Indomptable

parcourir une plus
    grande distance par la route ? demanda Dominic.
    — Oui. Ils évitent la clairière hantée.
    — C’est bien commode.
    L’arrogance dans sa voix faisait penser à une

    épée dégainée. Les mains de Meg sursautèrent et
    s’immobilisèrent.
    — Commode ? demanda-t-elle. Comment cela ?
    — Pour les rendez-vous galants, répondit Dominic de
    manière concise.
    Meg regarda Dominic et soutint son regard.
    — Il s’agit donc de cela, dit-elle. Vous pensez que je suis
    sortie pour me rouler dans l’herbe en compagnie d’un
    homme ?
    — Pas d’ un homme, répondit sèchement Dominic, mais
    de Duncan de Maxwell. Regardez-vous… les joues rouges et
    les yeux brillants, et vos vêtements sont couverts de
    brindilles.
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    INDOMPTABLE
    — Mes joues sont rouges et mes habits sont sales, car
    j’ai passé mon temps la tête en bas afin de cueillir mes
    plantes !
    — Peut-être. Ou peut-être êtes-vous une jeune femme
    que l’on vient de culbuter.
    — Non !
    — Duncan a-t-il pensé qu’une fois que je vous aurais
    eue, je ne remarquerais pas que vous vous donniez à lui
    également ? A-t-il l’espoir de m’imposer un bâtard comme
    votre mère l’a fait avec John ? continua Dominic sans
    s’arrêter.
    Meg releva fièrement la tête.
    — Je vous en fais le serment, cher époux. Je n’ai connu
    aucun homme.
    — C’est ce que vous prétendez, ma chère épouse.
    — Couchez avec moi, dit-elle sans réfléchir. Ici et main-
    tenant, Dominic le Sabre. Vous aurez la confirmation d’être
    le premier.
    La froide courbe du sourire de Dominic n’encouragea
    pas Meg.
    — Bien joué, Lady Margaret, dit-il doucement.
    — Je ne joue pas !
    — Moi non plus. Si je couche avec vous, que je découvre
    que vous n’êtes plus vierge et que vous tombiez enceinte, je
    ne pourrais pas avoir la certitude d’être le père de l’enfant,
    n’est-ce pas ?
    Meg était trop surprise pour pouvoir répondre.
    — Non, ma chère petite femme intelligente, je ne cou-
    cherai pas avec vous tant que vos menstruations ne seront
    pas arrivées. Ensuite, je vous garderai à mes côtés. Lorsque
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    ELIZABETH LOWELL
    vous grossirez, il n’y aura aucun doute quant à la paternité
    de l’enfant que vous porterez.
    Meg crut recevoir une gifle en saisissant ses propos.
    — En fait, vous vous souciez peu de savoir si je suis
    vierge ou une dévergondée, murmura-t-elle, scandalisée. La
    seule chose qui vous importe est que je vous donne un fils.
    — Oui. Mais si vous étiez une catin jusqu’à cet instant,
    votre dévergondage arrive à son terme.
    — Je pourrais être une menteuse, une tricheuse, une
    voleuse, une criminelle… tout cela n’a aucune importance
    pour vous. Un utérus conviendrait aussi bien qu’un autre,
    du moment qu’il soit servi avec le château de Blackthorne.
    Les yeux de Dominic se plissèrent pour ne plus laisser
    apparaître que deux fentes glacées.
    — Croyez-moi, madame, peu importe ce que vous
    étiez par le passé, j’attendrai de vous que, en tant que mon
    épouse, vous soyez un exemple de droiture morale. Vous
    regretteriez âprement de déshonorer mon nom.
    La lueur tenace d’espoir que Meg avait nourrie dans son
    âme s’évanouit face à la sombre réalité de Dominic le Sabre.
    Il n’était pas le diable normand qu’Eadith avait décrit, ni le
    cœur généreux qu’elle avait espéré voir battre sous sa cotte
    de mailles. Il ne voulait d’elle ni son rire ni sa tendresse. Il
    ne se montrait pas davantage curieux de ses espoirs et de
    ses rêves, ni de son désir de construire une meilleure vie
    pour les gens de son peuple — et pour elle-même, de ne pas
    avoir à goûter aux déchets amers du mariage comme l’avait
    fait sa mère.
    Dominic le Sabre était simplement un homme, tout
    comme John de Cumbriland avait été un homme. Et lorsqu’il
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    INDOMPTABLE
    serait entravé dans sa volonté de créer une dynastie,
    Dominic deviendrait une personne aigrie, tout comme John.
    Les zones sombres qu’elle avait décelées dans l’âme de
    Dominic étaient aussi réelles qu’une nuit d’hiver et beau-
    coup plus tenaces. Elles apporteraient le froid dans la vie de
    Meg tout comme elles avaient fait de Dominic une personne
    froide.
    Un cri silencieux de protestation face à ce qui aurait pu
    exister tourbillonna en elle, mais aucun son ne sortit de sa
    bouche.
    Quand Dominic prononça à nouveau son nom d’un ton
    brusque, les yeux de la Druide de la