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Il suffit d'un Amour Tome 2

Il suffit d'un Amour Tome 2

Titel: Il suffit d'un Amour Tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Juliette Benzoni
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instant, Arnaud ricana et elle dut faire effort sur elle-même pour ne pas s'emporter contre lui. Elle parvint même à ne pas le regarder.
    — Depuis quand ? demanda-t-il goguenard.
    Les- yeux toujours fixés sur le gouverneur, elle répondit calmement :
    — Depuis que je sais le prochain mariage du duc. Tous les liens qui pouvaient exister entre lui et moi sont rompus. J'ai désobéi à l'ordre qui me faisait un devoir de retourner à sa Cour. Comprenez-moi, messire : voici bientôt cinq mois l'enfant que nous avions eu est mort. Il a emporté avec lui le dernier lien. Je suis partie...
    — Pour venir ici ? fit Gaucourt, étrange choix !... et encore plus étrange équipage pour une femme riche et puissante, car vous étiez l'une et l'autre.
    — J'ai été dépouillée en chemin par un brigand du nom de Fortépice. J'ai fui son château quand j'ai su qu'il avait envoyé à Bruges demander rançon pour moi. J'ai dû continuer comme j'ai pu... c'est-à-dire à pied.

    — Mais pourquoi venir ici ? Qu'y cherchiez-vous donc ?
    Catherine ne répondit pas tout de suite. Un flot de sang monta lentement à son visage tandis qu'une brusque émotion serrait sa gorge.
    Elle baissa la tête et murmura d'une voix sourde :
    — J'ai voulu suivre... un vieux rêve né voici bien longtemps ! Mais j'étais folle, je crois...
    Elle releva la tête et, comme des larmes brûlantes montaient à ses yeux, elle cria, prise d'une fureur subite :
    — Folle à lier, folle comme ces enfants que l'on voit se pencher sur les puits, les nuits de pleine lune, pour essayer de prendre son reflet entre leurs petites mains et qui meurent de leur illusion...
    Sa voix s'enroua. Le gouverneur l'examinait avec une curiosité qui n'était pas dénuée d'intérêt et qui n'échappa pas à Arnaud. Le capitaine eut un rire féroce.
    — Quand je vous l'avais dit ? Nous voilà en plein songe ! Cette femme veut nous faire croire qu'elle courait après un rêve. En vérité, messieurs, elle nous prend pour des sots. Si vous voulez qu'elle avoue, faites-lui donner la question. Je serais fort étonné qu'elle nous parle encore de rêves sur le chevalet.
    — Je vous ai déjà pris pour beaucoup de choses, Arnaud de Montsalvy, s'écria Catherine, mais jamais pour un sot et je le regrette !
    Ses dernières paroles furent couvertes par la discussion qui s'élevait entre les juges pour savoir si, oui ou non, la prisonnière serait remise au bourreau pour être questionnée. Une peur insidieuse se glissa dans les veines de Catherine à l'idée de la torture. Elle était déjà si affaiblie, si épuisée ! Dieu savait quels aveux insensés la souffrance pourrait lui arracher. Avec angoisse, elle suivait la rapide discussion à mi-voix des cinq hommes et se rendait compte que les trois échevins étaient pour Arnaud. Un seul était contre : le gouverneur. Elle l'entendait dire :
    — Tout cela n'a guère de sens, selon moi. Oubliez-vous que vous autres, gens d'Orléans, aviez envoyé messire Xaintrailles auprès de Philippe de Bourgogne pour lui demander de prendre la ville en charge et qu'il avait accepté ?
    Il avait accepté, en effet, mais n'avait pas pour autant retiré ses troupes. Il a fallu une mésentente entre lui et son beau-frère le régent Bedfort, pour qu'il le fît. C'est donc à un mouvement de mauvaise humeur que Philippe a obéi, non à un geste de solidarité française. De plus, il n'ignore pas que le ciel envoie à notre secours et qu'il n'a plus rien à attendre de nous. Je pense, moi, que cette femme est venue ici avec une mission bien précise et j'entends qu'on lui en arrache le secret. Le sort de notre ville en dépend peut-être, fit l'un des échevins.
    Les deux autres notables approuvèrent vigoureusement leur collègue.
    Arnaud eut un sourire oblique à l'adresse de Gaucourt.
    — Voyez, messire, nous sommes quatre contre vous. Nous l'emportons!
    Puis élevant la voix :
    — Bourreau ! Fais ton office !
    Derrière l'un des piliers, Catherine terrifiée vit surgir un homme court et trapu, tout vêtu de rouge et de brun. Un autre homme, pareillement équipé mais plus grand, le suivait. Les soldats s'écartèrent pour les laisser atteindre la prisonnière sur laquelle leurs mains rudes s'abattirent. En tournant la tête vers eux, Catherine avait aperçu tout un côté de la salle qu'en entrant elle n'avait pas vu. Un appareillage terrifiant s'y étalait autour d'une sorte de lit en bois grossier dont deux treuils formaient le chevet et

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