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Jack Nicholson

Jack Nicholson

Titel: Jack Nicholson Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick McGilligan
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Mais Jack paraissait au sommet de son art, dans le rôle de Jake Gittes, avec tous ses bandages sur le nez et sa garde-robe bien pensée, jouant de façon très intérieure ce personnage arrogant aveuglé par l’amour. Il n’eut jamais l’air aussi las, ni aussi émouvant dans sa façon de vivre la trahison. Il prit place aux côtés de Bogart et des autres détectives immortels de l’histoire du cinéma.
    Nicholson fut couronné meilleur acteur de l’année 1974 par la National Society of Film Critics, les New York Film Critics et la Hollywood Foreign Press Association. Et le nom de l’acteur fut proposé à la cérémonie des Oscars – la troisième en quatre ans –, au cours de laquelle Jack fut nominé pour la seconde fois en qualité de meilleur acteur.
    Par une ironie du sort, alors que la carrière de Jack était en plein essor, sa grande famille du cinéma, dont les liens très étroits qui unissaient ses membres s’étaient souvent traduits par des scripts collectifs et des tournages dans un bel esprit de communauté, était en train de se désintégrer.
    BBS était inactif. La société de production de Bert Schneider et Bob Rafelson ne pouvait pas être plus prospère (et ce en dépit des déceptions qu’avaient été les films à petit budget Drive, He Said et The King of Marvin Gardens). Il y avait non seulement les énormes profits d’ Easy Rider et de Cinq pièces faciles, mais aussi l’époustouflant triomphe auprès de la critique et du public qu’avait fait Peter Bogdanovich avec son adaptation financée par BBS de La Dernière Séance de Larry McMurtry.
    Cependant, la force motrice de la société peu orthodoxe, Bert Schneider, qui, d’après ses propres mots, était « le manager, le coach, le médecin, le psychiatre, la pom-pom girl, le manipulateur, le guide » de BBS , avait perdu son énergie. Ses méthodes fonctionnaient bien avec certaines personnes et certains projets, moins bien avec d’autres. Mais Bert était le chef de la bande, « un genre de Harry Cohn bienveillant », d’après Nicholson. Personne, ni Rafelson ni Steve Blauner, n’avait assez de charisme et d’autorité pour rivaliser avec lui.
    De sa voix à demi mielleuse et imperturbable, Bert avait annoncé qu’il abandonnait le cinéma pour se lancer dans les causes sociales. Il avait perdu tout intérêt pour BBS quasiment à l’instant où il avait rempli ses objectifs initiaux de production. Sa vie était rongée par l’activisme politique, les drogues, un divorce, et (quand Candice Bergen finit par s’en aller) une quantité incroyable de femmes.
    Bert s’était impliqué dans la défense de Daniel Ellsberg, un ancien ministre adjoint de la Défense accusé d’avoir laissé filtrer les informations des « papiers du Pentagone », un rapport secret sur la guerre du Viêt Nam qui contenait des renseignements sur les crimes et la duplicité du gouvernement américain. Il rédigea aussi des chèques pour les Black Panthers et d’autres organisations politiques radicales dans lesquelles il jouait un rôle discret. Une rumeur persistante disait que l’on pouvait compter sur cette éminente personnalité de Hollywood, que sa maison était un refuge dans le réseau clandestin pour les fugitifs du Movement cherchant à échapper au harcèlement fédéral.
    Schneider fut particulièrement fier d’orchestrer une réédition des films de Charlie Chaplin et de financer un documentaire sur la carrière du réalisateur, Charlot, le gentleman vagabond. Cette campagne en faveur de Chaplin fut couronnée par le retour à Hollywood du roi de la comédie, qui reçut un Oscar d’honneur en 1972, soit vingt ans après avoir été ignoblement banni des États-Unis et mis sur liste noire pour son association avec la gauche libérale.
    Les seuls films auxquels Bert s’intéressait vraiment étaient désormais les documentaires. Il joua de son influence dans les coulisses de la réalisation du film Le Cœur et l’Esprit de Peter Davis, film qui (tout comme les « papiers du Pentagone ») exposait les mensonges et les erreurs de l’engagement américain au Viêt Nam. En 1975, l’année où Chinatown fut lui aussi récompensé, le sensationnel Le Cœur et l’Esprit remporta l’Oscar du meilleur documentaire, et sur la scène de la cérémonie, Bert Schneider lut un message adressé au peuple américain par le Gouvernement révolutionnaire provisoire du Viêt Nam du Sud.
    Mais quand Schneider faisait son

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