Inaccessible Étoile
administrative, donc gouvernementale que personne n'a encore osé dénoncer.
En effet, dès que sur une messagerie il y a plus de cinq personnes pour discuter, c'est généralement une arnaque. Ce sont souvent des gens comme moi, payés pour retenir ceux qui y viennent et augmentent leurs temps de connexion, donc leurs factures de téléphone. Aujourd'hui il en est de même sur les forums de discussions payant d’Internet.
Mon travail est simple. Des hommes viennent, cherchant à discuter avec une grande blonde belle comme une déesse, passionnée de littérature, je suis ça, en plus j'habite systématiquement leur région, quelle chance !
Ils cherchent une petite brune passionnée de moto ? C'est mon cas, et toujours dans leur région, voire dans leur ville.
Par la suite, je passe au service gay, messagerie des homos bien que je ne le sois en aucune manière, mais ça paye mieux. Seul le baratin compte et le fait de retenir les gens le plus longtemps possible sur le service, c'est tout ce qui intéresse la direction de la boîte.
Je travaille sur ce service avec Vanessa et Malou.
Je suis animateur télématique.
Le rêve qu'est venu chercher celui qui vient se connecter sur la messagerie, je lui promets rendez-vous, nuit d'amour, de folie ou même simplement un appel téléphonique en direct, ce qui n'arrive jamais vu que tout ce que je raconte aux connectés n'est que du vent fournit à l'aide de documentations.
Et ça marche bien, il y a des connectés qui passe des journées, des nuits entières sur le site pour n'avoir au bout du compte qu'une énorme facture de téléphone et rien d'autre, du rêve, un rêve qui leur coûte cher.
Au passage France Télécom prend sa commission, une belle commission.
Nous, nous ne sommes pas mal payés non plus. Je n'encourage personne à aller sur les 3615 code.... (suivis d'un prénom féminin ou d'un nom à connotation érotique, sensuel). C'est une gigantesque arnaque ! Toutefois avec l'apparition des tchats sur internet, ces messageries roses ont perdu une grande clientèle de gogos.
Pour moi, donc les choses vont assez bien, le travail avec un très bon salaire, le calme à la maison, des amis (Africains, pour la plupart), le reste du temps la plage, les beautés de Marseille, les calanques, le soleil.
Je vis une année ainsi, de repos sur le plan cérébral, juste de petites aventures sans engagement mutuel, généralement de jeunes femmes mariées. Je ne veux plus entendre parler de vie commune pendant toute cette période.
Je suis changé, transformé, certaines de mes tentations, de mes luttes et de mes combats intérieurs ont disparu ou tout au moins sont rangés dans un placard.
Ce qui me manque, c'est M et C. J'ai au moment de leurs anniversaires, de Noël, une grosse déprime, mais je ne parviens pas à les retrouver. Le premier Noël, je le passe avec des SDF de Marseille.
Les gens de l’Armée du Salut ont préparé un repas de Noël pour les SDF. Vanessa et Malou leur donnent à cette occasion un coup de main en tant que bénévoles, comme beaucoup d'étudiants.
Elles me demandent si je ne veux pas venir avec elles. C'est une expérience fort enrichissante à vivre.
Bien que n'ayant rien, les SDF conservent malgré tout un trésor précieux, une âme d'enfant ! Il faut voir leurs sourires en apprenant qu'ils ne seront pas seuls en cette nuit solennelle, qu'ils mangeront à leur faim, qu'ils auront même droit à un petit cadeau, pas grand chose, mais ce petit geste représente un trésor à leurs yeux fatigués, usés, tristes en temps normal.
C'est avec trois d'entre eux principalement que je vais passer le réveillon, malgré la peine que j'ai de passer ce Noël sans mes enfants et l'envie de rester seul ce soir-là.
Je suis chargé de veiller sur eux, de leur servir le repas. Ils sont pauvres, mais ça ne les rend pas égoïstes, nous discutons, faisons connaissance, et ce sont eux qui me remontent le moral.
Il est vrai qu'ils sont bien plus âgés que moi et avec une grande expérience de la vie. Les pauvres ont souvent été plus solidaires envers les leurs que les riches envers les pauvres.
Pauvres, parfois sales, grossiers, mais, je le découvre ce soir-là, avec une telle intensité d'amour dans le coeur que je parviens à discerner leurs blessures, datant souvent de l'enfance et d'un manque d'amour profondément enraciné en eux. Ils étaient pauvres, mais cachaient un trésor au fond de leur coeur, l’amour et la charité. La charité oui,
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