Interdit

commencer, dit sèche-
    ment Cassandra.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Quoi ? s’étonna Ambre en la regardant.
    — Chaque fois que tu touches Duncan, tu lui donnes
    un peu plus de toi-même. Si tu veux que cela cesse, tu dois
    te refuser à aller dans le lit conjugal.
    — Cela va à l’encontre de la loi de Dieu.
    — Et de ton propre désir.
    Ambre ne prit pas la peine de le nier.
    — Erik connaissait les risques.
    — Je me le demande, marmonna Cassandra.
    — Soyez sans crainte, dit sèchement Ambre. Le don
    d’Erik est proche du vôtre, mais il l’exerce sans pierre divi-
    natoire. Il voit…
    — L’opportunité du gain là où les autres ne voient que
    défaite, l’interrompit froidement Cassandra. Il est, cepen-
    dant, humain.
    — Nous le sommes tous. Même vous. Quoi qu’il en soit,
    Erik a pensé que ce que lui, les vassaux et la terre y gagne-
    raient en valait la peine.
    — Lui ?
    — Oui. Pourquoi pensez-vous qu’il a nommé Duncan
    intendant du château de Stone Ring ?
    — Pour te donner un mari à la richesse raisonnable.
    — C’est une conséquence, pas une raison.
    Cassandra attendait, la fixant de ses yeux couleur de
    pluie.
    — Erik sait que Duncan sera capable de défendre le
    château, dit Ambre. Et ainsi, il peut aller combattre les
    pillards nordiques à Winterlance en toute sérénité.
    — Ah, oui. Les Nordiques.
    — La mort inéluctablement viendra frapper.
    Cassandra ferma les yeux.
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    INTERDIT
    — Les Nordiques aussi savent que l’hiver va être rude.
    — Oui, répondit Ambre. Le messager de Winterlance a
    dit qu’ils n’étaient qu’à deux jours du château.
    — A-t-il dit combien de bateaux ont été vus ?
    — Un vassal en a vu quatre. Un autre deux. Un autre
    sept.
    On porta un nouveau toast. Ambre leva de nouveau son
    verre et sourit, puis se remit à regarder son époux.
    — Quand partira Erik ? demanda Cassandra.
    — À l’aube.
    — Combien de chevaliers emmène-t-il ?
    — Tous sauf un, dit Ambre.
    — Alfred ?
    — Non. Duncan.
    — Même le Fléau Écossais ne peut défendre un château
    à lui seul, marmonna Cassandra.
    — Quatre hommes armés vont rester.
    — C’est tout de même un risque.
    Ambre sourit d’un air mélancolique.
    — Vraiment ? Duncan de Maxwell, seigneur d’un châ-
    teau non réclamé et vassal de Dominic le Sabre était la plus
    grande menace qui pesait sur Stone Ring.
    — Et Duncan en est désormais le sénéchal, vassal
    d’Erik l’Invaincu, compléta Cassandra. Est-ce ainsi que rai-
    sonne Erik ?
    — Oui.
    La femme plus âgée secoua la tête avec un mélange de
    regret et d’admiration pour l’audace d’Erik.
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    ELIZABETH LOWELL
    — Toutefois, cela représente toujours un risque
    effroyable, dit-elle. Lorsque Dominic le Sabre le saura, et
    sois sûre qu’il l’apprendra, il attaquera Stone Ring lui-même.
    — Le temps manque pour organiser une attaque avant
    que l’hiver lui-même ne défende la terre.
    — Il y a toujours le printemps ou l’été.
    — D’ici là, les pillards du nord ne menaceront plus
    Winterlance. Erik pourra concentrer ses chevaliers ici.
    Cassandra poussa un long soupir. Jamais elle n’avait vu
    Ambre ainsi, à la fois triste et farouche, hantée et effrontée,
    vibrante et renfermée.
    — Ou bien, d’ici au prochain printemps, dit Ambre en
    regardant Duncan, Lord Robert prendra enfin conscience
    qu’Erik doit avoir plus de chevaliers. Ou peut-être Erik
    arrivera-t-il à quelque accord avec Dominic le Sabre. On dit
    qu’il préfère la paix à la guerre. Comme un véritable Loup
    Druide de la Vallée.
    — On dit aussi qu’il ne demande pas de quartiers, et
    n’en donne pas .
    — On dit la même chose d’Erik.
    — C’est parfois vrai, dit Cassandra.
    — Et parfois cela ne l’est pas.
    Le rire éclata chez les chevaliers avec une vigueur
    qu’aucune d’entre elles n’avait entendue. Tout comme per-
    sonne ne pouvait les entendre. Le brouhaha des festivités
    leur donnait un refuge propice aux conversations privées.
    Cassandra avait bien l’intention de prendre plein avan-
    tage de cette opportunité. Elle avait consulté ses pierres
    deux semaines durant, et la réponse avait toujours été la
    même.
    Un choix entre deux maux.
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    INTERDIT
    — Selon Erik, que se passera-t-il lorsque Duncan
    apprendra son véritable nom ? demanda-t-elle avec
    prudence.
    — Si on le lui dit simplement, Duncan le saura sans le
    ressentir. Il sera furieux, mais ses sentiments