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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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temps clair depuis le départ. » Mais il ajoutait : « L’ Athinai , qui nous a contactés, signale des passages d’icebergs et de grandes quantités de champs de glace, aujourd’hui, sur la latitude 41° 51’ nord et la longitude 49° 52’ ouest. La nuit dernière, avons communiqué avec le pétrolier Deutschland allant de Stettin à Philadelphie, qui ne pouvait plus manœuvrer. Sa latitude était 40° 42’ nord, et sa longitude 55° 11’ ouest 138 . »
    Deux minutes après la réception de ce télégramme, Joseph Ismay croisait le commandant sur le pont-promenade. Lui reparla-t-il de la vitesse de son navire, qu’il souhaitait tester avant la nuit ? Deux passagères de Philadelphie, Emily Ryerson et Marian Thayer, l’affirmeront, précisant que Smith lui présenta le marconigramme reçu du Baltic afin de le convaincre du danger qu’il y aurait à pousser les machines dans ces circonstances. D’après les mêmes témoins, Joseph Ismay aurait enfoui le message au fond de sa poche et tenté malgré tout de persuader le capitaine de se conformer à ses vœux…
    Ce geste était-il délibéré ou de simple inadvertance ? Le patron de la Star avait-il voulu dissimuler le télégramme ? La question ne sera jamais tranchée car Ismay niera l’existence même de l’incident. On ne peut toutefois imaginer un tel machiavélisme, absurde et criminel, de la part d’un armateur responsable qui étrennait un navire transportant deux mille cinq cents personnes. Toujours est-il, selon les deux passagères, qu’Ismay les aurait entretenues peu de temps après de cette conversation avec le commandant.

    Quant à Smith, il était reparti vaquer à ses obligations sans réclamer le funeste bout de papier qu’il avait abandonné à son directeur, au mépris du règlement et de l’obligation de prudence qu’exigeait sa fonction. Ce n’est que cinq heures et demie plus tard qu’il viendra le lui réclamer, pour l’afficher enfin à la passerelle. Il sera enregistré dans le journal de bord à 19 h 15 par l’officier de quart William Murdoch. Aussitôt, ce dernier fera fermer l’écoutille du gaillard d’avant pour que la lumière n’éblouisse pas les vigies 139 postées dans le nid-de-pie perché sur le mât de misaine, à douze mètres au-dessus du pont. Le lieutenant Moody, de son côté, leur téléphonera dans leur poste de guet pour leur demander une vigilance particulière. Notamment en cas de brume, si d’aventure ils la voyaient se lever sur l’horizon.
    Pour autant, la vitesse fut maintenue jusqu’à nouvel ordre.
    En début de soirée, la température extérieure avait encore baissé. Un air glacial renforçait considérablement cette impression. Il n’y avait plus personne sur les ponts-promenades pour affronter ce climat polaire. Tous les passagers s’étaient réfugiés dans la chaleur et la quiétude du navire, où la douceur de la vie du bord les enveloppait d’une imperturbable sérénité.
    Craignant d’incommoder les passagers, le commandant avait décidé de ne pas les contraindre à l’entraînement d’évacuation. Cette précaution n’était nullement obligatoire en Grande-Bretagne, mais néanmoins recommandée par les compagnies. Or, faute d’avoir programmé cet exercice au départ de Queenstown, on l’avait définitivement annulé. Certains observateurs verront dans cette négligence les prémices d’un drame.
    Le passager Lawrence Beesley écrira plus tard que le commandant, informé des dangers courus ce 14 avril, n’en
avait guère tiré les conclusions qui s’imposaient. Notamment sur le grand nombre d’icebergs que le Titanic s’apprêtait à rencontrer sur sa route. Par une nuit sans lune et sans vent. C’est bien là ce qui inquiétait le lieutenant Lightoller, de quart entre 18 et 22 heures. Sans écume à sa base pour avertir de sa présence et être repéré dans la nuit, un iceberg pouvait devenir invisible. Et pour peu qu’il se fût retourné 140 , sa masse gorgée d’eau devenue sombre, il disparaîtrait à la vue des veilleurs…
    Ce soir-là, le commandant quitta la passerelle à 20 h 30 pour se rendre au dîner des passagers. La tradition voulait que le dimanche soir fût particulièrement mondain, à tout le moins pour les passagers de première classe. Et ce 14 avril n’était pas comme les autres, puisqu’il s’agissait d’un dîner inaugural. Tout avait été mis en œuvre pour que la soirée de gala organisée au restaurant À la carte

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