Indomptable

Vallée l’ignorèrent. Meg
    évaluait silencieusement l’arrivée du printemps qui prenait
    peu à peu possession des terres, célébrant le retour à la vie,
    fête à laquelle elle ne participerait pas.
    — Un visage tellement vieux pour une si jeune femme,
    dit Dominic en colère. Est-ce une trop grande épreuve pour
    vous de mettre fin à vos actes immoraux ?
    Meg ne répondit rien. Elle n’avait pas le cœur à parler,
    elle n’avait pas besoin non plus qu’un homme qui n’avait
    pas de sentiments se moque des siens.
    — Je vais vous proposer un marché, dit-il d’une voix
    glacée. Donnez-moi deux fils et, ensuite, je vous enverrai à
    Londres. Là-bas, vous trouverez certainement les distrac-
    tions qui plairont à vos mœurs frivoles.
    Des larmes difficilement contenues brillèrent dans les
    yeux de Meg.
    — Vous ne savez rien de ce qui me plaît ou me déplaît.
    — Je sais que hier soir, vous avez refusé à votre mari ce
    qui lui appartient de droit, rétorqua férocement Dominic.
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    ELIZABETH LOWELL
    — J’ai su toute ma vie qu’il était de mon devoir d’épouser
    l’homme qui aurait été choisi pour moi, dit Meg, ignorant
    les derniers propos de Dominic. J’ai toujours su que je serais
    une épouse fidèle et dévouée. J’ai toujours su que je
    serais capable de donner bien d’autres choses si mon mari et
    moi nous entendions bien. Et à présent…
    Sa voix s’éteignit en un silence douloureux.
    — Et à présent ? questionna Dominic. Parlez.
    — Je sais que cela ne sera jamais le cas, murmura Meg.
    Le printemps est arrivé, mais il n’y aura pas de printemps
    pour les Druides de la Vallée, ni pour moi.
    — Arrêtez de vous languir de Duncan, dit sèchement
    Dominic.
    — Duncan ? Que…
    — À présent, vous êtes mon épouse, poursuivit
    Dominic, lui coupant la parole. Je suis l’unique époux que
    vous aurez.
    — Oui. Et je serai votre seule épouse. Jusqu’à ce que la
    mort nous sépare. Allez-vous m’entraîner vers une mort
    prématurée pour vous assurer d’être encore fertile au
    moment où vous vous marierez à nouveau ? Est-ce donc cela
    le danger qui m’a sortie de mon sommeil, pour me réveiller
    glacée et tremblante ?
    — Vous divaguez ? demanda-t-il.
    Soudain, Meg se mit à trembler. Le sang quitta ses pom-
    mettes tandis que des frissons parcouraient son corps moite.
    — Avez-vous entendu cela ? murmura-t-elle.
    — Quoi donc ?
    — Un éclat de rire.
    Dominic tendit l’oreille attentivement.
    — Je n’entends rien du tout.
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    INDOMPTABLE
    — C’est John.
    — Quoi ?
    — Il rit. Il sait que sa malédiction sera plus puissante
    que lui-même ne l’a jamais été.
    Ses yeux verts baignés d’ombres fixèrent Dominic.
    — Vous allez mourir sans avoir eu de fils.
    Dominic tendit rapidement les mains, s’accrochant aux
    épaules de Meg comme s’il pensait qu’elle allait prendre la
    fuite.
    — J’aurai des fils !
    — Non, murmura Meg, ignorant les larmes froides
    argentées qui coulaient le long de son visage. Pour avoir un
    fils Druide de la Vallée, il faut de l’amour. Il n’y a pas
    d’amour en vous, Dominic le Sabre.
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    c 13
    Lorsque Simon fut de retour au château, Dominic avait
    eu le temps d’ôter ses vêtements de combat et de se
    changer. Il était à présent confortablement assis dans le
    bureau du seigneur à côté de la grande salle. Ce qui avait
    été autrefois un lit de malade, avait été transformé ce matin
    en divan pour Dominic afin qu’il puisse s’entretenir en
    privé avec quiconque, ce que la grande salle ne permettait
    pas.
    Le sujet de discussion — ce que Simon avait trouvé en
    suivant les traces de Meg — exigeait sans aucun doute cette
    discrétion. Le visage pâle et marqué de Meg, ses yeux bru-
    meux et le fait qu’elle ait gardé le silence durant leur retour
    au château, assise sur la croupe de son cheval, avaient
    troublé Dominic d’une manière qu’il pouvait difficilement
    s’expliquer, et encore moins comprendre.
    En plus de l’intimité que Dominic recherchait, le bureau
    du seigneur des lieux offrait une chaleur capable de calmer
    les frissons du cœur ou du corps. Le feu flambait et rou-
    geoyait dans la grande cheminée de la pièce, chassant le
    froid dû à la combinaison de la pluie printanière et des
    pierres de construction qui recelaient encore le froid de
    l’hiver. Même si on avait fermé les volets devant les fenêtres
    étroites et hautes pour se