Jack Nicholson
américaine, il triompha à Cannes, où il remporta le prix du meilleur acteur, et se fit couvrir d’éloges par les critiques du monde entier. C’était en effet l’une de ses meilleures œuvres, aussi révélatrice de son moi que l’étaient les films de Rafelson, un indice indispensable pour cerner la personnalité à la carapace dure et au cœur tendre qui était en train d’émerger.
Les membres du « New Age Rat Pack » se faisaient passer les scripts, les drogues et les femmes. Nicholson eut une liaison amoureuse avec Michelle Phillips, mais on disait également qu’il avait eu des aventures avec deux autres ex-femmes de Dennis Hopper-Brooke Hayward et l’ancienne danseuse d’avant-garde Daria Halprin, le premier rôle féminin du seul long métrage réalisé en Amérique par Michelangelo Antonioni, Zabriskie Point.
À la fin du printemps 1973, Michelle Phillips avait quitté Nicholson et abandonné la maison qu’il avait achetée pour elle. Peu de temps après, l’ex-Mamas se mit à fréquenter Warren Beatty, que Mike Nichols avait présenté à Nicholson dans l’espoir de faire naître une amitié. Et plus particulièrement encore parce que c’était le beau Beatty qui avait marqué un point sur lui, Nicholson fut dévasté.
Le cinéma (à l’instar de la Marine) pouvait procurer un peu de répit quand les relations personnelles se détérioraient. L’acteur fut sans doute ravi de saisir l’opportunité de quitter Hollywood pour une assez longue période de temps et de se rendre à l’étranger pour le tournage de The Passenger, ou Profession : Reporter, un film qu’il avait promis de faire au réalisateur Michelangelo Antonioni, là encore, sur une poignée de main.
Antonioni était considéré par certains critiques comme un maître suprême du cinéma, tandis que d’autres le percevaient comme l’un des réalisateurs les plus ennuyeux et les plus prétentieux du monde. Cet intellectuel marxiste qui avait d’abord été critique de cinéma faisait des films individualistes et énigmatiques qui polarisaient les critiques et les spectateurs. Blow-Up, la première production qu’il réalisa en langue anglaise, en 1966, était son film le plus connu et sans doute le plus populaire aux États-Unis. Il faisait partie d’un atypique contrat de trois films signé avec la MGM . Zabriskie Point, le projet qu’Antonioni avait ensuite développé avec la MGM , mettait en scène des personnages qui embrassaient la drogue et la révolution, ainsi qu’un rassemblement de hippies dans la Vallée de la Mort. Antonioni devait encore un film à la MGM .
À l’époque d’ Easy Rider , Nicholson avait accepté de jouer le premier rôle dans un projet que le cinéaste italien avait essayé de monter depuis des années. Tecnicamente dolce était un film adapté d’un récit du nouvelliste et romancier italien Italo Calvino. Nicholson et l’actrice Maria Schneider étaient prêts à partir pour les jungles de l’Amérique du Sud, lors de l’été 1972 – entre le tournage de Ce plaisir qu’on dit charnel et celui de The King of Marvin Gardens –, quand le producteur du film, Carlo Ponti, avait été pris de doute et s’était brutalement retiré du projet. Tecnicamente dolce avait ainsi été abandonné.
Quelques mois plus tard, Antonioni vit des similarités entre un petit texte de Mark Peploe qu’il venait de lire et certaines des idées qui avaient attiré son attention dans Tecnicamente dolce. La MGM n’était pas particulièrement disposée à poursuivre son association avec Antonioni. Mais avec l’engagement de Nicholson, qui venait d’être nominé aux Oscars pour Cinq pièces faciles, et celui de Maria Schneider, qui faisait fureur depuis sa prestation sexuellement explicite face à Marlon Brando dans Le Dernier Tango à Paris, tout était différent.
Jack avait connu Maria Schneider lors de l’une de ses excursions à Paris. Il disait qu’il était sorti avec elle. « Je suis sorti avec elle avant le succès du Dernier Tango à Paris », aimait insister Nicholson. Il la considérait comme « une sorte de James Dean au féminin ».
(« On a fait un travail extraordinaire tous les deux, se vanta Nicholson au cours d’une interview. Elle disait que c’était parce que je comprenais tout ce qui se passait et qu’elle ne comprenait rien. ») La MGM donna à l’idée de Peploe le feu vert. Mais quand l’équipe de tournage arriva en Algérie, cependant, le
Weitere Kostenlose Bücher