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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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et
écrasèrent les pierres avec beaucoup de soin, les mélangeant lentement avec le
breuvage. Les émeraudes étaient très belles, énormes, d’un vert translucide. Je
sais que les pierres précieuses ont des vertus curatives mais j’eus un
pincement au coeur en les voyant disparaître dans la bouche de Sa Sainteté,
réduites à néant.
    — Et que se passa-t-il ensuite ?
    — Les Maures retournèrent dans leur chambre
et le pape se sentit immédiatement beaucoup mieux. Il retrouva une respiration
normale, la fièvre tomba, il ne suait plus... Mais alors qu’il se préparait à
descendre, il se plia soudain en deux et commença à vomir du sang. Votre cousin
et moi étions terrorisés. Je courus aussitôt demander secours aux médecins,
mais ils avaient disparu. Il ne restait aucune trace de leur présence dans leur
chambre. Ni vêtements, ni livres, ni draps froissés... Rien ! Vous pouvez
imaginer notre frayeur. Le pape continuait à vomir du sang et à se tordre de
douleur. Votre cousin me prit alors par le cou et me dit : « Écoute,
maraud, je ne sais pas combien ces assassins t’ont payé pour les aider à tuer
le pape mais je te jure que je te livrerai à l’Inquisition si tu ne me dis pas
sur-le-champ quel poison tu lui as donné. » Je lui jurai que je ne savais
pas de quoi il voulait parler, que moi aussi j’avais été dupé, et que tout
cardinal et camérier qu’il était, il risquait lui aussi d’être soumis à la
torture pour avoir permis que deux Maures empoisonnent le pape.
    François poussa un long soupir et se tut. Il
semblait revivre en esprit cette horrible journée, la terreur qu’il avait
ressentie en voyant mourir Clément V dans sa demeure et presque par sa faute.
    — Le Saint-Père versait aussi du sang
par... derrière, vous voyez ce que je veux dire.
    — Rouge ou noir ?
    — Pardon ?
    — Le sang, il était rouge ou noir ?
    — Noir, très noir, répondit l’aubergiste.
    — C’est alors que, pris de peur, vous avez
juré à mon cousin de ne jamais rien dire à personne, et, puisque les médecins
avaient mystérieusement disparu, vous vous êtes engagés à ne rien révéler de
cet incident dans vos déclarations. C’est bien ça ?
    — Oui, c’est ainsi que cela s’est passé...
    — Mais Dieu avait l’oeil, ami aubergiste, et
il a envoyé la très Sainte Vierge afin d’aider mon cousin à se repentir de ce
mauvais serment qui l’a certainement retenu jusqu’à maintenant au purgatoire.
    — Oui ! oui ! cria le pauvre
malheureux, les yeux pleins de larmes. Et vous ne savez pas comme je suis
heureux de délivrer des feux de l’enfer mon âme et celle de votre cousin.
    — Et moi, je me réjouis d’avoir été
l’instrument de Notre-Seigneur pour mener à bien une tâche si merveilleuse,
déclarai-je avec orgueil. Jamais je ne pourrai vous oublier, ami François. Vous
m’avez rendu heureux en me permettant d’accomplir cette mission.
    — Je vous dois le salut de mon âme, je ne
l’oublierai jamais.
    — Une dernière chose... Est-ce que par
hasard vous vous souvenez des noms de ces médecins ?
    — Quelle importance cela peut-il
avoir ? me demanda-t-il surpris.
    — Aucune, aucune. C’étaient sans doute de
faux noms. Mais si par hasard je tombais sur un médecin arabe qui répondait à
l’un de ces noms, soyez sûr qu’il payerait de sa vie le mal qu’il vous a fait,
à vous et à mon cousin.
    François me jeta un regard de vénération tel que
je ne pus éviter une légère sensation de remords.
    — Je ne m’en souviens plus bien, mais je
crois que l’un d’eux s’appelait Fat je-ne-sais-pas-quoi et l’autre... Il fronça
les sourcils, faisant un effort démesuré pour se souvenir... L’autre, c’était
quelque chose comme Adabal... Adabal, Adabal, Adabal..., psalmodia-t-il. Adabal
Ka je crois, mais je ne suis pas sûr... Attendez ! Attendez un instant. Je
me souviens que cette nuit, après que tous furent repartis, je notai sur une
feuille les noms de ces médecins au cas où l’on me soumettrait à un
interrogatoire.
    — Bon réflexe ! Allez chercher ce
document, je vous prie.
    — Je l’ai rangé par ici, dit-il en se
levant et en se dirigeant vers un coin de la salle à manger où quelques
récipients et saucissons étaient suspendus aux poutres du plafond.
    Il grimpa péniblement sur une chaise et dégagea
un des récipients de son crochet. Mais ce n’était pas le bon. Il redescendit en
ahanant, tira la

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