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Interdit

Interdit

Titel: Interdit Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Lowell
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du
    marais, mais elle l’ignora. Duncan était tout ce qui
    comptait.
    171
    ELIZABETH LOWELL
    Et elle l’avait blessé sans même savoir ce qu’elle avait
    fait.
    — Duncan, dit-elle d’une voix enrouée.
    Lorsque les doigts d’Ambre touchèrent sa chair nue, il
    tressaillit comme si elle l’avait fouetté.
    — Non, dit-il d’une voix brute. Ne me touchez pas.
    — Je veux vous soulager.
    — Rompre mon serment ne me soulagera pas.
    Ambre prit une profonde respiration. Ce qu’elle était sur
    le point de faire était dangereux, deux parties de la pro-
    phétie allaient être exaucées. Mais elle ne pouvait supporter
    plus longtemps la douleur de Duncan. Alors qu’elle avait en
    elle le moyen de la bannir.
    — Je vous libère de votre serment, murmura-t-elle.
    Duncan bondit sur ses pieds.
    — Ne me tentez pas, sorcière d’or. Je porte déjà le
    parfum de votre passion. C’est comme respirer du feu. Je ne
    peux prendre plus.
    Le silence qui suivit les mots de Duncan était rempli de
    bruissements et de murmures lointains, de cris étranges qui
    enflèrent jusqu’à devenir une vague de sons s’abattant sur le
    marais. L’air siffla sous les bruissements d’ailes des oies sau-
    vages qui descendaient sur l’eau stagnante, leurs corps som-
    bres contre le soleil couchant, leurs cris retentissant dans le
    soir d’automne, pestant contre l’hiver prématuré.
    — La mort inéluctablement viendra frapper.
    » La mort inéluctablement.
    » La mort.
    » Viendra frapper.
    » Inéluctablement.
    Ambre plaqua ses mains sur ses oreilles pour ne pas
    entendre le murmure d’une prophétie qui se réalisait.
    172
    c 9
    Erik attendait Ambre et Duncan, assis dans une chaise
    en chêne dont l’assise était amollie par un coussin.
    Malgré les tapisseries luxurieuses au mur et le feu ronflant
    dans l’âtre, le hall de Sea Home était froid. À chaque rafale
    de vent, un air glacial pénétrait par des fissures dans les
    murs de bois pourtant épais du château, et les tapisseries
    remuaient. Bien que des cloisons de bois gravé fussent pla-
    cées de façon à ce que les courants d’air ne passent pas la
    porte d’entrée, les flammes des torches vacillaient chaque
    fois que l’on ouvrait la porte, comme à l’instant.
    Au centre de la pièce, le feu se tordit et vacilla violem-
    ment dans le courant d’air. La danse des flammes se refléta
    dans les yeux des chiens-loups couchés aux pieds

    d’Erik, dans le regard impassible du faucon pèlerin perché
    au-dessus du siège en chêne, dans les propres yeux d’Erik…
    et dans l’antique poignard qu’il faisait lentement tourner
    entre ses mains.
    Une barre retomba avec un bruit sourd lorsqu’on
    referma la porte principale. Les flammes bondissantes
    retrouvèrent leur taille normale. Des bruits de pas rapides
    se mêlèrent à la voix précipitée d’Alfred tandis que le cheva-
    lier pénétrait dans le grand hall.
    Sans un mot, Erik fixa les trois personnes qui étaient
    arrivées au château à peine avant le coucher du soleil. Egbert
    avait l’air penaud. Ambre semblait rouge, et pas seulement
    à cause du vent froid qui s’était levé. Duncan se montrait à
    ELIZABETH LOWELL
    la hauteur du nom qu’Ambre lui avait donné — il ressem-
    blait à un sombre guerrier.
    Dans le silence qui s’étendit encore et encore, Erik les
    observa, ignorant totalement Alfred. Contrairement à ses
    bonnes manières habituelles, il n’invita personne à s’asseoir
    sur les chaises qu’on avait tirées près du feu pour se
    réchauffer et se mettre à l’aise.
    Pour Ambre, il était clair que le calme d’Erik ne tenait
    qu’à un fil.
    — Vous semblez avoir ramené l’hiver avec vous, dit-il.
    Malgré sa colère presque tangible, son ton était léger. Le
    contraste entre sa voix douce et le poignard qui brillait avec
    malice dans ses mains était alarmant.
    — Les oies, dit Ambre. Elles viennent d’arriver à
    Whispering Fen.
    Cette nouvelle n’adoucit en rien l’expression d’Erik.
    Mais son ton resta égal, calme et plat.
    — Ahhh. Les oies, murmura-t-il. Cassandra sera
    contente.
    — D’avoir un hiver si précoce ? demanda Duncan.
    — Cela doit être rassurant de savoir que ses prédic-
    tions se révèlent vraies, dit Erik sans détacher ses yeux
    d’Ambre, alors que les simples mortels dépendent de choses
    bien plus fragiles, comme l’honneur et la confiance.
    Le sang quitta le visage d’Ambre. Elle avait connu Erik
    toute sa vie,

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