Inaccessible Étoile

beaucoup et gagne bien ma vie à la brasserie, alors je reprends un appartement rue Lepic, à Montmartre et m'accorde quelques vacances à l'île Maurice avec Cathy, l'ex belle-fille de Marie de Meyronnes, ma vieille amie psy.
Cathy a divorcé il y a peu du fils de Marie, Mamy comme nous l'appelons.
Est-ce une nouvelle mode, l'évolution des moeurs ? Cathy vient de se découvrir un goût préférentiel pour les femmes, ce petit voyage n'a donc rien d'un voyage sentimental, même si nous sommes extrêmement proches Cathy et moi, même si elle tente de vérifier une dernière fois qu'elle a bien une préférence maintenant pour les femmes.
Cathy hésita pendant les dix jours que nous passons à Goodsland, elle adore ma façon de faire l'amour, avant de conclure que je fais l'amour comme une lesbienne... avec un truc en plus... (sic).
Renouvelant le test avec d'autres, au retour du voyage elle était sûr, elle était lesbienne, bisexuelle avec 5 % pour les hommes seulement, selon elle.
Notre relation dès lors demeura la même qu'entre un frère et une soeur fort complices, mais niveau sexe, la chose s'arrêta là.
Je n’ai pas tellement souffert de notre séparation avec Domino, la vie avec elle était devenue oppressante, je me rendais malade de jalousie, de frustrations de ne pouvoir construire un couple conforme à la généralité, seul son fils, Sébastien me manque.
J’aurai aimé le voir grandir, mais la vie avec sa mère était devenue impossible. C’étaient des querelles continues, un fiel amer permanent, pas la vie que je voulais et ce n’était pas non plus une ambiance saine pour lui.
Je ne suis donc pas fait pour construire quelque chose, une famille, semble-t-il, ou est-ce moi qui suis en décalage avec l'évolution des moeurs ?
Je ne sais pas.
Nous sommes entrés dans une génération d'amour intérim où on se sépare au premier problème, où un homme de perdu c'est dix de retrouvés, où le sexe n'a plus le côté saint et sacré du passé, on couche comme on respire. Ce n'est pas nouveau du côté des hommes et je comprends que les femmes s'y soient adaptées et adoptent les mêmes attitudes que les hommes, mais elles les dépassent maintenant.
Ce n'est plus l'homme qui chasse, c'est la femme ! L'homme proposait, la femme disposait, selon un dicton, maintenant c'est l'inverse.
Cela devient de plus en plus évident que je suis en décalage, vu tous mes échecs répétés, plus je suis honnête, fidèle et fiable dans un couple, moins ça fonctionne.
Ayant admis que c’est une fatalité pour moi, je n’ai étrangement aucune difficulté, en apparence, à accepter d'être en décalage, j’évite juste d’y penser trop souvent, car je reçois mon incompréhension des femmes alors en pleine face, même en ayant lu et relu Le deuxième sexe de Simone de Beauvoir, censé expliquer beaucoup de choses.
Il me faudra des années encore à comprendre cette oeuvre. Seul, je respire à nouveau et réapprends à vivre dans le calme, avec une certaine sérénité, ayant donc accepté, en apparence, que jamais je ne pourrai avoir une famille à moi, une famille équilibrée, saine.
Que hommes et femmes ne sont plus faits pour cohabiter dans une image de l'amour romantique d'un siècle passé.
Ce fait est pour moi un mystère, mais si Dieu l’a décidé pour moi, peut-être l’ai-je trop offensé, c’est ma punition, la punition de ma vaine façon de vivre, je l’accepte.
Je n'ai pas compris encore que c'est tout simplement les femmes et la notion de couple qui ont changé.
Je me promène dans Paris, vers les quais principalement, l’île de la Cité, je redécouvre Paris, ma ville natale. Je vais m’oxygéner au bois de Vincennes, de Boulogne, visiter les zoos, les musées, je vais au théâtre. J'ai aussi de longs entretiens avec Mamy, ma psy avec qui je travaille même sur deux thèses, La vie de couple et Les enfants rois, lesquelles seront publiées dans un magazine de psychologie.
Ces entretiens et cette collaboration vont durer plus de deux ans, dont certaines participations à des émissions de radio.
Je croise un jour Domino, l'invite elle, et une de ses amies qu’elle impose presque, au restaurant. De toute évidence, elle n'a pas changé, mais maintenant célibataire, elle profite généreusement de cette liberté.
Ce soir-là, avec sa copine, elles trouvent encore les moyens de se faire inviter par un couple, chez elles. La femme me demande avec laquelle je suis. Aucune, répondis-je, avec