Indomptable
pivota vers la porte, de subtils courants
d’argent coururent le long de la robe, et les cristaux diffusè-
rent des éclats d’arc-en-ciel. Néanmoins, ce furent ses yeux
qui attirèrent l’attention de Gwyn. Les yeux de Meg brû-
laient telles des flammes vertes qui contrastaient avec le
nuage gris de son manteau.
Gwyn aspira une bouffée d’air en un sifflement audible.
Elle toucha son front en signe de révérence silencieuse à la
jeune Druide de la Vallée qui se consumait devant elle,
absorbée par des rites et croyances aussi vieux que l’aube
des temps.
Avant que Gwyn n’ait eu le temps de parler, les cloches
de l’église se mirent à sonner, convoquant Meg au mariage.
Et à la guerre.
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c 7
De l’encens et du parfum embaumaient le silence sacré
de l’édifice en bois. Les bancs luisaient à la suite d’une
application récente de cire d’abeille. Une myriade de lueurs
de lumière émanait des bougies rassemblées. Des broches,
des colliers, des bandeaux, des ceintures et des bagues, tous
de grande valeur, scintillaient comme de lointaines étoiles
au sein de l’église, reflétant la danse des flammes des
bougies.
Des comtes écossais, de nobles saxons, l’aristocratie nor-
mande et des chevaliers de toutes sortes se côtoyaient avec
la méfiance propre aux animaux sauvages forcés à la proxi-
mité après une inondation de printemps.
Les yeux gris hivernaux de Dominic jaugèrent l’assem-
blée. Comme il s’y était attendu, les épées abondaient
de façon évidente sous les manteaux de ces messieurs.
Certaines épées avaient leur poignée sertie de pierres, ce
qui signifiait que l’arme était destinée à des fins cérémo-
niales plutôt que militaires. D’autres épées étaient comme
celle de Dominic. Elles brillaient d’un éclat d’acier guerrier à
la place de l’argent ciselé.
En dépit de la cohue au sein de l’église, personne ne se
tenait à proximité de Dominic, y compris la femme aux che-
veux noirs dont la gracieuse robe écarlate et les coûteux
bijoux avaient attiré beaucoup de regards. Pas même la ten-
tatrice au regard sombre n’osait approcher Dominic à cet
instant. Il y avait en lui quelque chose qui faisait penser à
ELIZABETH LOWELL
un aigle. Son empressement, pareil à celui d’un prédateur,
émanait de lui aussi certainement que la chaleur du feu.
Seul Simon eut le courage d’approcher son frère. Seul
Simon savait que l’intelligence prenait le dessus sur les pas-
sions de Dominic et non le contraire.
— Tout est prêt, sauf la future mariée, murmura Simon,
s’avançant pour se tenir juste derrière Dominic afin que
personne ne puisse l’entendre.
Dominic acquiesça.
— Le prêtre a-t-il émis une objection ?
— Il s’est plaint de la foule dans le chœur. J’ai fait remar-
quer que nous avions peu de choix. Je ne pouvais pas placer
mes hommes à côté des nobles, n’est-ce pas ?
Le résumé ennuyeux de Simon fit sourire Dominic.
— Les hommes de Duncan sont armés jusqu’aux dents,
dit Simon.
— Oui.
— C’est tout ce que tu as à dire ?
— Les mercenaires sont en haillons.
— Ils prennent bien soin de leur ferraille, rétorqua
Simon.
Dominic grommela.
— Lorsque Duncan fera son apparition, tiens-toi très
près de lui. Sois comme son battement de cœur. Proche.
— Que fait-on pour John ? objecta Simon, jetant un
coup d’œil au premier banc sur lequel le seigneur de
Blackthorne était allongé, enveloppé dans de coûteux vête-
ments de cérémonie. Les ennuis viendront de lui.
— Il a la volonté de me fendre en deux avec une épée,
mais il n’en a pas la force, dit sèchement Dominic. Duncan a
les deux. Il a été fiancé à Lady Margaret jadis.
96
INDOMPTABLE
Simon fronça ses yeux sombres. Il prononça dans sa
barbe quelque chose qui aurait fait tressaillir le prêtre si le
brave homme l’avait entendu.
— Tu feras pénitence pour cela, dit Dominic en sou-
riant légèrement. Néanmoins, je suis d’accord avec tes senti-
ments à l’égard d’un homme qui serait capable de marier sa
fille avec son fils bâtard.
— Peut-être n’est-elle pas sa fille.
— Dans ce cas, pourquoi ne pas l’avoir répudiée et ne
pas avoir proclamé Duncan héritier ? riposta Dominic.
Aucun homme ne désire voir ses terres passer aux mains
du mari de sa fille pendant que son propre nom et sa propre
lignée s’éteint par manque de fils.
Un
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