Interdit

aux loups. »
    Mais elle ne prononça pas ces mots à haute voix, car elle
    n’avait aucune envie de blesser la femme qui avait recueilli
    un bébé non désiré et l’avait élevé comme son propre enfant.
    — Au final, mon incapacité en Érudition a condamné
    vos espoirs, dit-elle.
    — Le problème venait de mon incapacité à enseigner,
    répliqua Cassandra.
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    ELIZABETH LOWELL
    Ambre se contenta de secouer la tête.
    Au bout d’un moment, elle ouvrit les yeux, regarda
    Erik… et vit son frère pour la première fois. Les larmes cou-
    lèrent de nouveau, mais elles étaient différentes. Elle toucha
    ses joues, ses cheveux, ses lèvres, laissant sa vérité se
    répandre en elle.
    — La rivière coule toujours dans la mer, dit-elle, peu
    importe comment on essaie d’arrêter sa course. Laissez
    aller, mon frère.
    Avant qu’Erik ne réponde, le faucon vola contre les
    volets partiellement fermés qui le séparaient de son maître.
    Son cri était aussi perçant que la voix d’Erik était douce.
    — Jamais, dit Erik.
    — Je ne veux pas que vous fassiez cela !
    — Je sais. Mais cela doit être fait.
    — Non ! s’écria Ambre en attrapant le bras d’Erik d’une
    main.
    — Une jeune femme douce, à l’abri, a appelé l’âme de
    Duncan des ténèbres, dit-il.
    Soudain, les liens d’une chaîne de métal se mirent à
    entonner un chant mortel. Ils glissaient les uns contre les
    autres tandis que Duncan faisait bouger le fléau entre ses
    mains.
    — Ensuite, continua Erik implacablement, la femme a
    donné sa propre âme à Duncan pour remplir le vide en lui.
    Pour ce don inestimable, il fera d’elle une putain.
    Les liens d’acier cliquetèrent et se tordirent, comme
    animés par la rage qui bouillonnait en Duncan.
    Erik souleva les doigts froids qui enserraient son bras,
    les embrassa et se détacha d’Ambre. Pour la première fois, il
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    INTERDIT
    se retourna pour faire face à Dominic le Sabre. La broche
    qui fermait sa cape brillait férocement.
    — Comme vous le voyez, Loup des Druides de la Vallée,
    dit Erik, le lien du sang est clair.
    — Oui.
    — Alors, vous allez donner la permission à votre vassal
    de me rencontrer en combat singulier.
    — Duncan est mon égal, pas mon vassal.
    — Ah. Ainsi, cela est également vrai. Je me posais la
    question, dit Erik avec un sourire sardonique. Vous êtes
    vraiment un tacticien formidable, Dominic le Sabre.
    — Tout comme vous. Personne d’autre n’aurait pu tenir
    trois propriétés sur les Terres contestées avec une poignée
    de chevaliers et la réputation d’être un sorcier.
    Erik voulut se retourner vers Duncan, mais les mots
    secs de Dominic l’arrêtèrent.
    — Le penchant que vous avez d’entrer dans les châ-
    teaux par des trous de boulon connus de vous seul sert sans
    doute votre réputation.
    — Sans doute, dit gentiment Erik.
    — Mais il n’y aura pas de problèmes, à l’avenir.
    — Vraiment ? Pourquoi ?
    — Malgré toute votre perspicacité, vous n’avez pas
    laissé Duncan vous défier en combat singulier. Vous êtes un
    homme mort, Erik, fils de Lord Robert.
    Dominic dévia son regard d’Erik au Fléau Écossais.
    — Dans la mesure où vous étiez autrefois mon vassal,
    dit-il, je vous implore de choisir le fléau d’armes pour vous
    battre.
    Le corps de Cassandra tressaillit comme si on l’avait
    fouettée.
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    ELIZABETH LOWELL
    D’un air absent, Duncan regarda l’arme qui tremblait au
    bout de sa laisse d’acier, impatiente de se mettre en action.
    Avant cet instant, il n’avait pas été conscient de tenir le fléau.
    — Erik est invaincu à l’épée, dit Dominic, mais on ne le
    connaît pas pour son talent au fléau. Et j’ai besoin que vous
    soyez vivant.
    Surpris, Duncan se tourna vers lui.
    — Sans vous pour tenir Stone Ring, dit simplement
    Dominic, il y a peu de chances pour que Blackthorne sur-
    vive ces prochaines années. Accordez cette faveur à celui
    qui fut autrefois votre seigneur.
    Duncan regarda de nouveau le fléau d’armes qui atten-
    dait à portée de main, et qui faisait autant partie de lui que
    son propre bras.
    Puis il se tourna vers Ambre.
    Elle avait les yeux écarquillés, sauvages, et les mains
    pressées sur sa bouche comme pour s’empêcher de crier.
    Peu importait qui allait gagner le combat. Elle allait perdre.
    Et il le savait aussi bien qu’elle.
    — Pendant que vous y réfléchissez, ajouta Dominic,
    rappelez-vous qu’Erik est le seigneur bien