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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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rires
moqueurs avec une expression de confusion due au grand âge, que je ne reconnais
malheureusement que trop bien sur mes propres traits.
    — Bien, dit Cicéron avec une certaine satisfaction
alors que nous nous préparions à rentrer, en tout cas, je crois qu’il sait qui
je suis, maintenant.
    Je ne mentionnerai pas toutes les affaires dont Cicéron s’occupa
pendant cette période parce qu’il y en eut des dizaines, toutes entrant dans sa
stratégie de rendre le plus de personnes influentes possible redevables pour qu’ils
le soutiennent aux élections consulaires, et pour que son nom soit sans cesse
présent à l’esprit des électeurs. Il sélectionnait ses clients avec le plus
grand soin, et comptait parmi eux au moins quatre sénateurs : Fundanius,
qui contrôlait une grosse corporation de vote ; Orchivius, qui avait été
préteur en même temps que lui ; Gallius, qui projetait de se présenter à
la préture ; et Mucius Orestinus, accusé de vol, qui espérait devenir
tribun et dont l’affaire monopolisa le cabinet pendant de nombreux jours.
    Je crois que, jamais auparavant, un candidat n’avait abordé
le métier de la politique justement comme cela – comme un métier – et,
chaque semaine, il y avait réunion dans le bureau de Cicéron pour évaluer les
progrès de la campagne. Les participants apparaissaient épisodiquement, mais le
noyau dur de la cellule était composé de cinq personnes : Cicéron
lui-même, Quintus, Frugi, moi-même et l’élève de Cicéron, Caelius, qui, quoique
très jeune (ou peut-être justement parce qu’il l’était), se plaisait à
collecter les potins dans toute la ville. Quintus fut une fois de plus
directeur de campagne et insista pour présider les séances. Il se plaisait à
suggérer, par un sourire indulgent ou un haussement de sourcils occasionnel,
que Cicéron, malgré tout son génie, pouvait parfois être un intellectuel
farfelu qui avait besoin du bon sens un peu fruste de son frère pour lui
remettre les pieds sur terre ; et Cicéron se prêtait à ce jeu d’assez
bonne grâce.
    Ce serait une étude intéressante, si seulement il me restait
assez de vie devant moi pour l’écrire : l’histoire des fratries en
politique. Il y eut les frères Gracchi, bien sûr, Tiberius et Caius, qui se
consacrèrent à la redistribution des richesses des plus fortunés vers les
pauvres, et qui le payèrent tous deux de leur vie. Puis, à mon époque, il y eut
Marcus et Lucius Lucullus, consuls patriciens à un an d’intervalle, ainsi que
tout un tas de frères des familles Metellus et Marcellus. Dans une sphère de l’activité
humaine où les amitiés sont éphémères et les alliances contractées pour être
rompues, savoir que le nom de l’autre est irrévocablement lié au vôtre quels
que soient les tours du destin doit être une vraie source de force. La relation
qui unissait les Cicéron, comme celle qui unit la plupart des frères, je
suppose, consistait en un mélange complexe de tendresse et de ressentiment, de
jalousie et de loyauté. Sans Cicéron, Quintus aurait été un officier morne et
compétent dans l’armée, puis un propriétaire terrien morne et compétent à
Arpinum, alors que, sans Quintus, Cicéron serait resté Cicéron. Sachant cela,
et sachant que son frère le savait aussi, Cicéron faisait des efforts pour le
contenter et l’enveloppait généreusement dans le manteau scintillant de sa
notoriété.
    Quintus passa beaucoup de temps, cet hiver-là, à rédiger un
manuel du parfait candidat au consulat, sorte de concentré de ses conseils
fraternels à Cicéron, qu’il aimait à citer autant que possible, à la façon de
la République de Platon. Cela commençait ainsi : Considérez la
ville où vous vous trouvez, ce que vous recherchez et qui vous êtes. Chaque
jour, lorsque vous vous rendez au forum, répétez-vous : « Je suis un
homme nouveau. Je demande le consulat. Et c’est Rome. » Je me rappelle
encore certains des petits sermons qu’on pouvait y trouver : Il n’y a
partout que tromperies, pièges et traîtrises. Accrochez-vous au dicton d’Épicharme
qui veut que le fondement même de la sagesse soit : « n’accordez pas
votre confiance inconsidérément »… Veillez à faire étalage de la diversité
et du nombre de vos amis… Je tiens absolument à ce que vous ayez toujours une
petite foule autour de vous… Si l’on vous demande de faire quelque chose, ne
refusez pas, même si vous ne

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