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Imperium

Imperium

Titel: Imperium Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Harris
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d’une relaxe
marquée d’infamie. Clodius, craignant des représailles de Catilina et des
partisans, quitta la ville peu après pour servir dans l’état-major de Lucius Murena,
le nouveau gouverneur de Gaule transalpine.
    — Si seulement je m’étais chargé de l’accusation de
Catilina, grogna Cicéron, il serait à Massilia avec Verres maintenant, en train
de contempler le mouvement des vagues !
    Mais au moins avait-il évité le déshonneur d’avoir défendu
Catilina – et il attribuait principalement le mérite de cette
décision à Terentia, dont il écouta plus volontiers les conseils par la suite.
    La stratégie électorale exigeait à présent de Cicéron qu’il
quitte Rome pour quatre mois afin de faire campagne dans le nord de l’Italie et
en Gaule cisalpine. Aucun candidat au consulat n’avait, à ma connaissance,
jamais fait une pareille chose, mais Cicéron, quoiqu’il répugnât à quitter la
ville si longtemps, était convaincu que cela en valait la peine. Lorsqu’il
avait postulé à l’édilité, le nombre des électeurs enregistrés arrivait à
quelque quatre cent mille, mais ces listes avaient été révisées par les
censeurs et, avec l’extension du droit de suffrage remontant au nord jusqu’au
Pô, l’électorat atteignait à présent près d’un million de personnes. Très peu
de ces citoyens prendraient la peine de se rendre à Rome pour voter, mais
Cicéron estimait que, s’il arrivait à persuader ne fût-ce qu’un sur dix de ceux
qu’il rencontrerait à faire le voyage, cela lui donnerait un avantage décisif
sur le Champ de Mars.
    Il décida de partir après les jeux romains, qui commençaient
comme toujours le 5 septembre. C’est alors que Cicéron connut son deuxième – je
n’appellerais pas cela exactement un choc, mais ce fut certainement plus
dérangeant qu’une simple surprise. Les jeux romains étaient toujours organisés
par les édiles curules, dont l’un n’était autre que César. Comme cela avait été
le cas avec Antonius Hybrida, nul n’en attendait grand-chose dans la mesure où
l’on savait César sans le sou. Mais il prit cependant toute l’organisation à sa
charge et, de sa manière seigneuriale, déclara que ces jeux étaient donnés non
seulement en l’honneur de Jupiter, mais aussi à la mémoire de son père défunt.
Des jours auparavant, il fit construire des colonnades sur le forum afin que
les gens puissent déambuler et regarder les bêtes sauvages qu’il avait fait
venir, et les gladiateurs qu’il avait achetés – pas moins de trois
cent vingt paires, en pectoral d’argent : le plus grand nombre jamais
produit en spectacle public. Il donna des banquets, fit faire des processions,
organisa des pièces de théâtre et, au matin même des jeux, les citoyens de Rome
découvrirent qu’il avait fait édifier pendant la nuit une statue du héros populaire
Marius – personnage honni des aristocrates – dans l’enceinte
du Capitole.
    Catulus insista immédiatement pour convoquer le Sénat et
déposer une motion demandant que la statue soit démontée sans délai. Mais César
lui répondit avec mépris, et sa popularité était telle à Rome que le Sénat n’osa
pas insister. Chacun savait que le seul capable de prêter à César assez d’argent
pour un spectacle aussi somptueux ne pouvait être que Crassus, et je me
souviens de Cicéron rentrant des jeux romains aussi abattu que lorsqu’il était
revenu des jeux en l’honneur d’Apollon donnés par Hybrida. Ce n’était pas tant
que César, de six ans son cadet, puisse jamais devenir son adversaire dans une
élection, mais plutôt que Crassus préparait visiblement quelque chose et qu’il
n’arrivait pas à déterminer quoi. Cicéron me fit cette nuit-là la description d’une
partie des attractions.
    — Un malheureux, un criminel, a été amené, nu, au
centre du cirque, armé d’une seule épée de bois, puis ils ont lâché une
panthère et un lion qu’on avait visiblement affamés pendant des semaines. En
fait, il a fait assez bonne figure pendant un moment et s’est servi du seul
avantage qu’il avait – son cerveau – pour tenter de
désorienter les bêtes et les pousser à s’entre-tuer au lieu de l’attaquer. La
foule l’acclamait. Mais, à un moment, il a trébuché et les animaux l’ont réduit
en pièces. J’ai regardé autour de moi, et j’ai vu Hortensius et les
aristocrates qui riaient et applaudissaient d’un côté, et

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