Jack Nicholson
associant De Niro et Nicholson.
D’autres offres alléchantes – qui s’ajoutèrent à The Big Brass Ring et Pirates – se présentèrent à lui. Mais Nicholson restait accroché à l’idée de Moon Trap. Peut-être Jack ne voyait-il pas Moon Trap comme un ultimatum, mais son obstination explique en partie les deux années qui ont séparé la sortie du Dernier Nabab de celle du film suivant de la star laborieuse la plus prolifique des années 1970.
Personne ne doutait de la valeur littéraire de Moon Trap. Ce western « mystique » (d’après Jack) de Don Berry traitant d’un ancien mountain man sortant de l’univers sauvage de l’Oregon et essayant d’apprivoiser les normes de la civilisation, était un texte dense et sombre regorgeant de scènes marquantes et de jargon de la Frontière. Publié en 1962 – soit deux années avant Drive, He Said – ce livre était proche de The Shooting et de L’Ouragan de la vengeance de par ses scènes de poursuites prolongées et sa fin violente, énigmatique et existentielle. Nicholson trimbalait le livre avec lui depuis des années, et y avait souligné des passages qui lui évoquaient Camus :
C’est trop tard pour les questions maintenant, et de toute façon, il n’y avait pas assez de réponses. L’ultime réponse est toujours la même : Absence. Néant. Vide.
Il se peut que l’une des sous-intrigues ait suscité un intérêt particulier chez Nicholson : de l’épouse shoshone de Johnson Monday naît un enfant illégitime. Monday ayant omis de demander un contrat de mariage, l’enfant est considéré comme illégitime. C’est ce point, plus que tout autre, qui alimente la violence de l’intrigue et qui symbolise le confit entre la loi naturelle et la loi écrite.
Nicholson aimait se décrire, lors des interviews, comme le co-auteur du script. Mais il se trouve qu’après plusieurs années de travail, tout ce qu’il avait réussi à rassembler était « cinq cents feuilles de papier couvertes de gribouillis qui ressemblaient à des hiéroglyphes », d’après une source proche de la production. « C’était très déconcertant – des pensées, des idées, quelques citations, des gribouillages et des notes au crayon. »
Le synopsis de Moon Trap fut confié, avec un exemplaire du livre, à un assistant qui fit de son mieux pour le taper à la machine. Puis on vit passer toute une succession de scénaristes. Pendant presque deux années, Nicholson ne travailla sur quasiment rien d’autre et fit de véritables numéros d’homme d’affaires – il orchestrait les recherches (il aimait embaucher des gens pour faire des recherches sans fin sur ses films), avait toujours au moins un combiné de téléphone à l’oreille, animait des discussions sur le script et organisait des réunions au studio.
Il n’y avait aucune raison de se presser, étant donné l’impasse dans laquelle se trouvait United Artists, mais dans le même temps Nicholson ne semblait pas avoir la volonté de se lancer et de se mettre vraiment au travail sur Moon Trap.
En ville, on murmurait que Jack prenait tellement de cocaïne et d’autres drogues que – comme son personnage dans Missouri Breaks – il était incapable d’aller au fond des choses. Au Goldwyn Studio de Santa Monica, plusieurs scénaristes quittèrent le bureau de Nicholson en secouant la tête, avant d’être pris à part par Harry Gittes, qui leur expliquait que Jack avait passé une mauvaise nuit.
Parmi les derniers scénaristes qui travaillèrent sur le film, il y avait Allan Sharpe, l’Australien qui avait écrit le très admiré western Fureur apache, ainsi que le film noir plein de suspense La Fugue, qu’Arthur Penn avait mis en scène juste avant Missouri Breaks. Dans le Montana, au moment du tournage de Missouri Breaks, Sharpe avait rencontré Nicholson, puis Gittes l’avait appelé pour lui demander s’il accepterait d’apporter quelques améliorations au script de Moon Trap . Sharpe avait lu le roman, qui lui avait plu, et avait accepté.
« J’ai trouvé les discussions sur le script très, très obscures, se souvient Sharpe. On aurait dit que Jack savait des choses que soit il n’avait pas besoin de me communiquer soit il ne pouvait communiquer parce qu’elles appartenaient au domaine de la prestation d’acteur, ou quelque chose comme ça. On a réussi à faire des scènes qui étaient plutôt pas mal, mais je n’arrivais pas à comprendre ce qu’il voulait que
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