Inaccessible Étoile
l'état, la police, la gendarmerie, l'enseignement, le secteur médical, etc.
Avant, le prétexte était que les salaires étaient trop bas pour vivre décemment alors il fallait bien se débrouiller, mais c'est devenu maintenant un vrai mode de vie. Il faut savoir que ce pays est en proie à une pauvreté généralisée. Environ 51 % de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté (soit un revenu par tête inférieur à deux 226 euros par an).
Dans les milieux pauvres tout est profitable, rien ne se jette, tout se récupère, la notion d'entraide fait totalement partie de leur vie, surtout à l'intérieur de la famille.
Une personne parfois travaille seule pour nourrir tout le reste de la famille, et ici la famille on sait où ça commence, mais on ne sait pas où ça s'arrête.
Je retrouve après des années le café-pension, dans lequel j'ai travaillé comme co-gérant, quelques années plus tôt.
Il est situé dans le quartier Etoa meki, dans le centre. Je m'installe dans la chambre que Brad m'a préparée, Mamy et Cathy dans la leur.
Cathy, je la connais par Mamy. C'est une jeune femme blonde et pleine de charme qui exerce la profession de journaliste.
Cathy et moi avons à plusieurs reprises été amants, mais nous savons l'un et l'autre que rien ne pourrait se créer entre nous autre que l'amour-amitié, elle est trop indépendante et surtout elle préfère les femmes. Malgré tout, une forte complicité nous unis parce que nous nous connaissons parfaitement l'un et l'autre, assez pour que régulièrement Mamy nous appelle « les jumeaux ».
Le lendemain matin, nous partons Brad et moi, après quelques verres pour le quartier de la La Brique, quartier musulman de Yaoundé, laissant les femmes entre elles.
Nous y dégustons une bonne salade d'avocat et du soya, viande grillée avec des épices, accompagnées de jus d'ananas sucré et mousseux.
Brad me propose de nous faire visiter dès le lendemain la forêt d'Edéa qui est une forêt très dense avec des palétuviers géants de plus de dix mètres de hauteur et des lagunes non identifiées encore par les cartographes. Dans le quartier Mokolo, des petites vendeuses crient : Batons, batons, de la pâte de manioc roulée dans des feuilles de bananier, nous en achetons, puis au marché de Mokolo nous faisons provision de boulettes de poisson, de litres de miel, de bananes et de mangues dans son dédale couvert.
Ce quartier commercial a d’abord été le quartier d’immigration de la capitale et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’on y retrouve aujourd’hui plus d’immigrés que d’autochtones.
Le soir même nous restons à discuter avec Brad et France, leurs parents, Mamy et Cathy, tout en regardant d'un oeil distrait la Crtv, la chaîne publique camerounaise.
Nous avons tant à nous raconter que nous restons éveillés jusqu'à 5 h du matin.
Ce qui m’enchante à Yaoundé, c’est la vie, cette joie de vivre, énormément de monde dans les rues, ça boit, ça chante, ça rit, ça achète, tout ça avec une température qui se situe vers les 25-30°C, c’est vraiment chouette.
Yaoundé c'est des enfants partout. Ça circule, ça bouge, ça transporte toutes sortes de choses, ça vit. Tout se fait dehors. Toutes sortes de bâtiments, de la végétation luxuriante, omniprésente, de grands arbres, des palmiers, des champs de maïs, mais surtout les gens qui prennent le temps de vivre, qui ne sont pas stressés ici. Tout le monde semble circuler en taxi jaune, ils pullulent dans la ville et klaxonnent tout le temps pour signaler leur arrivée, mais personne ne s'énerve, jamais, ni les chauffeurs, ni les piétons. On est loin de la France.
Nous passons un séjour bénéfique avec Brad et France, dix jours d'un repos qui va nous remettre sur pieds, enfin surtout moi. Cathy m'y aide beaucoup, dommage qu'elle soit si indépendante !
La séparation avec Brad et France, au dernier jour n'est pas facile, nous ne savons pas quand nous reviendrons, moi moins que Mamy et Cathy, qui, elles, voyagent beaucoup.
À Marseille, je reprends assez vite le travail, il est agréable et ça me change les idées de passer mes journées, ou mes nuits, lorsque j'étais de nuit, à discuter sur Minitel, puisque c'était mon travail.
En effet, je travaille pour une messagerie qu'on appelle rose.
Il est vrai, et les gens ne le savent pas pour la plupart, du moins les habitués de ce genre de réseau Minitel, que ces messageries sont une véritable arnaque
Weitere Kostenlose Bücher