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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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d’une heure plus tard, le Californian butait sur la barrière de glace dérivante. À 22 h 20, craignant de s’y enfermer, il décida de mettre en panne et d’attendre l’aube. Il se trouvait alors par 42° 05’ nord et 50° 07’ ouest. Le vapeur vira de bord, poursuivit quelques minutes sur son erre puis s’immobilisa.
    Plus tard dans la nuit, alors que la veille avait été doublée, les feux d’un navire inconnu furent aperçus à 5 milles environ, dans le sud-sud-est par le plein travers. Le commandant Lord demandant quels bâtiments se trouvaient dans cette zone, le radio Cyril Evans lui répondit qu’à sa
connaissance seul le Titanic , qu’il avait tenté de contacter une demi-heure plus tôt, croisait dans leur secteur. Or, dans sa déposition, Lord assurera que le navire qu’il avait entrevu ne pouvait être le géant de la White Star Line, dont il aurait aisément reconnu la silhouette.
    À 23 h 30, Evans raccrochait ses écouteurs, puis allait se coucher. Une fois débranché, le détecteur du poste ne pouvait plus capter aucun appel car son mécanisme d’entraînement n’avait pas été remonté. À sa décharge, il faut préciser qu’aucune permanence n’était alors obligatoire. C’est donc le lendemain à l’aube, lorsqu’il reprit son service, que la radio lui annonça le naufrage du paquebot.
    Lorsque le Titanic avait heurté l’iceberg à 23 h 40, le Californian était paisiblement encalminé à 20 milles de la tragédie. Stanley Lord certifiera n’avoir vu à cette heure-là aucune fusée de détresse, tout particulièrement dans le sud-sud-ouest de sa position, comme deux de ses hommes l’avaient imprudemment affirmé à des reporters. Une nouvelle polémique allait donc s’étaler dans la presse. Contre le commandant Lord, cette fois, qu’on accuserait de mensonge, de machiavélisme et de non-assistance à navire en détresse.
    Il apparaît aujourd’hui que les allégations du soutier Gill et du charpentier Frazer, selon lesquels le Californian avait stoppé à 10 milles à peine du Titanic , ne relatent pas la réalité des faits, mais des interprétations de l’événement. Intentionnellement ou non, en dépit de leur déclaration sur l’honneur stipulant qu’ils n’avaient aucun grief personnel contre Stanley Lord ou tout autre officier du bord, ils dénonçaient leur commandant à la vindicte populaire, laquelle réclamait des coupables. En faisant ce témoignage, dira Ernest Gill une main sur le cœur, « je veux qu’aucun capitaine qui refuse ou néglige de porter secours à un navire en détresse ne puisse faire taire son équipage 173  ». Un tel exorde ne devait laisser personne indifférent.

    Leur théorie, qui dénonce en outre la menace et le chantage dont ils auraient été victimes, s’appuie essentiellement sur le fait que Lord n’aurait pas pris toutes les mesures qui s’imposaient, notamment l’initiative de réveiller l’opérateur radio pour tenter de prendre contact avec le navire inconnu qui se trouvait dans leur champ de vision. Sachant qu’au même moment le lieutenant Boxhall émettait de nombreux signaux au moyen d’un projecteur de pont, les hommes du Californian auraient dû les apercevoir, s’ils s’étaient trouvés là où ils le prétendaient. Mais ils n’en firent jamais mention et la question ne leur fut pas posée.
    Bien des auteurs qui cautionnèrent cette analyse partiale et spécieuse de l’Histoire seraient bientôt démentis. En attendant, Lord continuait de se défendre en certifiant que, s’il avait donné l’ordre de remettre en route, jamais il n’y serait parvenu, en raison du champ de glace qui les séparait. Selon lui, le Californian n’avait pas les moyens de sauver d’éventuels naufragés, que la distance estimée fût de 10 ou de 20 milles nautiques. Si tant est qu’il se fût agi du Titanic .
    À bord du Californian , Lord avait demandé qu’on le réveillât vers 4 heures pour évaluer la situation. Lorsqu’il remonta sur le pont, le champ de glace lui apparut moins dense. Un passage s’offrait à l’ouest. Il décida d’en profiter. À 4 h 30, il ordonna qu’on remît les machines en route. Une heure plus tard, le radio du Californian apprenait le naufrage du Titanic . Le cargo de la Lyland se trouvait alors à 19 milles de la zone du naufrage.
    Réagissant aussitôt, Lord lança son navire en direction du point que lui avait signalé son télégraphiste. Malheureusement, au milieu des

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