Inaccessible Étoile
soulagement, je fus même surpris d’être soulagé de ne plus être avec Domino.
Je les accompagne sur leur demande, puis au bout d’un moment, dans l'appartement du couple, quand je vois que ça va tourner à la partouze je les salue et les quitte pour ne jamais les revoir, ni les unes ni les autres. Grand bien leur fasse !
En bas de leur immeuble, dans la nuit, j’ai l'impression de respirer à nouveau de l’air sain.
Le temps passe et je vois Domino finir un jour seule à tenter de séduire quelques jeunes minettes, voire quelques vieux beaux.
Si c'est ça qu'elle appelle être une femme libérée.
Mamy et notre collaboration ont quand même changé beaucoup de choses dans mon esprit, sur la compréhension du couple moderne, de l'évolution des moeurs, j’ai mûri grâce à elle, ce qui me permet de refuser de participer à cette dernière soirée libertine de Domino.
Isabelle
Pendant les mois qui suivent ma séparation d'avec Domino, je passe mon temps entre le travail dans les bars et la rédaction de diverses chroniques avec Marie de Meyronnes, Mamy, qui, provisoirement, est à Paris pour quelques mois et pour quelques conférences, notamment sur le féminisme. Je lui sers de secrétaire et elle me forme à la psychothérapie.
Nous traînons beaucoup du côté de Saint-Germain-des-Prés où elle habite durant son séjour (rue de Bucci). C'est à cette occasion que je croise à nouveau Simone de Beauvoir qui est une de ses amies proches, tout comme Gisèle Halimi, toutes deux combattantes féministes et que je les écoute parler avec un grand intérêt de la condition de vie des femmes.
Si elles pouvaient m'aider à les comprendre...
Mamy et de Beauvoir se sont connues assez jeunes, puis elles furent en froid au début des années 60, à l'époque de la guerre d'Algérie.
De Beauvoir ne comprenait pas l'inertie des Français face aux événements de l'époque, concernant l'Algérie, ça la révoltait et elle commençait sérieusement à avoir honte d'être française.
Mamy avait tenté de lui expliquer alors que les Français sont comme ça, tant qu'on ne touche pas à leur porte-monnaie, à leurs privilèges nationaux, à leur patrie, ils ne réagissent pas aux événements dans le monde, ou si peu.
Quelques-uns bien sûr descendent dans la rue, manifestent, s'activent dans un comité de défense, mais ce n'est pas la majorité.
Le Français est chauvin et individualiste en général, il regarde à son porte-monnaie avant de regarder la misère dans le monde, principalement l'ouvrier qui a une famille à faire vivre.
De Beauvoir n'acceptait pas cette vision des choses, mais dut bien vite se rendre à l'évidence, les Français et la politique internationale, ça faisait deux, et elles s'étaient réconciliées après les événements de mai 68.
Car en mai 1968, il y avait eu la révolution, certes, mais de Beauvoir, par la force des choses, avait bien dû constater que seule une grande poignée de jeunes, comme Daniel Cohn-Bendit, savait pourquoi elle luttait, mais pas la majorité.
Sur les barricades de nombreux jeunes n'étaient là que pour se défouler en bande et en toute impunité ou presque, sans mesurer réellement le combat politique et la lutte contre l'autoritarisme et contre la grande rigidité qui cloisonnait les relations humaines et les moeurs dans toute la société.
Plusieurs reportages furent réalisés alors sur la motivation des jeunes qui cassaient et brûlaient les voitures, qui se trouvaient sur les barricades à lancer les pavés. La plupart d'entre eux avouaient être là, agir ainsi pour s'éclater avec les copains, mettre la France à feu et à sang dans un pur style anarchique uniquement pour se marrer, étant apolitiques, juste par solidarité avec les autres jeunes.
Désormais, selon eux, il est interdit d'interdire, tout est donc permis !
Alors que ce n'était pas du tout la motivation des responsables du mouvement d'étudiants de Nanterre et de la Sorbonne.
De Beauvoir et Mamy se revoient donc régulièrement depuis lors et j'assiste parfois à leurs entretiens communs.
Quand je ne suis pas avec Mamy ou à traîner dans Paris, je travaille, dans la brasserie-tabac, porte de Clignancourt à Paris.
C'est là que je retrouve Jacques Mesrine, alias Bruno qui est en cavale et possède une planque dans le voisinage, rue Belliard, début 1979.
C'est le regard surtout qui nous permet de nous reconnaître tout de suite, j'ai passé assez de temps avec lui, deux ans plus
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