Indomptable

femmes les plus
    riches de toute l’Angleterre.
    — Il s’agit là de la première parole gentille que vous
    prononcez à propos de Dominic le Sabre.
    — S’il doit s’agir d’une ordure normande, autant que ce
    soit une riche ordure normande. Ainsi, les prêtres seront
    grassement payés pour les mensonges qu’ils devront psal-
    modier devant le cadavre de Dominic le Sabre. Puisse sa
    tombe être proche et aussi profonde que l’Enfer lui-même.
    La haine dans la voix d’Eadith fit tressaillir Meg. Eadith
    n’avait jamais pardonné aux Normands d’avoir assassiné
    son mari, son père, ses frères et ses oncles et d’avoir pris
    leurs biens.
    Le silence pesant était jalonné du lent ruissellement de
    l’eau. Le son donna la chair de poule à Meg. Elle se rendit
    compte qu’elle retenait son souffle tandis qu’elle comptait
    les gouttes qui tombaient de manière inexorable, un écoule-
    ment qu’elle aurait aimé arrêter.
    Le silence se fit.
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    INDOMPTABLE
    Le bol d’argent était vide.
    — Vite, dit Meg, levant les bras. Qu’on en finisse.
    En l’espace de quelques instants, Meg fut vêtue de
    volants de tissu qui attiraient le regard comme un clair
    de lune éclairant une rivière. Eadith tira sur les lacets à l’ar-
    rière afin que le tissu épouse le corps de Meg. Aussi léger
    que le brouillard, le vêtement se collait et virevoltait en
    mouvements argentés qui soulignaient les formes fémi-
    nines qui se trouvaient dessous.
    Lorsqu’Eadith eut terminé, Meg fit un tour complet sur
    elle-même. Le vêtement se souleva et retomba parfaitement
    comme s’il avait été confectionné pour elle plutôt que pour
    sa mère avant elle.
    — Êtes-vous certaine que vous ne porterez pas la
    broche que Lord Dominic vous a offerte ? questionna
    Eadith.
    — Avant son mariage, une jeune fille des Druides de la
    Vallée ne porte que de l’argent. Après, elle ne porte que de
    l’or. Je porterai la broche bien assez tôt.
    « Si je survis. »
    — Sottises, marmonna Eadith. Vous ressemblerez à
    une créature terne à côté de la catin normande.
    Eadith lui tendit une chaîne très longue et élaborée,
    composée d’argent et de cristal pur. Comme l’horloge, la
    chaîne avait été transmise de génération en génération. Pas
    plus large que le petit doigt de Meg, presque aussi flexible
    que l’eau elle-même, la chaîne encerclait sa taille, se croisait
    à l’arrière sur ses hanches et repassait sur l’avant telle une
    ceinture étincelante.
    L’extrémité de la chaîne atteignait l’ourlet en une cas-
    cade silencieuse et élégante. De la même façon que l’eau, les
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    ELIZABETH LOWELL
    cristaux de la chaîne transformaient la lumière en de furtifs
    éclats colorés, des fragments d’arc-en-ciel aperçus un court
    instant.
    Meg leva ses mains dépourvues de toute bague et passa
    le peigne à travers sa chevelure amassée sur le haut de son
    crâne. Ses cheveux retombèrent sur ses épaules et sur sa
    poitrine, et glissèrent jusqu’à ses hanches, et même au-delà.
    Ses cheveux de feu contrastaient avec la couleur argent
    éthérée de la robe. Ils brûlaient de toutes les passions qu’elle
    n’avait jamais ressenties.
    — Bien, dit Eadith avec réticence, cela rend votre cheve-
    lure éclatante.
    La servante tendit le sobre bandeau en argent qui serait
    la seule chose que Meg porterait pour tenir ses cheveux et
    dégager son visage. D’anciennes runes étaient incisées sur
    la face intérieure du bandeau.
    — Je pourrais également épingler la broche à… com-
    mença Eadith, avant d’être interrompue.
    — Non.
    Meg rassembla sa chevelure pour la laisser entièrement
    retomber dans son dos. Sans un mot, elle tendit la main
    dans l’attente de son manteau à capuche argenté qui s’atta-
    chait à l’arrière de sa robe grâce à deux fermoirs en argent
    sur les épaules. Le tombé fluide du vêtement se répandit
    dans son dos, toucha le sol et continua au-delà telle une
    traîne ondulée couleur argent.
    D’un mouvement rapide, les mains de Meg relevèrent la
    capuche qui recouvrait à présent sa chevelure. Eadith posa
    le bandeau sur sa maîtresse et observa le résultat d’un air
    réprobateur.
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    INDOMPTABLE
    — Vous n’éclipserez pas la catin, dit-elle sans mâcher
    ses mots.
    — Imposez le silence à votre langue, ordonna Gwyn
    depuis l’embrasure de la porte. Vous n’avez pas conscience
    de ce qui est en jeu aujourd’hui.
    Lorsque Meg