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Il était une fois le Titanic

Il était une fois le Titanic

Titel: Il était une fois le Titanic Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: G.A. Jaeger
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indications portaient un numéro correspondant à celui d’un sac de toile dans lequel étaient disposés les objets découverts sur eux.
    Au fur et à mesure qu’ils étaient identifiés, les noms des cadavres étaient transmis à terre par radio. Mais bientôt leur nombre grossit tellement que le capitaine Frederick Lardner demanda à être relevé. Le Minia , un câblier de l’Anglo-American Telegraph Company Ltd, partit d’Halifax pour le remplacer. Le 26 avril, ses hommes prenaient leur tour et poursuivaient la sinistre besogne commencée une semaine plus tôt. Durant le trajet qui le ramenait au Canada, le pavillon du Machay-Bennett fut mis en berne à la corne du mât d’artimon.
    Autour de la zone de récupération, de nombreux navires signalèrent qu’ils avaient croisé des corps dérivant et des débris sans doute détachés de l’épave après le naufrage. On parlait de chaises, de tables et de tabourets, de têtes de lits et de portes de cabines, voire de cloisons entières et de panneaux de bois verni. Pour sa part, l’équipage du Mackay-Bennett n’avait repêché que fort peu d’objets parmi les corps : un élément de chêne sculpté provenant d’un salon de première classe, une chaise de pont et le pilastre du grand escalier, qu’ils avaient finalement emportés après maintes hésitations. À leur arrivée, personne n’eut l’indécence de les critiquer.
    Sur les Grands Bancs de Terre-Neuve, le commandant de Carteret et les hommes du Minia avaient entamé le quadrillage d’une nouvelle zone. Mais leur travail était devenu
plus difficile en raison de la dispersion des corps et du temps qui s’était considérablement dégradé. Maintenant, les cadavres se trouvaient isolés, dérivant parfois jusqu’aux abords du Gulf Stream. Carteret savait que, désormais, seul le hasard permettrait d’en découvrir de nouveaux, et dans un état de dégradation qui nécessiterait sans doute une immersion immédiate.
    Le 6 mai, le Minia reprit le chemin d’Halifax avec quinze dépouilles à son bord, tandis que le ministère canadien de la Marine et des Pêches affrétait le Montmagny , un ancien bateau-feu qui avait reçu pour consigne d’étendre ses recherches jusqu’à 125 milles nautiques autour de la zone où les premiers corps avaient été retrouvés.
    Pendant ce temps, les autorités d’Halifax avaient transporté les dépouilles ramenées par les premiers convois dans une chapelle ardente provisoire, installée sur une base militaire à l’abri des regards indiscrets. C’est là que l’on procéda aux premières investigations. Puis, lorsque les identités furent enregistrées, il fallut présenter les corps aux familles. Cette fois, la cérémonie eut lieu dans la patinoire du Curling Mayflower. Il ne restait plus qu’à établir les actes officiels de décès et d’inhumation et à signer les documents de transport pour les corps dont on souhaitait le rapatriement. Il y eut cinquante-neuf demandes sur les deux cent neuf victimes ramenées à terre par l’ensemble des navires.
    Les cent cinquante autres corps furent inhumés dans la ville de douleur et de chagrin qu’était devenue la capitale de la Nouvelle-Écosse. Trois nécropoles furent choisies, selon la confession des victimes : le cimetière Baron de Hirsch pour les israélites, le Mont Olivet pour les catholiques et le cimetière de Fairview pour les protestants. Pour celles qui n’avaient pas été identifiées, la répartition se fit quelquefois de manière aléatoire, parfois sur la base de renseignements erronés ou fragmentaires. Il en fut ainsi pour le Français Michel Navratil, qui avait embarqué sous le nom de Hoffmann avec ses deux petits garçons. Sa véritable identité n’étant pas connue au moment de la cérémonie d’enterrement, sa dépouille fut acheminée vers le cimetière
juif. Quelques transferts auront lieu par la suite, mais ils seront exceptionnels.
    L’inhumation collective qui devait clore le chapitre du désastre maritime du Titanic se déroula le 3 mai 1912. Lors de la cérémonie, il y eut un moment d’émotion particulier lorsque fut mis en terre le corps anonyme d’un petit enfant que personne n’était venu réclamer. Leurs parents étaient vraisemblablement morts avec lui. La White Star Line, l’État canadien et des dizaines d’anonymes à travers tout le pays s’étaient offerts pour prendre en charge ses obsèques et le prix de sa pierre tombale. Mais c’est le

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