Indomptable
Puissant le gardera pour nous. Dis-lui
de rappeler les paysans pour qu’ils rentrent des champs
et de remonter le pont après notre départ. Tout ceci est peut-
être une combine pour prendre le château.
— Tu ne penses certainement pas que ta propre
femme…
— Je crois, l’interrompit brutalement Dominic, que ma
propre femme a pu être enlevée afin qu’une rançon, dont le
prix détruirait tout espoir de transformer le château de
Blackthorne en la forteresse qu’il devrait être afin de pou-
voir survivre, soit réclamée.
Les yeux noirs de Simon se rétrécirent.
— Et ce sont précisément les paroles que tu vas
répandre autour du château, conclut Dominic. Me com-
prends-tu ? Il n’y aura aucune allusion à ce que je pense qu’il
se passe réellement.
— Et qui est ?
— Duncan de Maxwell et ma maudite épouse Druide
de la Vallée !
Le silence résonna de tout ce que Dominic n’avait dit,
trahison et tromperie, ainsi que la fin des rêves.
— Veux-tu que quelqu’un d’autre nous accompagne ?
demanda Simon au bout d’un moment.
— Non. Ni mon écuyer. Ni le tien. Ni même le maître-
chien. Ce qui se passera aujourd’hui restera entre nous.
— Tu ne crois pas réellement…
— Je suis un stratège, Simon. La trahison de l’intérieur
est la meilleure façon de prendre un château. Si je le sais, le
Fléau Écossais le sait certainement.
180
INDOMPTABLE
Simon plongea son regard dans les yeux de son frère et
ressentit un frisson d’appréhension.
« Que Dieu vienne en aide à la jeune femme si elle devait
être en compagnie de Duncan lorsque Dominic la trouvera,
pensa Simon, mal à l’aise.
» Que Dieu nous vienne en aide. »
Dominic sortit du château au bout de quelques minutes,
vêtu de chausses, d’un haubert, d’un heaume et de son
épée. Dans une main gantée de mailles, il tenait une arba-
lète. Dans l’autre se trouvait la chemise de nuit que Meg
avait portée et abandonnée dans sa hâte de partir.
Les chiens trépignaient et gémissaient, avides d’être
libérés de leurs laisses. Hauts sur pattes, de corpulence
mince, la langue étroite, se déplaçant tels des fantômes
dotés de crocs, les chiens bouillonnaient d’impatience
tandis qu’ils attendaient qu’on leur fasse renifler l’odeur
qu’ils poursuivraient aujourd’hui.
L’écuyer de Dominic tenait la bride de Crusader, cal-
mant l’étalon agité. Simon attendait non loin, chevauchant
son propre destrier. S’il avait eu un doute quelconque quant
à l’humeur meurtrière de son frère, celui-ci s’évanouit au
moment où Dominic sauta pratiquement sur la selle, dédai-
gnant l’étrier. Il s’agissait d’une manœuvre que tous les che-
valiers bien entraînés pouvaient exécuter en tenue complète
de combat, mais peu y avaient recours lorsqu’un écuyer se
trouvait là, prêt à donner un coup de main.
Dès qu’il saisit l’humeur de son cavalier, l’étalon noir se
cabra à moitié, les oreilles aplaties sur le crâne. Dominic
maîtrisa l’étalon sans effort, semblant ne pas remarquer le
tempérament fougueux du cheval.
181
ELIZABETH LOWELL
— Harry se trouve dans la guérite, dit Simon.
Dominic hocha brusquement la tête et traversa la cour
en direction de la guérite d’entrée. L’étalon immense et
musclé avançait de côté, s’ébrouait et se pavanait, et se trou-
vait pris en étau entre l’humeur de Dominic et le mors
d’acier qui le réfrénait. Quand les destriers foulèrent les
pavés de la cour, leurs gros sabots frappèrent le sol au
rythme de l’urgence contenue.
Harry attendait devant la guérite. Il se toucha le front et
attendit.
— Quand avez-vous vu votre maîtresse pour la der-
nière fois ? demanda Dominic sans ménagement.
— Avant que le soleil ne se lève sur le rocher de
Blackthorne.
— Vous a-t-elle parlé ?
— Oui. Elle semblait se diriger vers son jardin de
plantes.
— Semblait ? demanda sèchement Dominic.
— Oui. Cependant, là où le chemin se divise, elle a pris
l’embranchement à droite.
— Les jardins se trouvent sur la gauche, dit Simon à
voix basse.
Dominic grommela.
— Pourquoi pensiez-vous qu’elle se rendait dans ses
jardins de plantes ?
Harry paraissait être mal à l’aise.
— Répondez à votre seigneur, dit Simon d’un ton sec.
Votre maîtresse pourrait être en danger.
— Meg — Lady Margaret — se rend fréquemment dans
ses jardins,
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