Indomptable
pauvre Duncan.
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ELIZABETH LOWELL
Sous ses mains, le corps de Dominic se rigidifia jusqu’à
ce que ses muscles se gonflent et collent à son haubert. Elle
sentit le retour brutal de sa colère à la mention du nom de
Duncan.
— Vous baignez-vous fréquemment avec le Fléau
Écossais ? demanda Dominic.
La séduction de velours dans la voix de Dominic s’était
évanouie comme si elle n’avait jamais existé. Les mains de
Meg se contractèrent et tressaillirent, écorchant la jointure
de ses doigts à une attache rebelle. Elle céda tout à coup.
— Voilà, dit-elle. C’est détaché.
Elle se tenait sur la pointe des pieds pour ôter un côté
du haubert du corps de Dominic. Il se tourna subitement et
se débarrassa du reste du vêtement. Le poids de celui-ci fit
vaciller Meg. Instantanément, Dominic tendit le bras et lui
prit le haubert des bras, d’une seule main.
Meg fixa tour à tour l’armure et l’homme qui supportait
son poids avec une telle aisance. Elle avait toujours su que
Dominic était grand et certainement fort, mais jusqu’à cet
instant, elle n’avait pas compris à quel point il était plus fort
qu’elle ne l’était. Les courbes musclées de son corps étaient
visibles sous la cotte de cuir souple, le seul vêtement qu’il
avait sur le corps.
Elle sentit un besoin pressant de toucher sa puissance
avec le bout de ses doigts, ses ongles… ses dents. Cette
pensée l’étonna alors même qu’un curieux frisson de cha-
leur se mit à vibrer en elle.
— Le faites-vous ? demanda sèchement Dominic.
— Je fais quoi ? répéta Meg, reportant difficilement son
attention sur ses mots.
— Vous baigner avec le bâtard écossais.
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INDOMPTABLE
Elle fronça les sourcils.
— Pourquoi ferais-je cela ? Nous avons chacun des
aides pour cela.
Ce fut au tour de Dominic de froncer les sourcils.
— Pourquoi ? demanda-t-il. Pour le plaisir, bien sûr.
Les joues de Meg se colorèrent.
— Je ne suis ni une servante ni une maîtresse pour
assister au bain de Duncan, dit-elle explicitement.
— Ce n’est pas ce que j’ai entendu.
— Dans ce cas, vous écoutez derrière les mauvaises
portes.
Dominic grogna.
— Ce sont derrière les mêmes portes que l’on entend
parler des sorcières des Druides de la Vallée.
— L’hiver a été long. Il n’y avait pas grand-chose à faire
si ce n’est répandre des commérages et attendre que les tem-
pêtes passent.
— Avez-vous couché avec Duncan de Maxwell ?
demanda Dominic sans ménagement.
— Quelle petite opinion vous avez de votre femme.
— Votre mère s’est mariée alors qu’elle était enceinte.
Vous avez été fiancée à Duncan, autrefois. Vous connaissiez
les projets de trahison de Duncan et vous n’avez pas pro-
testé. Quelle opinion devrais-je avoir de vous, ma femme ?
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c 10
Meg prit une profonde inspiration, ce qui, à la lumière
de la bougie, fit briller et scintiller la longue chaîne
de cristaux des Druides de la Vallée qu’elle portait.
— Si vous aviez les yeux des Druides de la Vallée, vous
ne me verriez pas d’une façon aussi négative, dit-elle.
— J’ai les yeux que Dieu m’a donnés, et ils voient de
façon très nette.
— Si vous m’estimez si peu, pourquoi avez-vous accepté
le mariage ?
À l’instant où les mots quittèrent sa bouche, Meg connut
la réponse.
— Un domaine et un château, dit-elle avant que
Dominic ne puisse le faire.
— Et des héritiers.
— Ah, oui. Des héritiers.
— À la différence de John, dit sèchement Dominic, je ne
souhaite pas engendrer un autre bâtard, ni me disperser à
travers la campagne comme la paille sous le vent.
Meg se détourna tellement rapidement que le tissu mys-
térieux de sa robe se leva et virevolta, à l’image de la brume.
La main libre de Dominic s’avança, lui attrapant le bras
avant qu’elle ne puisse être hors de portée.
— Je vous le demande pour la troisième fois, ma femme.
Portez-vous le bâtard de Duncan ?
Meg ouvrit la bouche pour répondre, mais aucun mot
n’en sortit. Si elle avait été à la place de Dominic, et si la vue
ELIZABETH LOWELL
des Druides de la Vallée lui faisait défaut, elle aurait été
aussi méfiante que lui. N’empêche que cela l’exaspérait.
— Non, répondit Meg, gardant la tête tournée de côté.
Sa voix était basse, chevrotante. La même tension vibrait
en elle.
Lorsqu’il se souvint du traitement cruel que
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