Jack Nicholson

son âge, de même que sa mère, et « l’expérience et le manque d’inhibition de Sandra ne laissaient la place à aucun doute ». Polanski était également accusé d’avoir fourni à la jeune fille de fortes doses de Quaalude, fait qu’il niait farouchement (une négation qui avait peu de poids étant donné que l’on avait découvert des comprimés sur lui lorsqu’il avait été arrêté).
    La position d’Anjelica, ambiguë, n’a jamais vraiment été clarifiée. Nicholson a toujours maintenu qu’elle n’avait pas compromis Polanski. Mais les charges retenues contre elles furent au bout du compte abandonnées. Et des soupçons naquirent dans l’esprit de Polanski (voire d’autres) qui pensait qu’elle avait conclu un honteux pacte avec la police en acceptant de révéler qu’elle l’avait vu sur la scène de ses prétendus crimes. « Je ne peux pas vraiment lui reprocher (à Anjelica) d’avoir accepté ce marché, écrit Polanski dans ses Mémoires, mais tout cela m’a laissé un goût légèrement amer. »
    Nicholson se hâta d’aller porter secours à ses deux amis. Il devint un véritable comité de défense du réalisateur à lui tout seul – en rassemblant ses amis et en faisant des déclarations publiques pour la défense de Polanski – et aida sa petite amie intermittente en lui apportant des conseils juridiques et un soutien émotionnel.
    Polanski traversa les différentes étapes du système judiciaire et les gros titres des journaux ne cessèrent d’évoquer son nom pendant des mois. La veille du jour où Polanski devait se rendre à la prison de Chino pour une évaluation psychiatrique, Nicholson, le critique Kenneth Tynan et Tony Richardson organisèrent un dîner de soutien au réalisateur. Nicholson continua d’épauler Polanski jusqu’au moment où, presque un an plus tard, en février 1978, le réalisateur décréta qu’il en avait assez de « la disgrâce et du harcèlement de la presse » et fuit le pays.
    Jusqu’à ce jour, Nicholson n’a jamais cessé de le soutenir, en refusant de s’étendre sur les problèmes soulevés par la séduction d’une jeune adolescente et en dénonçant le climat moral puritain (« La Majorité Morale était déterminée à le punir parce que sa femme avait été assassinée ») qui avait poussé Polanski à l’exil.
    Après cet épisode, Anjelica Huston, gravement traumatisée, retourna vivre avec O’Neal, et pendant une brève période laissa penser que son arrestation pour possession de cocaïne serait le facteur décisif qui jouerait en la défaveur de Nicholson. Mais Jack n’abandonnait pas si facilement, et il se trouve que cette sombre expérience allait en fin de compte les réunir.
    Au début de l’année 1978, Anjelica retourna chez Nicholson. Et le 15 avril 1978, l’artiste Andy Warhol nota dans l’un de ses journaux intimes que Nicholson et O’Neal avaient tous deux fait partie des invités de l’une de ses fabuleuses soirées et que « tout le monde avait essayé de maintenir Jack et Ryan à distance l’un de l’autre pour éviter qu’ils ne se voient », de crainte qu’une scène désagréable n’ait lieu.
    La colère que Nicholson manifestait en public à propos de l’arrestation de Polanski et d’Anjelica Huston était à la mesure de la paranoïa qu’il éprouvait en privé, de sa crainte d’être le suivant. Il savait parfaitement que la police de Los Angeles avait fait tout ce qui était en son pouvoir pour essayer d’établir des liens entre lui et le morceau de haschisch découvert dans sa commode, allant jusqu’à réclamer un mandat pour obtenir ses empreintes digitales.
    Bert Schneider avait été arrêté pour possession de cannabis au cours d’une soirée organisée pour fêter la sortie du Cœur et l’Esprit en 1975. Bientôt, en 1980, un autre ami proche, Robert Evans, allait être arrêté pour possession de cocaïne. Dans l’entourage de Jack, des gens avaient des antécédents de possession délictueuse et de trafic de drogue. Et l’acteur connaissait beaucoup de consommateurs de drogues douces et dures.
    Papa John Phillips était en train de devenir un pathétique junkie. Il en allait de même pour plusieurs autres personnes de la scène rock qui croisaient régulièrement le chemin de Nicholson.
    Certains vieux amis de Jack, dont les enfants avaient grandi et étaient désormais exposés à la menace de la drogue, lui reprochaient ses déclarations publiques vantant les