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Iacobus

Iacobus

Titel: Iacobus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Matilde Asensi
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Born, cousin du défunt cardinal Henri de Saint-Valéry, et voilà toute la
vérité, croyez-moi. La seule chose que j’aie faite jusqu’à maintenant a été de
taire le motif de ma visite. Je voulais d’abord m’assurer que je ne me trompais
pas de personne. Je souhaite maintenant vous expliquer les raisons de ma
présence chez vous.
    Deux paires d’yeux me regardèrent attentivement.
    Ceux de Jonas avec une expression de vif
intérêt. Ceux de François avec désespoir.
    — Mon cousin Henri s’est vu annoncer le
moment de sa mort par un rêve dans lequel la Vierge lui est apparue – le pauvre
aubergiste cacha ses mains tremblantes sous son tablier. Il m’a alors envoyé
une longue lettre pour me supplier de l’assister lors de ses derniers instants.
J’ai voyagé en bateau de Valence à Rome et suis arrivé juste à temps pour lui
dire adieu. Peu de temps avant de mourir, Henri m’a fait signe d’approcher pour
me confesser un récit qu’il n’a pu terminer. Vous voyez de quoi je veux
parler ?
    François acquiesça d’un hochement de tête et,
avec un soupir, se cacha le visage entre les mains.
    — Voici ce que le cardinal m’a dit :
« J’irai en enfer, cousin, j’irai en enfer si tu ne vas pas trouver
François, l’aubergiste de Roquemaure, pour lui demander de te dire la vérité.
La Vierge m’a annoncé que François et moi brûlerions éternellement si nous ne
rompions pas avant de mourir la promesse que nous avons faite un certain
jour... Dis-le-lui, mon cousin, dis-lui qu’il sauve son âme. » Il est mort
deux jours plus tard. Je trouvai alors dans ses papiers une lettre qui m’était
adressée. Comme mon bateau tardait à arriver et qu’il sentait sa fin approcher,
Henri m’avait laissé quelques lignes dans une enveloppe cachetée me suppliant
d’aller voir : « L’homme dans la maison duquel est mort le Saint-Père
Clément V ». Vous comprenez ce qu’il voulait dire ?
    — Tout s’est passé si vite !
pleurnicha François, terrorisé. Ni votre cousin ni moi ne sommes responsables
de rien.
    — Peut-on savoir de quoi vous voulez
parler ? m’exclamai-je faussement scandalisé.
    — Ce que je vais dire, votre écuyer ne peut
l’entendre. C’est un secret que seules quatre personnes connaissent... Enfin, trois
maintenant.
    — En réalité, François, ce jeune garçon est
mon fils, mon fils unique. Malheureusement, c’est un enfant illégitime, un bâtard... Voilà pourquoi je l’emmène avec moi comme écuyer. Mais
vous pouvez parler en toute tranquillité. Il ne dira rien.
    — Vous êtes sûr qu’il ne parlera pas ?
    — Jure, Jonas, ordonnai-je à mon apprenti,
surpris, qui ne s’était jamais trouvé dans une situation aussi confuse.
    — Moi, Jonas, murmura-t-il un peu étourdi,
je jure que jamais je ne parlerai.
    — Je vous écoute, François.
    L’aubergiste sécha ses larmes, se moucha dans
son tablier poisseux et commença son récit d’un ton plus serein :
    — Puisque la Vierge veut que je rompe ma
promesse, ainsi soit-il. Je la romps en ce jour pour le bien de mon âme.
    Il se signa trois fois pour conjurer la présence
du démon.
    — Vous devez savoir, chevalier, que votre
cousin et moi avons prêté serment par crainte que l’on ne nous accuse de la
mort du Saint-Père !
    — Pourquoi aurait-on fait une chose
pareille ? Est-ce que vous l’auriez tué par hasard ?
    — Non ! hurla-t-il désespéré. Nous
avons juste voulu le sauver.
    — Il vaudrait mieux, mon ami, que vous
commenciez par le début.
    — Oui, oui, vous avez raison. Bien. Ce
jour-là, le pape et sa suite s’étaient arrêtés devant mon établissement. Plusieurs
laquais aidèrent Sa Sainteté à descendre du carrosse. Je le reconnus à sa
tunique rouge et son chapeau. C’était un homme d’une cinquantaine d’années,
avec une barbe fournie, et il ne semblait pas en bonne santé. Un soldat me cria
qu’ils avaient besoin de chambres. Votre cousin entra à sa suite et me demanda
de préparer un lit pour que le Saint-Père puisse se reposer avant de poursuivre
sa route. Ma femme et mes enfants se dépêchèrent d’arranger notre plus belle
chambre, au dernier étage, et le pape, tout pâle et couvert de sueur, s’y
installa.
    — Dites, l’interrompis-je, avez-vous
remarqué par hasard la couleur de ses lèvres ? Étaient-elles grises ou
bleues ?
    — Maintenant que j’y pense... Je me
souviens qu’elles étaient d’un rouge vif comme si on

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