Inaccessible Étoile
sentiments donc, parfois follement amoureuse, parfois fuyante par peur de souffrir.
Je fais cependant mon travail, dans la journée, je fais visiter la région à mes petits vieux à l'aide de guides touristiques que j'apprends et consulte avec sérieux, et sur les conseils de Sylvie qui est de la région et la connaît bien, et le soir je m'occupe des animations.
En même temps je n'ai pas la tête à ce que je fais et ne pense qu'à Sylvie dont les états d'âme m'inquiètent quand même.
Que de fous-rires, de courses sur la plage, main dans la main. Que de moments d'un romantisme digne des auteurs les plus romantiques.
Que de dîners aux chandelles dont un sur la plage à 3 h du matin, sous les étoiles !
Que de fois nous dansons sur le sable tendrement enlacés. Que de nuits torrides aussi, dans tous les endroits possibles.
Pas une seule fois je ne m'ennuie avec Sylvie au cours de ces deux mois, pas une seule seconde !
Cependant je m'efforce d’être attentif aux seniors, je les aime beaucoup et nous partageons beaucoup de choses dont souvent de grands éclats de rire. Pour moi les personnes âgées représentent une telle densité de souvenirs, d’expériences, de vécu, que j’ai toujours pensé qu’ils étaient un enrichissement certain pour les jeunes. Dommage que de notre temps ils sont tellement négligés, trop souvent méprisés, considérés comme plus bons à rien, ils ont tant à nous apprendre !
J'effectue mon contrat de deux mois, puis les seniors rentrent à Paris, dans leur maison de retraite.
Moi je veux rester un peu à Cap-Breton, pour essayer de convaincre Sylvie de vivre avec moi. Je rencontre même ses parents qui voient mon projet d'un très bon oeil, mais rien n'y fait, Sylvie voit la fin de mon séjour ici et est persuadé qu'il correspond à la fin de notre histoire, que je vais la quitter, l'abandonner, qu'elle n'y survivra pas sans d'horribles souffrances. Sylvie traîne un mal de vivre, un peu comme moi, avant de la rencontrer, et j'ai beau m'efforcer de la rassurer, lui demander de m'épouser, rien n'y fait.
Mais je l'inquiète aussi. Tu t'attaches trop, tu m'aimes trop, ça me fait peur, je vais te détruire, disait-elle.
Elle était la deuxième à me dire ça, après Malika. Je ne suis pas une fille pour toi, j'ai trop peur de l'amour, de souffrir.
Quel était l'homme qui avait pu ainsi lui donner une telle peur ?
J'apprends alors, par son propre père, que ce n'est point un ex, mais sa jeune soeur qui s'est donnée la mort suite à une déception amoureuse, l'année précédente. Sylvie en est restée traumatisée.
Sylvie souffre de m'avoir si bien accroché, de m'avoir rendu fou amoureux comme je le suis, et en même temps de l'être devenue elle-même, elle souffre de ses sentiments passionnés, mais elle ne peut s'abandonner, convaincue que l'histoire de sa jeune soeur va se répéter. Elle fera des pieds et des mains pour que je rentre à Paris quelques mois plus tard.
Je suis complètement déprimé, le moral au ras des pâquerettes et plus rien qui m'attend à Paris.
Je retrouve Michelle au tribunal pour le divorce qui est prononcé à l'amiable. Un divorce sans problèmes, puisque je ne réclame rien, lui laisse absolument tout, y compris l'appartement que je lui ai offert grâce à mon travail, juste avant mon départ et qui est complètement payé.
Je ne lui fais aucun reproche, je me sens plutôt coupable de ne pas avoir su la rendre heureuse.
Une période noire de dépression, je me sens un raté, un nul, essaye de comprendre pourquoi je suis né, ce que je fous sur terre, pourquoi je ne suis pas mort à la naissance, tout aurait été plus simple.
Adieu les salons en marbres et en boiseries des villas, châteaux et appartements de l’avenue Foch à Paris, finis les costumes trois pièces et les gros cigares, le champagne et les dîners qui auraient fait pâlir le plus aisé des cadres supérieurs.
Comme à l'accoutumée et selon ma nature qui ne s'avoue jamais vaincue, je me mets très vite en selle en retrouvant du travail comme barman dans un club privé et dont la patronne est une ancienne relation du milieu.
Instinctivement, j’ai toujours été un battant ayant l'instinct de survie, et selon le dicton : Ce qui ne tue pas rend plus fort !
Du plus bas, je parviens toujours à remonter la pente, comme si une personne divine soufflait en moi une force et une puissance, que je ne comprends pas alors, mais qui me permet de relever la tête et de la sortir hors
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