Interdit

aux
    courants d’air dans la pièce.
    — Il me semblait familier, admit Duncan.
    — Vraiment ?
    — Si je le connais, je n’en ai pas le souvenir.
    — Ambre.
    Bien qu’Erik ne dise rien de plus, elle savait ce qu’il vou-
    lait. Elle posa ses doigts sur le poignet de Duncan.
    — Connaissiez-vous Simon ? demanda Erik.
    Furieux, Duncan passa son regard de la main d’Ambre à
    Erik.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Vous doutez de ma parole ? s’écria-t-il.
    — Je doute de votre mémoire , répondit Erik. Une pré-
    caution compréhensible, non ?
    Duncan soupira longuement.
    — Oui, c’est compréhensible.
    — Et ? l’encouragea Erik d’un ton agréable.
    Ambre grimaça. Sous ces airs gentils, elle savait qu’Erik
    était plus dangereux encore que d’ordinaire.
    — Quand j’ai vu Simon, la première fois, dit Duncan,
    j’ai senti le danger, comme l’ombre d’un faucon.
    Ambre inspira rapidement.
    — Dans mon esprit, j’ai entendu des voix chanter et vu
    des bougies.
    — Une église ? demanda Erik.
    C’était à Ambre qu’il s’adressait.
    — Oui, dit-elle. On dirait une église.
    — Que ressentez-vous d’autre ? demanda-t-il, curieux.
    — Les souvenirs de Duncan luttent dans l’obscurité,
    mais pas assez pour s’en libérer.
    — Intéressant. Quoi d’autre ?
    Ambre regarda Duncan du coin de l’œil. Il la fixait, de
    plus en plus incrédule.
    — Pensez à l’église, sombre guerrier, lui dit-elle.
    La ligne tendue de la bouche de Duncan fut sa seule
    réponse. Ambre respira profondément.
    — Je vois que quoi qu’il se soit passé dans l’église, c’était
    une occasion spéciale. Ce n’était pas une messe ordinaire,
    dit-elle faiblement.
    — Enterrement ? Mariage ? Baptême ? proposa Erik.
    Elle secoua la tête.
    — Il ne sait pas.
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    INTERDIT
    Duncan regarda longuement Ambre.
    Une tension subtile l’envahit, et elle pinça à son tour les
    lèvres.
    — Qu’y a-t-il ? s’enquit Erik.
    — Duncan m’en veut, dit-elle.
    — C’est compréhensible, dit-il sèchement. Je ne lui en
    tiens pas rigueur.
    — Mais lui m’en tient rigueur. C’est comme mettre la
    main dans les orties, murmura-t-elle. Puis-je le lâcher ?
    — Bientôt. Mais jusque-là, dit-il en regardant Duncan,
    vous devez considérer qu’Ambre est votre meilleur espoir
    de percer les ténèbres de votre passé.
    — Comment cela ? demanda froidement Duncan.
    — Je pensais que cela sautait aux yeux. Apparemment,
    elle voit des choses dans vos pensées que vous-même ne
    percevez pas.
    — Est-ce vrai ? demanda Duncan à Ambre.
    — Avec vous, oui. Jamais avec les autres.
    Duncan baissa les yeux vers Ambre. Elle avait l’air mal-
    heureuse. Visiblement, ce procédé d’interrogation lui
    déplaisait autant qu’à lui.
    — Pourquoi suis-je différent ? demanda-t-il. Parce que
    j’ai perdu la mémoire ?
    — Je ne sais pas. Je sais seulement que nous sommes
    liés de manières que je ne comprends pas.
    Duncan l’observa un long moment. Puis il soupira. Il
    porta les doigts d’Ambre à sa bouche et les embrassa. Tenant
    sa main dans la sienne, il parla avec douceur.
    — Lorsque j’ai vu Simon la première fois, j’ai senti le
    danger, le chant et les bougies. Puis, je me suis souvenu de
    la sensation d’une lame froide entre mes cuisses.
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    ELIZABETH LOWELL
    Ambre poussa un cri de surprise.
    — Ce ne doit pas être un souvenir très agréable, dit
    Erik en souriant.
    — Non, en effet.
    La voix de Duncan était aussi sardonique que le sourire
    d’Erik.
    — Continuez, dit Erik.
    — Il n’y a pas grand-chose de plus à dire. Je me rap-
    pelle qu’un homme me regardait, de ses yeux aussi noirs
    que minuit en enfer.
    — Simon, dit Erik.
    — C’est ce que je pensais, au début. Mais maintenant…
    Il soupira.
    — Ambre ? demanda Erik.
    — Pourquoi avez-vous décidé que ce n’était pas Simon ?
    demanda-t-elle à Duncan.
    — Parce qu’il ne m’a pas reconnu. Si j’avais tenu une
    lame entre les cuisses d’un homme, je le reconnaîtrais et
    saurais la raison de notre hostilité.
    Ambre se raidit.
    — Qu’y a-t-il ? demanda doucement Erik.
    — L’église, dit-elle. C’était un mariage.
    — Vous êtes sûre ? demandèrent Duncan et Erik d’une
    seule voix.
    — Oui. Une chaussure brodée… commença-t-elle.
    — Dans ma main ! Oui ! l’interrompit Duncan, l’air
    triomphant. Sa chaussure était en argent, aussi délicate que
    le givre ! Je m’en souviens !
    Des larmes