Indomptable

murmures soufflaient en rafales comme des
    vents changeants.
    — Ils attendent encore, monsieur, dit calmement Gwyn.
    — Quoi ? demanda Dominic.
    Même la vieille sorcière Druide de la Vallée tressaillit au
    son de la voix de Dominic. Au bout d’un moment, elle
    répondit.
    — Vous. Ils sont dans le besoin, et vous êtes leur
    seigneur.
    Sans un mot ou un regard en arrière, Dominic traversa
    la grande salle pour rejoindre l’avant-corps. Lorsque les
    vassaux le virent apparaître à la large porte d’entrée avec sa
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    cotte de mailles scintillant sous son manteau épais, le
    silence se fit dans la cour.
    Avant que Dominic ne puisse parler, Harry monta les
    marches. Il tenait une petite bourse en cuir à la main.
    Des pièces s’entrechoquèrent à l’intérieur.
    — Adela et moi avons entendu ce qui s’est passé, dit
    Harry. Ils réclament une rançon épouvantable.
    Lorsque Harry tendit la bourse, Dominic fut trop sur-
    pris pour bouger.
    — Prenez-la, l’empressa Harry. Ce n’est pas grand-
    chose, je sais, mais c’est tout ce que nous avons. Je vous en
    prie, monsieur. Quand Adela souffrait, Meg est venue
    l’aider.
    Avant que Harry ne s’en aille, le maître fauconnier mon-
    tait les marches de l’avant-corps. Dans ses mains, il tenait
    un bol en bois qui contenait quelques précieuses pièces.
    — Mon deuxième fils a été piétiné par un étalon de
    guerre à l’âge de quatre ans. La maîtresse a mis les genoux
    dans le bourbier et a soulagé sa douleur mortelle. Elle n’avait
    pas encore neuf ans elle-même.
    Le maître fauconnier eut à peine déposé le bol aux pieds
    de Dominic que les autres vassaux s’avancèrent les uns
    après les autres, avec dans les mains toutes sortes de petits
    trésors qu’ils avaient amassés durant toute une vie de dur
    labeur. Chaque cadeau était accompagné d’une phrase ou
    deux.
    — Elle est restée au chevet de mon père.
    — Lorsque mon frère était malade et qu’il n’y avait pas
    de brins de paille à brûler, elle lui a donné son manteau.
    — Elle a guéri mon fils.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Mon bébé serait mort si elle n’avait pas été là.
    — Elle m’a réconforté.
    L’argent que Dominic avait donné à ses vassaux le jour
    de son mariage tomba comme une pluie argentée dans le
    bol. Les pièces étaient rendues les unes après les autres,
    témoignant silencieusement de l’affection des vassaux pour
    leur maîtresse Druide de la Vallée. Les pièces étaient accom-
    pagnées de mots chuchotés qui parlaient d’amour hors de
    prix.
    — Elle a guéri ma main.
    — Quand mon épouse a eu besoin d’elle, elle est venue.
    — Alors que tout le monde disait que j’étais ensorcelé,
    elle m’a guéri.
    — Je suis aveugle. Sa voix est ma lumière.
    Finalement, il ne resta plus personne sur les marches de
    l’avant-corps, à part un garçon qui ne devait pas avoir plus
    de neuf ans. Un grand chien en piteux état claudiquait à ses
    côtés. Dominic regarda la main soigneusement fermée du
    garçon et se demanda ce qu’un aussi jeune enfant avait bien
    à offrir, et pourquoi.
    Comme pour se donner le courage de parler, le garçon
    enfonça une main dans le pelage épais du chien tout en
    avançant son autre main. Sur sa paume se trouvait son plus
    grand trésor — l’un des bonbons turcs que Dominic avait
    donnés à ses vassaux en même temps que les pièces d’ar-
    gent. Le bonbon avait été mordillé à une seule extrémité,
    comme si chaque jour, le garçon ne prenait qu’un petit mor-
    ceau de ce rare régal afin de le savourer.
    — Elle a sauvé mon chien quand il a été attrapé par un
    piège.
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    Le garçon déposa le bonbon sur la pile de pièces et s’en-
    fuit. Le chien le suivit comme une ombre brune en loques.
    Dominic tenta de parler, mais n’y parvint pas. Comme
    des gouttes s’assemblant pour former des ruisselets et des
    ruisseaux jusqu’à créer une rivière imposante, les cadeaux
    et les paroles témoignaient de la valeur qu’avait la vie de
    Meg pour les vassaux du château. Elle représentait la paix
    et l’espoir dans un monde de guerre et de famine. Elle était
    un rayon de soleil, le rire et la guérison, alors que tout le
    reste n’était que souffrance.
    Elle était tout cela et bien plus encore pour le guerrier
    qui s’était marié pour les terres et des fils et qui avait reçu la
    vie et l’amour.
    Dominic fut enfin capable de