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Jack Nicholson

Jack Nicholson

Titel: Jack Nicholson Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick McGilligan
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script n’était pas terminé. Antonioni considérait cela comme préférable, ce qui n’était qu’un aspect parmi d’autres de ses méthodes de travail peu orthodoxes. Pour atteindre l’effet visuel escompté, il pouvait en effet lui arriver de colorer l’herbe en un vert plus vert ou la fumée qui sortait d’une usine en bleu nuit. De la même façon, les acteurs étaient de simples outils qu’Antonioni utilisaient pour communiquer ses idées symboliques xli . Ils étaient insignifiants, des « pigments vivants » que le réalisateur projetait à l’écran. Il s’était rendu célèbre pour dire aux comédiens : « Ne jouez pas, contentez-vous de dire vos répliques et de faire les mouvements. »
    Le réalisateur se vantait d’être « le pôle extérieur de l’idiosyncrasie cinématographique », d’après Nicholson. La MGM vivait dans l’illusion, pensant que le texte de Peploe laissait présager un thriller plein de suspense. Mais entre les mains de Nicholson, Profession : Reporter devint un anti-drame, un pseudo-thriller, « une poursuite très longue, complexe et insaisissable », pour reprendre les mots de Nicholson.
    Le script contait l’histoire d’un journaliste de télévision nommé David Locke qui réalisait un reportage sur une rébellion en Afrique. Locke, qui n’était pas engagé politiquement, retrouvait ensuite le cadavre de l’une de ses connaissances, qui présentait une étrange ressemblance avec lui. Il changeait d’identité avec l’homme en question, qui se révélait être un trafiquant d’armes. Il entreprenait ensuite un voyage avec une jeune étudiante en architecture (Schneider), cherchant à échapper aux ennemis du contrebandier, ainsi qu’à sa propre insatisfaction vaguement formulée.
    Antonioni forçait les acteurs, en particulier ceux qui étaient habitués à être traités comme des stars, à faire des concessions. Pour ce qui était de Nicholson, Antonioni pensait comme Rafelson et désirait une prestation « implosive ». Le cinéaste essayait de gommer tous les excès, toutes les mimiques de la star et d’utiliser son « visage d’Européen du Nord froid » pour commenter le dilemme de l’individu aliéné dans la société bourgeoise.
    « Jack est un excellent acteur, déclara Antonioni au cours d’une interview, mais j’ai dû faire beaucoup d’efforts pour tenter de le contrôler. D’une façon ou d’une autre, il réussit toujours à faire son numéro (son petit numéro habituel). Et ce n’était pas ça dont j’avais envie. » Nicholson préférait travailler avec le moins de prises possible. Antonioni pouvait filmer la même séquence sans arrêt, encore et encore, jusqu’à ce que des circonstances extérieures finissent par l’obliger à arrêter. Jack aimait savoir ce que son personnage faisait dans l’histoire, et pourquoi il le faisait. Or, quand Antonioni ne se montrait pas délibérément secret, il lui arrivait parfois d’avouer ne pas avoir la moindre idée de ce qui allait se passer dans la scène ou ne pas savoir pourquoi il avait instinctivement choisi de placer la caméra de telle ou telle façon.
    Courtois et charmant à la ville, Antonioni était sur les plateaux un dictateur totalement dépourvu d’humour. Parfois, comme pour la scène où le personnage frustré de Nicholson cherche à faire sortir sa Land Rover du désert de sable, Antonioni se battait avec l’acteur, cherchant à le pousser à communiquer un sentiment ambigu et indéfinissable qui, d’après lui, devait améliorer la scène.
    Le maître ne tolérait aucune suggestion émanant de ses comédiens. « Pas de communication, grommela Nicholson après coup. Pas de partage. »
    Il fallut pas moins de onze jours pour réaliser les derniers mouvements de caméra. Antonioni était célèbre pour sa piano sequenza, ou ses très longues prises de vues, au cours desquelles les évènements se développaient et évoluaient à l’intérieur d’un cadre, une technique qui requérait beaucoup de patience de la part du public. Le dernier plan de Profession : Reporter était un tour de force, à cette époque où le Steadicam n’existait pas encore : un lent glissement de sept minutes qui commençait dans une chambre, flottait à travers une fenêtre pour aboutir dans une cour puis revenait lentement en arrière en tourbillonnant pour montrer que Locke avait été assassiné. Il y avait quelques dialogues inintelligibles.
    Le fait d’avoir

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