Interdit

tout,
    marmonna-t-elle.
    Erik fut profondément soulagé. La vie revenait dans sa
    voix. Il ne savait pas ce qui allait arriver à Ambre si elle pen-
    sait perdre Duncan.
    Et il ne voulait pas le savoir.
    — Vous devez en parler, dit-il. Ne serait-ce que cette
    fois-ci.
    Elle le regarda en coin. Il n’allait pas changer d’avis. Elle
    hocha la tête à contrecœur.
    — Si Duncan est un amateur dans l’art de l’amour, dit-
    il, on peut y remédier. Pas si c’est une brute.
    — Ce n’est ni un amateur ni une brute, dit-elle.
    Un long soupir de soulagement fut la première réaction
    d’Erik. Puis il sourit.
    — Je commence à comprendre, dit-il.
    — Je suis contente que l’un de nous comprenne.
    Il cacha son sourire.
    — On m’a dit que la première fois d’une damoiselle est
    rarement sa plus… mémorable.
    — Non, dit-elle d’une voix rauque. Je m’en souviendrai
    jusqu’à ma mort. Sentir l’extase du corps de mon guerrier
    battre dans le mien était… extraordinaire.
    Erik sentit le rouge lui monter aux joues, non à cause de
    la chaleur du feu dans l’âtre. Puis, il renversa sa tête en
    arrière et se mit à rire.
    — Vous donnez autant que vous recevez, demoiselle.
    Ambre ne comprit pas tout de suite. Puis, elle rit à son
    tour malgré sa gêne.
    — Je ne voulais pas vous mettre dans l’embarras,
    dit-elle.
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    INTERDIT
    — Je survivrai, dit-il sèchement. Maintenant, arrangez
    vos cheveux et vos vêtements avant que je n’appelle le
    prêtre. Vous vous marierez à la messe de minuit.
    Le sourire d’Ambre s’évanouit.
    — C’est impossible.
    — Pourquoi ?
    — Duncan s’est souvenu du nom d’une femme.
    — Ariane ? demanda Erik d’un air détaché.
    Pendant un moment, Ambre était trop choquée pour
    pouvoir répondre.
    — Vous saviez ? murmura-t-elle.
    Il hocha la tête.
    — Comment ?
    — Parce que votre sombre guerrier est Duncan de
    Maxwell, le Fléau Écossais.
    Ambre vacilla, comme si on l’avait frappée.
    — Vous le saviez ?
    — Je me le suis demandé. J’ai espéré. Et j’ai su.
    — Alors, vous savez pourquoi je ne peux l’épouser.
    — Non, je l’ignore.
    — Duncan est marié à cette Ariane, malgré sa certitude
    de n’avoir jamais été marié.
    — Non. Il est fiancé à une héritière normande dont il
    n’a jamais vu le visage et dont il a entendu le nom une seule
    fois lorsque Dominic le Sabre l’a prévenu de cet accord.
    — Duncan est le vassal de Dominic le Sabre, dit-elle
    d’une voix tremblante, les yeux clos. M’épouser serait trahir
    son vœu de fidélité.
    — Bon sang, fit Erik d’un ton hargneux. Comment
    pouvez-vous être si aveugle ? Écartez cette tragédie de votre
    vue et regardez-moi !
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    ELIZABETH LOWELL
    L’autorité froide dans la voix d’Erik choqua Ambre
    comme rien d’autre n’aurait pu le faire.
    — Dieu vous a envoyé le seul homme que vous pouvez
    toucher sans souffrir, dit-il. Dieu m’a envoyé le seul homme
    dont j’ai besoin pour conserver les terres assiégées de Lord
    Robert.
    — Mais…
    — Et Dieu a envoyé le moyen de transformer un ennemi
    en allié, continua-t-il sans relâche. Une fois marié avec vous,
    Duncan sera mon vassal, pas celui de Dominic le Sabre !
    Le silence s’étendit jusqu’à vibrer comme la corde d’un
    arc trop tendue.
    — C’est mal, répondit-elle. Duncan est venu sur les
    Terres contestées comme un chevalier, avec ses richesses, la
    promesse d’un domaine et une femme noble pour lui donner
    des héritiers.
    — C’est faux, répliqua Erik. Il est venu à Stone Ring
    plus mort que vivant, avec autant de souvenirs qu’un nou-
    veau-né, et vous lui avez sauvé la vie. Il a vécu une renais-
    sance et il est à moi .
    — Sa mémoire lui revient, dit Ambre avec tristesse. Peu
    à peu, les ténèbres reculent.
    — Oui, dit Erik en souriant étrangement. C’est pour-
    quoi vous serez mariés à minuit.
    — Non. La prophétie…
    — Oubliez la prophétie, dit-il durement. Comme vous
    avez fait votre lit, vous vous coucherez, et ce, en tant
    qu’épouse de Duncan.
    — Cassandra va…
    — Accepter ce qu’elle ne peut changer, dit Erik en cou-
    pant de nouveau Ambre.
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    INTERDIT
    — Deux parties de la prophétie se sont réalisées. Cela
    ne veut donc rien dire pour vous ?
    — Cela veut dire que vous feriez mieux de garder votre
    âme plus soigneusement.
    Il y eut un silence tendu. Puis Ambre secoua la tête.
    — Je ne peux, dit-elle. Je ne peux