Inaccessible Étoile

dans ma tête. Probablement est-ce le manque d'aventure qui me manque !
Ce ne sont pas les aventures féminines, je n'en ressens nullement le besoin, je suis comblé à ce niveau-là avec Michelle, mais mon enfance étant ce qu'elle a été, de me retrouver dans une vie calme, dans un couple serein, sans surprises, comme si tout mon avenir était tracé d'avance, telle une autoroute, cela me pousse à m'interroger sur le bien fondé de cette vie, sur son intérêt pour moi.
Lorsqu'on me propose un travail de guide accompagnateur, dans le sud-ouest de la France, à Cap-Breton dans les Landes.
J’accepte d’autant plus que j’ai eu l’occasion de visiter cette région avec Malika.
C'est enfin une nouvelle aventure, l'appel du large qui se présente à moi et auquel je ne sais résister, me sentant mourir à petit feu dans ce couple, cette vie qui m'est offerte avec Michelle, une vie sans surprises, m'imaginant à soixante ans toujours à la même place sans avoir rien connu vraiment du monde.
Michelle est d’accord que je parte faire la saison pour ce travail et afin de réfléchir vu que nous commençons à parler séparation, voire divorce, elle sait en fait que le résultat sera le même, telle Fanny laissant Marius prendre la mer, sachant qu'elle ne le reverra jamais.
Et c'est ce qui se passe, cette attirance, non pas vers les horizons maritimes, mais vers le monde qui m'appelle, qui m'attire depuis quelques mois déjà, sans que je ne puisse y résister, pas davantage que Marius, dans la célèbre trilogie de Marcel Pagnol. Ainsi sont les hommes qui rêvent encore !
Parfois, certains hommes se laisseront emprisonner, se laisseront mettre la corde au cou pour fonder une famille qui tiendra la route, mais ce sera au renoncement de bien de leurs rêves d'enfant, au renoncement de leur nature profonde.
Dans sa nature, l'homme est un nomade, un voyageur, c'est ce qui le différencie souvent de la femme, souvent ce qui les sépare, elle a besoin de construire, il a besoin de voir le monde, de réaliser ses rêves, tel Alexandre le bienheureux lorsqu'il part à la fin du film d'Yves Robert, lorsqu'on lui demande où il va : Je vais voir...
J'ai besoin d'aller voir moi aussi !
Pendant mon mariage, je n'ai jamais trompé Michelle, ce qui n'est donc pas la raison de notre séparation, simplement, nous avons fait trop vite pour nous marier, à peine un mois après nous être rencontrés, nous ne nous connaissions pas, et encore une fois je le dis, j'étais immature pour fonder une famille, moi qui n'en avais jamais eu d'exemple autour de moi. J’étais mal dans ma peau, trop mal pour fonder une famille.
Un enfant m’aurait peut-être remis à niveau, mais hormis une grossesse nerveuse, Michelle ne pouvait en avoir, et je crois, pour être lucide, qu'un enfant n'a jamais retenu un homme que le monde appelait, le besoin de « voir » taraudait, tout au plus cela aurait constitué une chaîne telle celle des forçats qui n'aurait fait que m'asservir sans pour autant nous apporter le bonheur ni rien changer de profond dans notre couple, pas dans le fondement.
De plus, je n’avais aucune ambition, ni professionnelle, ni d’espérance dans l’avenir, le mien.
Je me contentais de faire ce que j’avais à faire, travailler, ramener l’argent, être là pour Michelle, paraître dans les soirées bourgeoises, ce que j’arrivais assez bien à faire.
Bien sûr la famille de Michelle me propose un poste important dans un ministère, mais quoi ?
Pour quoi faire ? Moi qui ne connais rien et qui ai tout à découvrir, tout à apprendre.
Un poste de cadre supérieur qui consisterait en réalité à rester à ne rien faire, dans un bureau avec vue sur les Champs-Élysées ? Ne rien faire ou quasiment, ce qui m'est proposé, je refuse poliment. Je pourrais apprendre, me forcer, mais l'appel du large est plus fort que mon ambition et celle de Michelle, différente en tout cas.
Michelle est une gentille fille qui n'a pas eu de chance en tombant sur moi, bien que je ne pense pas avoir été un mauvais mari, car fidèle et lui donnant toute ma paye, toute la tendresse que je savais, mais un mari immature à trop de choses et principalement à la vie de couple.
Le travail que l'on me propose comme guide accompagnateur, pour des personnes du troisième âge, n'a rien à voir avec ce que j'ai fait jusque-là, quelle folie à côté de ce poste de cadre supérieur honteusement bien payé par rapport à mes capacités réelles, mais je ne