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Jack Nicholson

Jack Nicholson

Titel: Jack Nicholson Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick McGilligan
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mouvements de caméra discrets. Presque patriarcal, Ashby restait penché en arrière sur son fauteuil, ne disait rien, observait. Aux yeux d’un témoin étranger, l’homme qui dirigeait toutes les opérations aurait presque pu passer inaperçu.
    Nicholson mit une attention toute particulière dans la composition du personnage du soldat « Bad-Ass » Buddusky, avec ses cheveux coupés court, sa moustache ringarde et sa démarche chaloupée. Pour certaines scènes, il se coinça un petit cigare entre les lèvres. Les tatouages représentant des oiseaux étaient également son idée. Toute sa vie, Nicholson avait observé des marins hauts en couleur du type de Buddusky sur les côtes du New Jersey – des personnages tels que Shorty, son « oncle ». Robert Towne avait fait baisser le QI de Buddusky en gommant son côté littéraire et les références à Camus. Jack regrettait cette simplification mais parlait toujours d’une immense compassion pour le personnage.
    Le script de Towne fut suivi quasiment à la lettre. Parmi les rares scènes dans lesquels Jack improvisa quelques répliques figurait celle qui se déroulait dans un logement de hippies, avec l’actrice Nancy Allen. Quand cette dernière complimenta Jack sur son uniforme, il lui répondit : « C’est mignon, pas vrai ? Tu sais ce que je trouve bien ? L’un de mes trucs préférés avec ces uniformes, c’est qu’avec ça, ta bite paraît, hein ? » Rien n’avait été répété – une exceptionnelle improvisation de Jack.
    Buddusky était un personnage aussi préoccupé par le sexe que l’acteur qui l’incarnait. Les maisons closes et les coups d’un soir sont des sujets qui ressortent dans beaucoup de films de Nicholson, de Cinq pièces faciles à Des Hommes d’honneur. « Le monde merveilleux des gonzesses » – comme Buddusky disait extatiquement à Meadows – faisait également partie de la vie privée de Nicholson, un refrain qui était presque devenu obligatoire dans ses films.
    Parmi les diverses conséquences de la vie de marin, on trouve l’absence de responsabilités familiales. À un moment, Mule demande à Buddusky s’il a déjà été marié. « Pas assez pour que tu le remarques », répond Buddusky, qui enchaîne sur une anecdote concernant l’épouse qu’il a quittée. Cette dernière avait de « super nichons » mais voulait qu’il devienne réparateur de télés. « Je ne pouvais vraiment pas faire ça », soupire Buddusky. Là encore, Nicholson avait plus d’une raison d’établir des corrélations entre son personnage et lui-même.
    Buddusky crée des liens avec Meadows, le type d’homme que Jack aurait pu prendre sous son aile dans la vraie vie (d’ailleurs, Quaid allait devenir un habitué des films de Nicholson du milieu des années 1970). Et à la fin de l’histoire, quand il finit par laisser Meadows en prison, on comprend que Buddusky a bâti, contre son gré, une relation proche du rapport père-fils, ce qui constitue l’un des aspects émouvants du film.
    Quand le tournage fut achevé, les producteurs surent qu’ils avaient entre les mains un excellent film : une inoubliable photographie voilée signée Michael Chapman, un script en accord avec la mystique de Towne, une brillante prestation de Nicholson, soutenue par celles, très estimables, des autres membres du casting.
    Cependant, l’humour du film, qui reposait sur un langage grossier et des situations sexuelles, rendait la Columbia nerveuse. Le studio décida donc malheureusement de minimiser l’humour. Robert C. Jones (le très précieux monteur et collaborateur d’Ashby, qui écrirait plus tard les scénarios de plusieurs films), réalisa même un montage de trois heures et demie, totalement dépourvu de scènes humoristiques, pour voir à quoi ressemblerait La Dernière Corvée si l’on en faisait un drame sérieux. Le résultat ne fut pas concluant.
    La direction du studio retarda la sortie du film, piaffant et se rongeant les ongles pendant plusieurs mois. Elle finit par sortir La Dernière Corvée le même mois (décembre 1973) qu’un autre film traitant de marins également adapté d’un roman de Darryl Ponicsan, Permission d’aimer.
    La Dernière Corvée ne fut jamais un carton au box-office, et le langage peu châtié du film coûta probablement à Nicholson sa victoire lorsqu’il fut nominé aux Oscars pour la troisième fois, en qualité de meilleur acteur. Mais s’il ne repartit pas avec la récompense

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