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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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déposition, il précisait un détail qui ne figurait pas dans son livre publié en 1912, au sujet des fusées tirées par le lieutenant Boxhall. Contrairement aux affirmations des deux matelots du Californian , qui prétendaient avoir vu tirer des fusées blanches jusqu’à 2 heures du matin le 15 avril, Beesley jurait que la dernière d’entre elles avait été lancée alors que son canot de sauvetage était mis à la mer, soit à 1 h 30 exactement. « Même en tenant compte de la différence de douze minutes entre les heures relatives du Titanic et du Californian 177 , la contradiction entre les deux déclarations était évidente, et suffisante pour justifier le réexamen de la position officielle », notent John Eaton et Charles Haas 178 . Ce fut pourtant un troisième échec. Le ministère invoquait le fait que, la plupart des témoins étant décédés, il ne pouvait plus y avoir de confrontation.
    En 1966, contre toute attente, les juges revinrent toutefois sur leur décision, et l’affaire Lord connut la conclusion positive que le commandant du Californian avait toujours appelée de ses vœux.
    Aux postes d’abandon
    « Le navire était tranquille, aucune agitation ne venait troubler la quiétude apparente qui régnait à bord. Rien ne faisait soupçonner un désastre imminent. » C’est en ces termes que Lawrence Beesley 179 devait décrire les premiers instants qui suivirent la collision. Comme dans l’attente du dernier acte.
    En fait, poursuit le témoin, aucun passager ne s’attendait à une issue fatale. Simplement, la situation qu’on leur imposait
à ce moment-là ne laissa pas de les surprendre et de les étonner. Au pire, de contrarier la quiétude de leur voyage.
    Percevant une agitation inhabituelle, Elmer Thaylor, qui occupait la cabine C 126, décida d’aller se renseigner. Il s’habilla, prit une cigarette dans son étui qu’il alluma dans la coursive, puis se rendit par le grand escalier jusqu’au pont-promenade. Croisant un membre de l’équipage, il l’interrogea sans se départir de son flegme. Et le garçon de cabine de lui expliquer tout aussi calmement que le paquebot était entré en collision avec un iceberg.
    Au même instant, un groupe de personnes accoudées au bastingage constataient que le navire s’inclinait vers l’avant : comme un homme poignardé, dira poétiquement Helen Churchill Candee. Ce fut sans doute à partir de ce moment que l’inquiétude se substitua aux premières interrogations. Bien des passagers convenaient maintenant que l’insubmersibilité du Titanic n’était peut-être qu’un argument publicitaire…
    La rumeur d’un naufrage imminent se mit petit à petit à parcourir le navire, des salons de première classe, où l’on commençait à se regrouper, jusque sur les ponts inférieurs où les stewards avaient de plus en plus de difficulté à contenir les débordements des immigrants apeurés par une situation qu’ils ne comprenaient pas. Personne ne devinait l’issue du drame qui s’invitait comme une mauvaise plaisanterie, un scénario invraisemblable qu’on aurait jugé inimaginable une heure plus tôt. Mais dès lors que le commandant Smith demanda qu’on se munît de gilets de sauvetage pour se rendre sur le pont des embarcations, tout le monde s’attendit à vivre le pire.
    Il y eut bien quelques actes de résistance de passagers qui ne voulurent pas croire à cette fatalité, mais c’était une façon d’exorciser l’adversité. Si Elmer Thaylor refusa de mettre son gilet, il le recommanda tout de même à son épouse en lui conseillant d’enfiler son manteau de fourrure sur des vêtements chauds. Et lorsqu’elle désira se rendre au bureau du commissaire McElroy pour y récupérer ses bijoux, il l’en dissuada fermement.

    D’un seul coup, tout le navire fut en effervescence. On courait en tous sens, on cherchait son chemin dans les tenues les plus hétéroclites. Certains hommes avaient gardé leur pyjama sur lequel ils avaient enfilé, à la hâte et sans discernement, une veste de tweed, un pardessus ou une simple couverture.
    Une agitation silencieuse. Feutrée. Presque irréelle.
    Si d’aucuns cédaient un peu à l’affolement, la plupart bravaient encore stoïquement l’adversité. Les Butt, Widener, Guggenheim comprirent très vite qu’ils n’embarqueraient pas dans les rares chaloupes, qui emportaient en priorité les femmes et les enfants. Mais ils ne laissaient rien paraître du sort qui les

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