, sans que nous le remarquions. De
ces instants, je garde le souvenir de sa peau tachetée sous la lumière argentée
de la lune, la courbe de ses hanches, le profil de ses petits seins fermes, de
son ventre, de ses muscles que mes mains caressaient sans cesse. Elle me guida,
et je m’unis à elle passionnément une ou mille fois, je ne m’en souviens pas, les
lèvres endolories, jusqu’à l’épuisement. Et même ainsi, le désir de demeurer
unis pour toujours demeurait vivace.
    Ce qui avait commencé dans la tristesse se
terminait dans les rires et les murmures de plaisir. Je lui répétai
inlassablement que je l’aimais et l’aimerais toujours, et elle, qui poussait
des soupirs satisfaits en m’entendant, mordillait mon oreille et mon cou avec
un sourire de félicité. Je finis par m’endormir dans ses bras, sur l’herbe.
L’aube, froide et humide, nous réveilla et, ramassant nos vêtements épars,

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